Des particules de fibres de verre à des niveaux inquiétants ont été détectées dans les parties molles d'huîtres et de moules collectées dans des populations naturelles d'un port de plaisance du sud de l'Angleterre. Une preuve d'ingestion qui soulève de sérieuses questions aussi bien en matière d'environnement que de santé.
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Alors qu'au printemps dernier une sérieuse étude soutenue par la recherche médicale américaine et réalisée par des chercheurs du département de biologie du Dartmouth College, aux États-Unis, avait révélé la présence de pas moins de 26 variétés de PFAS (polluants éternels) dans du thon en conserve, de l'églefin, du saumon et des crevettes, c'est au tour des huîtres et des moules d'être dans le viseur. Les mollusques vivent pourtant leur pleine saison à cette époque estivale en France. Les huîtres sont charnues tandis que les moules de Bouchot ont atteint leur apogéeapogée gustatifgustatif.
Seulement voilà... Des chercheurs de l'université de Brighton et de l'université de Portsmouth ont détecté des niveaux inquiétants de fibres de verre dans une sélection d'huîtres et de moules prélevées dans le port de Chichester, en Angleterre, entre décembre 2018 et mai 2019. Cette zone, située non loin de Portsmouth, est aussi celle d'un chantier naval situé en aval. Et c'est là tout le problème.
D'importantes particules de fibres de verre détectées et des microplastiques
Après analyse des bivalves, les chercheurs britanniques ont découvert que les huîtres contenaient jusqu'à 11 220 particules de fibres de verre par kilo, et les moules, 2 740 particules par kilo. Le maximum était atteint lorsque de nombreux bateaux étaient en fait en réparation. Et il faut savoir que près de 80 % des coques de bateaux de moins de 65 pieds de long (20 mètres) sont construits en fibres de verre, d'après ces recherches publiées dans la revue Journal of Hazardous Materials. Dans un communiqué, les auteurs sont clairs : « la fibre de verre, largement utilisée dans la fabrication des bateaux, se dégrade et contamine les eaux côtières. Ce matériaumatériau, autrefois considéré comme durable et bénéfique, cause aujourd'hui des dommages inattendus à la vie marine ».
Et ce n'est pas tout. Les scientifiques ont aussi trouvé des microplastiques dans cet échantillon d'huîtres et de moules. « L'ingestioningestion de GRP (microplastiquesmicroplastiques, ndlr) peut perturber leur système digestif, entraînant un stressstress physiologique, voire la mort. Cela affecte non seulement la vie marine, mais pourrait également avoir des conséquences importantes sur la santé humaine, étant donné que ces bivalves finissent souvent dans nos assiettes », expliquent les auteurs.
Une double problématique
La problématique est double puisqu'elle est d'une part écologique. « ll s'agit d'un problème mondial, en particulier pour les nations insulaires qui disposent de peu d'espace pour leurs décharges. Des efforts sont déployés pour trouver des solutions viables d'élimination, mais il faut faire davantage pour empêcher le déversement en mer et l'incinération à terreterre », indique le professeur Fay Couceiro de l'université de Portsmouth.
Et le problème est médical aussi. En mars dernier, des recherches publiées dans la revue New England Journal of Medecine indiquaient que les malades dont les tissus de l'artèreartère carotide contenaient des microplastiques ou des nanoplastiques étaient deux fois plus susceptibles d'être victimes d'une crise cardiaque ou d'un accident vasculaire cérébral.
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