Figure bien connue des Français, aussi bien pour ses travaux sur l'origine de l'Homme avec la découverte de Lucy que pour sa passion pour les mammouths, le paléoanthropologue Yves Coppens vient de décéder. Peut-être discute-t-il actuellement de la noosphère avec d'autres légendes disparues comme Haroun Tazieff ou encore avec celui qui aurait pu être un de ses prédécesseurs au Collège de France et dont il admirait le travail scientifique, le paléontologue, géologue et philosophe Teilhard de Chardin.
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Pour deux générations de Français nés après la Seconde Guerre mondiale, il existait une poignée d'icônesicônes de la Science qui étaient aussi des « saventuriers » à divers degrés. Alors que les souvenirs de Jacques-Yves CousteauJacques-Yves Cousteau, malgré le Cousteau Day, et d'Haroun Tazieff, se sont largement estompés dans le paysage médiatique au point qu'ils sont peut-être quasiment inconnus d'une large part de la génération des milléniaux, il restait encore parmi ces icônes le paléoanthropologue Yves Coppens.
Célèbre pour ses travaux sur l'origine de l'Homme et co-découvreur avec Donald Johanson et Maurice Taïeb de l'Australopithecus afarensis nommé Lucy le 24 novembre 1974 sur le site de Hadar, en Éthiopie, sur les bords de la rivière Awash, c'est par son éditrice, Odile Jacob, que l'on a appris ce mercredi 22 juin 2022 qu'il était décédé le matin à l'âge de 87 ans. La nouvelle touche particulièrement Futura puisqu'il était l'un de nos parrains, avec d'autres hélas disparus, comme Pierre-Gilles de Gennes et Axel Khan.
Rappelons qu'au moment de sa découverte, LucyLucy était le plus ancien et le plus complet squelette fossile de l'espèce éteinte AustralopithecusAustralopithecus afarensis connu car on l'avait retrouvé dans des terrains âgés d'environ 3,18 millions d'années. Possédant des caractéristiques montrant qu'elle pouvait être bipède de son vivant, Lucy a longtemps été considérée comme la représentante d'une espèce à l'origine de la lignée humaine, ce qui avait donc fortement contribué à la notoriété de ses découvreurs et par conséquent d'Yves CoppensYves Coppens. Mais, aujourd'hui, la majorité des chercheurs estiment que la branche des Australopithecus afarensis n'est pas celle qui a donné naissance au genre Homo.
Les découvertes paléoanthropologiques des décennies suivantes ont aussi jeté un doute sur la théorie de l'East Side Story proposée par Yves Coppens. Il expliquait de façon très plausible l'acquisition de la bipédie par les hominines par les effets combinés du hasard et de la nécessité, en l'occurrence par le fait qu'une partie des hominines aurait été obligée de se relever pour voir au loin en réponse à la transformation de forêts en savanes suite à un changement climatiquechangement climatique local provoqué par la naissance du Grand Rift africain. Il s'agissait de voir au loin pour trouver de la nourriture ou identifier de façon précoce l'approche de prédateurs. On trouvera plus de détails et les raisons pour lesquelles cette théorie est aujourd'hui plutôt abandonnée sur le site de Hominidés.com.
Toujours est-il que les multiples contributions d'Yves Coppens lui ont permis de faire une carrière au plus haut niveau, d'abord à la Sorbonne (Laboratoire de Paléontologie des VertébrésVertébrés et de Paléontologie humaine, 1956), puis au Muséum national d'Histoire naturelleMuséum national d'Histoire naturelle, au Musée de l'Homme et enfin au Collège de France (Chaire de PaléoanthropologiePaléoanthropologie et de Préhistoire, 1983).
On prend la mesure de son influence aussi bien comme scientifique que comme vulgarisateur avec quelques hommages sur l'une des manifestations de la noosphère de Teilhard de Chardin.
Visioconférence du lundi 15 février 2021, avec le paléontologue Yves Coppens. La recherche sur les origines de l’Homme remonte au XIXe siècle ; des restes d’Hommes fossiles ont été découverts en Europe, puis en Asie et finalement en Afrique. L’origine de l’Homme a été ainsi promenée d’un continent à l’autre jusqu’à sa fixation en Afrique tropicale. Soixante années de recherches internationales dans cette région ont permis de dessiner un arbre phylogénétique de l’Homme depuis environ 10 millions d’années, avec un grand nombre de ses branches. © MNHN, 2021