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Les régions situées au-delà du cercle polaire arctique sont les plus affectées par les émissionsémissions polluantes. À la faveur des courants atmosphériques, l'Arctique a vu affluer au cours des dernières décennies une kyrielle de substances très toxiques (DDTDDT, PCB, pesticides organochlorés, etc.) en provenance d'Asie et d'Europe. Mais alors que l'impact de ces polluants organiques persistants (POPPOP) sur la santé des peuples autochtones, comme les Inuits, est désormais bien documenté, qu'en est-il de la faune sauvage de l'Arctique ? C'est ce qu'a voulu vérifier une équipe internationale, réunissant des chercheurs du Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC, CNRS, université de La Rochelle) et de l'Institut polaire norvégien, soutenus par l'Institut polaire Paul-Émile VictorPaul-Émile Victor, en prenant comme modèle d'étude la mouette tridactyle (Rissa tridactyla).
À proximité de la station scientifique norvégienne de Ny-Ålesund, située dans le nord de l'île du SpitzbergSpitzberg, les biologistes ont d'abord capturé, pendant la période de reproduction, 38 de ces oiseaux marins sur lesquels ils ont effectué une prise de sang. Ces prélèvements sanguins leur ont permis de « sexer » les volatiles et de mesurer la concentration en oxychlordane dans leur organisme. Cette moléculemolécule est la forme environnementale du chlordane, un pesticide organochloré faisant partie de ces fameux POP, particulièrement toxiques pour les animaux.
Cette étude est la première du genre à mettre en évidence, chez un animal sauvage, une relation significative entre un POP et la diminution de la longueur des télomères. © Pierre Blévin, CEBC-CNRS
L'oxychlordane réduit le taux de survie
Pour chaque mouette, l'équipe a également mesuré la longueur des télomèrestélomères. Régions hautement répétitives d'ADNADN situées à l'extrémité des chromosomeschromosomes, les télomères raccourcissent à chaque division cellulaire. Une attrition inexorable qui peut être accentuée par un large éventail de facteurs environnementaux, tels que le stressstress.
« L'influence des polluants sur la longueur des télomères étant en revanche très mal connue, notre étude visait à vérifier s'il existait une relation entre ce paramètre et le niveau d'exposition à l'un d'entre eux », précise OlivierOlivier Chastel, directeur de chercheur CNRS au CEBC et dernier auteur de l'étude.
Leurs analyses révèlent que des télomères plus courts sont observés chez les mouettes tridactyles les plus fortement contaminées par l'oxychlordane. Cette étude est la première du genre à mettre en évidence, chez un animal sauvage, une relation négative et significative entre un POP et la longueur des télomères. Cet effet pourrait expliquer le plus faible taux de survie précédemment rapporté par cette même équipe chez les mouettes tridactyles les plus exposées à l'oxychlordane. Les travaux que les scientifiques viennent de publier dans Science of the Total Environment semblent pour leur part attester d'une sensibilité accrue des femelles à ce pesticide organochloré.
Pour Olivier Chastel, cela n'a rien de très surprenant : « En période de reproduction, les femelles dépensent beaucoup plus d'énergieénergie que les mâles, notamment lors de la ponte, ce qui accentue d'autant plus leur sensibilité à ce type de contaminants qui a pour principal effet de diminuer la résistancerésistance des organismes qui y sont exposés ».