L’arsenic est naturellement présent dans le sol dans certains endroits mais une grande partie provient d’anciens sites industriels. Or, une exposition prolongée à l’arsenic présente des risques pour la santé. Êtes-vous concerné et comment se protéger ?
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Un cinquième du territoire métropolitain (hors Corse) présente « des teneurs de contaminationcontamination diffuse par l'arsenicarsenic supérieures aux valeurs ordinaires ». C'est le constat préoccupant dressé par le Commissariat général au développement durable (CGDD) dans un rapport paru en décembre. Pour ces endroits, la teneur en arsenic dans le sol s'élève à plus de 25 mg/kgkg de terre fine, et dans certaines zones, on atteint même 412 mg/kg, montre la cartographie établie par le CGDD.
Les teneurs les plus élevées s'observent dans le nord-est de la France et dans le Massif central, ce dernier comptant huit points chauds où la teneur en arsenic est particulièrement élevée. À l'inverse, les territoires constitués de sols sableux acidesacides (Landes, Sologne, nord des Vosges) affichent les teneurs les plus basses. « Ces sols, issus de matériaux géologiques avec de faibles teneurs naturelles en arsenic, possèdent par ailleurs une faible capacité à fixer l'arsenic sur leurs particules organiques ou minérales adsorptionadsorption] », explique l'étude.
Une mauvaise gestion des sites industriels
Si une grande partie de la contamination s'explique par la nature des roches, l'arsenic provient également de pollutions industrielles. « La part des sites pollués par l'arsenic représente un peu plus de 10 % des 9.527 sites pollués ou potentiellement pollués par une activité actuelle ou ancienne », relève le CGDD. Cette pollution résulte d'accidentsaccidents (manutention, transport), de mauvaises pratiques de stockage (déchets, effluents) ou de confinements (produits toxiques ou dangereux). « Initialement localisée, elle peut s'étendre sous l'effet de la dispersion par l'airair ou par les eaux percolant dans le sol, s’infiltrer dans le sous-sol et atteindre les nappes souterraines », alerte le CGDD. Les activités en cause sont variées : l'arsenic peut provenir de dérivés minérauxminéraux (arséniate de plombplomb, de calciumcalcium, etc...) utilisés comme pesticides dans la viticulture et en arboriculture jusque dans les années 2000, impuretés dans certains engrais minéraux ou anciennes mines.
Arsenic : les risques pour la santé
Cette contamination n'est pas anodine : « Une exposition prolongée à l'arsenic est susceptible de provoquer des cancers, des lésions cutanées et serait aussi responsable de maladies cardiovasculairesmaladies cardiovasculaires, de diabètediabète, et de troubles du développement cognitif de l'enfant », souligne le CGDD. L'arsenic est le plus souvent ingéré par l'eau de boisson contaminée et les aliments (notamment le poissonpoisson, les mollusquesmollusques, les crustacéscrustacés, ou le riz). En France, la concentration maximale admissible de l'arsenic dans les eaux destinées à la consommation humaine est ainsi fixée à 10 µg/L.
Le saviez-vous ?
Comment limiter son exposition à l’arsenic ?
Si vous habitez dans une zone contaminée, il est recommandé :
- de ne pas se ronger les ongles et de les couper court ;
- de se laver les mains souvent et systématiquement avant les repas ;
- d’éviter de consommer les légumes produits localement, en particulier les légumes avec des feuilles (choux, épinards, poireaux, salades…) même lavés ;
- d’utiliser de l’eau du robinet (dont la teneur en arsenic est contrôlée) ou en bouteille pour la boisson ou la préparation des aliments ;
- de ne pas utiliser d’eau locale d’où qu’elle vienne (puits, cours d’eau, étang) ;
- de retirer ses chaussures et les vêtements qui ont été en contact avec le sol en entrant chez soi ;
- de nettoyer souvent le sol du logement, les balcons, les terrasses et les rebords de fenêtre, de préférence avec un linge humide (le balai ou l’aspirateur dispersent les particules).
La pollution au mercure
Outre la pollution à l'arsenic, le CGDD se penche aussi sur le mercure, un métalmétal lourd utilisé dans l'industrie et que l'on retrouve dans certains effluents industriels. « Particulièrement volatil, le mercuremercure émis lors de combustionscombustions (déchets contaminés, combustiblescombustibles fossilesfossiles) peut contaminer les sols et l'environnement par retombées atmosphériques », met en garde l'étude. On observe ainsi des « points chauds » encore dans le Massif central liés à d'anciennes activités d'extraction aurifère et à la présence de roches volcaniquesroches volcaniques ; dans le Nord, liés à l'industrie métallurgique ; et autour de Paris, correspondant à l'apport de boues d’épandage en provenance d'une ancienne station d'épuration dans les 1970 et 1980.
Inutile de paniquer pour autant. L'arsenic n'est pas nécessairement dangereux : seul celui dit bioaccessible (pouvant être absorbé par le corps humain) présente un risque pour la santé. Cette bioaccessibilité dépend du type d'arsenic et de la composition de la terre.