Le silure n’en finit plus d’étonner les chercheurs. Connu pour sa taille qui fait de lui le plus gros poisson de nos eaux douces, il a aussi défrayé la chronique par ses comportements alimentaires surprenants, comme sa technique « d’échouage » pour capturer des pigeons sur la berge. Aujourd’hui ce sont ses comportements sociaux complexes qui intéressent les scientifiques.
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Le silure est un poisson du groupe des siluriformes, les « poissons-chats », un groupe très vaste comprenant plus de 3.000 espèces présentes sur tous les continents, sauf l'Antarctique. En France, ce groupe est seulement représenté par le poisson-chat Ameiurus melas, une espèce introduite originaire d'Amérique du Nord, et par le silure glane (Silurus glanis).
Moins « exotiqueexotique » que son cousin d'Amérique du Nord, le silure glane est autochtone - présent naturellement - en Ukraine, Russie, Hongrie, Roumanie, Croatie... Jusqu'au Moyen Âge, il a existé aussi des populations autochtones de silures plus proches de nous, en Belgique, Pays-Bas, Suède, Suisse, Allemagne et peut-être en France dans le Rhin, mais le petit âge glaciaire a fait diminuer, voire disparaître nombre d'entre elles. C'est tout le paradoxe du silure dont les populations naturelles sont en régression tandis qu'il étend son territoire vers l'ouest et le sud de l'Europe.
L'Europe de l'Est a servi de refuge glaciaire et c'est de là que sont issus les silures introduits en France, dans un affluent de la Saône, à la fin des années 1960. D'autres introductions ont suivi et le silure est aujourd'hui présent dans tous les grands cours d'eau de notre territoire.
Sa colonisation rapide des différents milieux d'eau douce et sa grande taille ont fait craindre qu'il ne nuise aux autres espèces de poissons, mais les nombreuses études scientifiques sur ce sujet n'ont pas montré d'impact du silure sur la biodiversité des cours d’eau où il est présent. Seule sa prédation sur les espèces migratrices, notamment au niveau des barrages, reste encore à l'étude. Son extension rapide s'explique notamment par sa remarquable faculté d'adaptation au milieu, notamment la grande plasticitéplasticité de son régime alimentaire.
Les choix alimentaires du silure
Certains silures se spécialisent en effet sur un type de proies - coquillages ou écrevissesécrevisses, par exemple - tandis que d'autres sont plus variés dans leurs choix alimentaires. Le meilleur exemple étant la prédation spectaculaire de certains silures sur des proies terrestres comme le pigeon.
Le silure : poisson solitaire ou grégaire ?
Autre particularité, alors que l'on a longtemps cru le silure plutôt solitaire, la découverte de grands rassemblements de silures en une massemasse compacte de poissons en mouvementmouvement formant une boule de plusieurs mètres de diamètre pour plus d'une tonne (soit la plus importante masse de poissons d’eau douce réunis jamais décrite au monde) laisse penser qu'au contraire, les silures seraient plutôt grégairesgrégaires. Ils entretiendraient des liens étroits entre eux : reconnaissance entre individus, hiérarchie du groupe autour des plus gros poissons, échanges d'informations...
Le phénomène des rassemblements de silures. © Rémi Masson, Vimeo
On savait déjà le silure très sensible à son environnement : odeurs, bruits, goût, mouvements d'eau, mais aussi champs électriqueschamps électriques... Mais la découverte récente que ces poissons émettent sous l'eau différents types de sons pour communiquer entre eux ouvre une nouvelle voie de recherche qui permettra peut-être d'en savoir plus sur leur vie sociale, notamment la nature des échanges entre individus au sein du groupe.
Pour en savoir plus sur le silure
Un nouveau livre « L'Homme silure »: Restes fossilesfossiles retrouvés en France, répartition actuelle, alimentation, croissance, taille, longévité, reproduction, comportement sous l'eau, albinismealbinisme, malformationsmalformations, immenses rassemblements, communication par émissionémission de sons, légendes... Le silure n'aura plus de secrets pour vous !