Des tombes regroupant 10 cadavres de Vikings avaient été retrouvées dans le nord de la Norvège dans les années 1980, parmi lesquels 4 étaient décapités. On les a longtemps soupçonnés d’être des esclaves sacrifiés. Une étude semble désormais l’attester.

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    Durant la première moitié du Moyen Âge, entre l'an 800 et 1100, l'Europe a tremblé à cause d'une menace terrible venant du nord : les Vikings. Ces Scandinaves aventureux avaient la réputation d'être de féroces guerriers, forts et hargneux, violents et sans pitié, pillant les villages et ramenant avec eux des esclaves. Ces prisonniers leur étaient utiles en dehors des périodes de conflit, car ces Hommes du nord vivaient de l'agriculture. Certains étaient bien traités, d'autres beaucoup moins et devaient effectuer des tâches physiquement difficiles dans les champs. Quant aux femmes, elles étaient soumises à la volonté sexuelle de leur maître.

    Une vie souvent peu enviable, qui pouvait même être abrégée... En effet, entre 1980 et 1983, au nord-ouest de la Norvège, sur l'île Flakstad, dans l'archipel des Lofoten, 10 cadavres datés de l'époque des VikingsVikings ont été exhumés, répartis dans 6 tombes. Trois d'entre elles ne comportaient qu'un corps, deux étaient doubles, et la dernière contenait trois squelettes. Quatre de ces cadavres avaient été décapités. À l'époque, les archéologues avaient émis l'hypothèse que ces corps regroupés et séparés de leur tête devaient être ceux d'esclaves, enterrés avec leur maître en guise d'offrande aux dieux de la mythologie nordique. Mais comment le prouver ?

    Elise Naumann, de l'université d’Oslo, accompagnée de trois collègues, viennent d'apporter des éléments qui accréditent cette supposition. Car bien des siècles après les faits, l'ADN et la radioactivité ont parlé.

    Des esclaves décapités pour aller au Valhalla

    Comme expliqué dans le Journal of Archaeological Science, les auteurs ont procédé à deux analyses. D'abord, de l'ADN mitochondrial (ADNmt), qui se transmet de la mère à ses enfants, a été récupéré sur les corps. Les résultats suggèrent que les individus regroupés dans les mêmes tombes n'étaient pas apparentés, ce qui laisse présager qu'ils n'étaient pas membres d'une même famille.

    Les Vikings traversaient les océans à l'aide de navires étroits, que l’on appelle communément drakkars. Ils pouvaient ainsi remonter les fleuves, perpétrer des pillages loin dans les terres, et ramener de leurs excursions des esclaves. © Henribergius, Flickr, cc by sa 2.0

    Les Vikings traversaient les océans à l'aide de navires étroits, que l’on appelle communément drakkars. Ils pouvaient ainsi remonter les fleuves, perpétrer des pillages loin dans les terres, et ramener de leurs excursions des esclaves. © Henribergius, Flickr, cc by sa 2.0

    Mais surtout, l'étude des isotopesisotopes radioactifs (carbonecarbone 13 et azoteazote 15) rentrant dans la composition des os donne un éclairage nouveau sur la situation. En effet, leurs ratios renseignent sur le régime alimentaire : les scientifiques arrivent à différencier les piscivorespiscivores des carnivores. Il s'avère que les cadavres décapités portent les traces d'une alimentation riche en poissons, tandis que les autres corps, qui possédaient toute leur tête - façon de parler -, préféraient se nourrir de bétail ou de leurs dérivés.

    Les auteurs supposent donc que ces deux populations n'occupaient pas les mêmes rangs au sein de la société viking de l'époque. Ils apportent alors de nouveaux éléments confirmant l'hypothèse que ces corps étêtés appartenaient à des hommes ou des femmes réduits à l'état de servitude, et tués pour l'occasion, afin d'accompagner leur maître au Valhalla, le paradis des grands guerriers selon la mythologie scandinave.

    Des sacrifices humains subis ou choisis ?

    Bien que les archéologues pensent que les sacrifices humains étaient une pratique rare chez les Vikings, d'autres fouilles laissent entendre qu'ils pouvaient exister. Des corps pieds et poings liés, ou ayant subi les affres d'un rituel violent ont été retrouvés.

    Mais sacrifice subi ou voulu ? La question se pose encore. Car un voyageur arabe de l'époque, Ibn Fadlan, a raconté dans ses écrits avoir vu une femme choisir elle-même d'accompagner son défunt maître dans l'au-delà...