Depuis quelques jours, il est beaucoup question des PFAS. Notamment de ceux que l’on trouve dans les poêles et autres ustensiles de cuisine. Mais aujourd’hui, ce sont ceux qui se cachent dans les eaux qui coulent sur notre Planète que des chercheurs mettent en lumière. Et ils semblent bien plus nombreux que ce à quoi ils s’attendaient.
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Les PFAS. C'est par cet acronyme que les scientifiques appellent un groupe de substances, les substances per- et poly-fluoroalkyles. Un groupe de plus de 14 000 produits chimiques devenus presque incontournables depuis les années 1950 grâce à leurs caractéristiques d'un grand intérêt pratique. Ils peuvent en effet résister à la chaleurchaleur, à l'eau, à la graisse, aux taches. Et on en trouve aujourd'hui un peu partout. Dans les insecticides, dans les cosmétiques, dans les emballages et... dans les poêles antiadhésives. L'actualité récente autour d'une proposition de loi en débat à l'Assemblée nationale nous l'a rappelée. Le TéflonTéflon utilisé par Téfal pour fabriquer ses ustensiles est un PFAS.
Des produits chimiques éternels dans notre environnement… et notre corps
Ce qui encourage tout de même à la prudence concernant ces produits chimiques aux propriétés presque magiques, c'est qu'ils sont aussi « éternels ». Comprenez que, que ce soit dans l'environnement ou dans notre corps, ils ne se dégradent jamais. La crainte, c'est qu'ils puissent être à l'origine de dommages, aussi bien environnementaux que sanitaires. L'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS) a ainsi classé le PFAO comme cancérogène pour les humains. Au même titre que l'est l'amiante, par exemple. Toutefois, les scientifiques peinent toujours à démontrer que les PFAS, en général, sont réellement la cause d'un certain nombre de problèmes de santé auxquels ils semblent associés. Des taux de cholestérolcholestérol élevés, des maladies thyroïdiennes, des taux d'hormoneshormones sexuelles altérés, des cancers du foiecancers du foie et des reinsreins, une diminution de la réponse à la vaccinationvaccination, etc.
En attendant plus de précisions à ce sujet, la question que des chercheurs de l'université de Nouvelle-GallesGalles du Sud (Australie) se sont posée, c'est celle de la présence de PFAS dans notre eau. Dans la revue Nature Geoscience, ils détaillent comment ils ont analysé plus de 45 000 points de données répartis dans le monde entier et sur 20 ans. Et ils révèlent qu'une grande partie de nos sources d'eau sont contaminées. Elles dépassent les recommandations pour l'eau potable de 5 % au moins et parfois même jusqu'à 50 % !
L’utilisation des PFAS règlementée ?
Des recommandations sur les taux de PFAS ? Oui. Parce que même si la preuve des effets néfastes des PFAS n'est pas tout à fait établie, les risques et la nature éternelle de ces produits ont poussé les autorités de certains pays à adopter un principe de précautionprincipe de précaution en la matièrematière. En Australie, le PFAO ne doit pas apparaître à plus de 560 nanogrammes par litre. Aux États-Unis, ce seuil est de... 4 nanogrammes par litre. Au Canada, c'est la somme des 14 000 PFAS connus qui ne doit pas dépasser les 30 nanogrammes par litre.
Or les travaux des chercheurs de l'université de Nouvelle-Galles du Sud montrent que près de 70 % des eaux souterraines du monde sans source de contaminationcontamination connue dépassent les critères établis par le Canada en matière d'eau potable, tandis que 32 % des mêmes échantillons dépassent l'indice de défini pour l'eau potable par les États-Unis.
L’eau potable contaminée par les PFAS ?
Les chercheurs soulignent toutefois que leurs résultats portent sur les sources d'eau et non sur l'eau potable en elle-même. Car l'eau qui coule de nos robinets subit des traitements qui permettent de réduire la quantité de produits chimiques qu'elle contient. Et en particulier, la quantité de PFAS. « L'eau potable est en grande partie saine et je n'hésite pas à la boire, assure Denis O'Carroll, un chercheur qui a pris part à l'étude. Je ne dis pas non plus que l'eau en bouteille est meilleure, car cela ne veut pas dire qu'ils ont fait quelque chose de différent de ce qui sort du robinet. Mais je pense certainement qu'il vaut la peine de surveiller les niveaux de PFAS et de rendre les données facilement disponibles ».
La présence des polluants éternels explosent aussi dans les fruits et légumes. Décryptage avec Adèle Ndjaki dans Futura Récap. © Futura
Car les chercheurs en sont désormais convaincus. Les produits comme les vêtements ou les emballages alimentaires contiennent beaucoup plus de produits chimiques éternels qu'ils le pensaient. Et cela signifie que « nous sous-estimons probablement le problème posé par les PFAS ».
La prudence en attendant de nouveaux résultats
D'ici 2026, l'équipe de l'université de Nouvelle-Galles du Sud prévoit de publier des études qui expliquent comment les PFAS s'associent à différentes parties de l'environnement et de notre corps comme les protéinesprotéines, par exemple. En attendant, ils appellent les fabricants et les consommateurs à se montrer prudents et à faire preuve de « diligence raisonnable » lorsqu'ils utilisent des produits contenant des PFAS. « Nous fabriquons et distribuons beaucoup de produits chimiques sans avoir une évaluation complète de leurs impacts potentiels sur la santé, disent-ils. Ce n'est pas parce que certains de ces produits chimiques sont disponibles que nous devons les utiliser ».