Des chercheurs ont quantifié, pour la première fois, le phénomène de fonte du pergélisol en Sibérie. Un drame qui libère chaque année des milliers de tonnes de CO2 dans l'atmosphère et contribue à faire grandir un immense gouffre au surnom prémonitoire de « porte des enfers ».
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Le cratère de Batagaï, situé dans les hautes terres de Yana en Sibérie du Nord-Est, progresse dangereusement, alertent les scientifiques dans une étude parue dans la revue Geomorphology. D'après eux, cet énorme cratère, que certains surnomment la « porteporte des enfers », s'agrandit d'un million de mètres cubes chaque année à cause de la fontefonte du pergélisol sibérien.
Une croissance infernale
Aux dernières nouvelles, en 2023, ce gigantesque gouffre couvrait 87,6 hectares et mesurait 990 mètres de long, en augmentation de 200 mètres par rapport à 2014. Sa croissance, infernale, est mesurée à environ 12 mètres par an. Chaque année, environ un million de mètres cubes de pergélisol sont déplacés, composés d'un tiers de sédiments et de deux tiers de glace fondue. Un phénomène inquiétant qui libère annuellement 4 000 à 5 000 tonnes de carbone organique auparavant piégé, estiment pour la première fois les scientifiques.
Depuis sa formation dans les années 1970, le gouffre de Batagaï s'est agrandi d'environ 34,7 millions de mètres cubes. Au total, ce sont 169 500 tonnes de carbonecarbone organique qui ont été libérées dans l'atmosphère.
La porte des enfers, un site majeur d'étude du réchauffement climatique
Les images satellitaires à haute résolutionrésolution, les relevés par drones, les modèles géologiques et les mesures de terrain ont permis aux chercheurs de cartographier l'évolution du cratère et de quantifier les volumesvolumes de matériaux mobilisés. L'augmentation des températures au niveau du cratère de Batagaï illustre les impacts directs du réchauffement climatique sur les régions arctiquesarctiques et subarctiques, et contribue à accélérer le réchauffement climatique.
Autant d'éléments qui font de la porte des enfers un site clé pour étudier les mécanismes de dégradation rapide du pergélisol et en évaluer les impacts environnementaux à long terme. Si la dangereuse progression de ce gouffre n'est pas une nouvelle pour les scientifiques, c'est la première fois qu'ils sont en mesure de quantifier cette expansion. Une expansion également responsable de découvertes plus insolites puisque, tous les ans, le cratère de Batagaï recrache, pour le plus grand bonheur des paléontologues, des ossements préhistoriques en excellent état.