Le Kraken est un animal de légende depuis des siècles. Mais derrière le mythe se cache une créature de chair et de sang, habitant les profondeurs abyssales des océans.
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Le calmar géant, ou Architeuthis dux, pourrait bien être à l'origine de plus d'un récit de marin passé à la postérité. Atteignant des dimensions que l'on pourrait légitimement qualifier de légendaires, cette créature vit en dessous de 500 mètres de profondeur, ce qui rend son observation compliquée. La plupart des données dont nous disposons actuellement sont issues de carcasses remontées à la surface, et de l'intérieur des entrailles de cachalots échoués.
Un géant des profondeurs
Les cas d'observation documentés scientifiquement suggèrent que les calmars géants mâles atteindraient 10 mètres de long, tandis que les femelles pourraient mesurer jusqu'à 13 mètres pour un total de 275 kilogrammeskilogrammes ! Le manteaumanteau, c'est-à-dire la partie enveloppant les viscères de l'animal et s'arrêtant au-dessus des yeuxyeux, mesurerait à lui seul 2,25 mètres de long chez les plus grands spécimens !
Le calmar géant, l'étonnante créature derrière le mythe du Kraken
Article de Bruno ScalaBruno Scala, publié le 14 juillet 2011
Un scénario stupéfiant vient d'être proposé pour expliquer la mort d'une dizaine d'ichtyosaures, dont les ossements ont été retrouvés regroupés en 1928 dans le Nevada. Aucune hypothèse n'avait jusqu'à présent tenu la route. Un céphalopode géant, artiste à ses heures, serait le responsable...
Au début du XXe siècle, les ossements d'une dizaine d'ichtyosaures - grands reptiles marins du Mésozoïque - étaient retrouvés dans l'État du Nevada. Depuis, de nombreux scénarios ont été imaginés par les paléontologuespaléontologues qui cherchent à savoir comment tous ces individus sont arrivés là. Le 10 octobre, lors du congrès annuel de la Geological Society of America, Mark McMenamin du Mount Holyoke College, a proposé une hypothèse rocambolesque, entre science et fiction.
Ces ichtyosaures, plus précisément des Shonisaurus popularis, ont été découverts en 1928 par Siemon Muller, chercheur à l'université de Stanford et datent d'environ 228 millions d'années. À cette époque, un bras de mer recouvrait la région de Berlin, petite ville située à une centaine de kilomètres de Reno, la capitale de l'État.
Preuves et interprétations
Quels sont les faits ? Les ichtyosaures retrouvés mesuraient jusqu’à 14 mètres de long. Les ossements étaient assez hétérogènes : certains en très bon état, d'autres davantage dégradés, ce qui fait penser à Mark Mcmenamin que les différents individus ne sont pas morts en même temps.
Les sédimentssédiments recouvrant les squelettes montrent que les ichtyosaures sont morts dans l'eau, à une profondeur d'environ 200 mètres. C'est pour cette raison que le scientifique américain suggère que tous les ossements ne se sont pas retrouvés au même endroit par hasard.
En outre, ces ossements n'étaient pas tous disposés de façon naturelle : les vertèbres ne respectaient pas toutes l'ordre qu'elles ont normalement dans la colonne vertébralecolonne vertébrale. Selon Mark McMenamin, cela indique que certains de ces os ont été déplacés, probablement par un animal.
Un scénario digne de Jules Verne
Enfin, les shonisaures se nourrissaient entre autres de céphalopodes. Ce qui veut dire que ces deux animaux occupaient sensiblement les mêmes habitats et qu'ils étaient amenés à interagir.
À partir de tous ces faits, voilà le scénario rocambolesque que Mark McMenamin a imaginé. Un céphalopode géant - environ 30 mètres - qu'il nomme Kraken, créature sortie des légendes scandinaves, aurait tué les ichtyosaures et les aurait stockés dans son garde-manger, comme le font les céphalopodes actuels avec leurs proies.
Autoportrait à la vertèbre cassée
Mais pourquoi les ossements auraient-ils été déplacés, réarrangés ? Parce que, selon l'hypothèse, le Kraken - probablement un des invertébrésinvertébrés les plus intelligents qui n'aient jamais existé - avait des capacités... artistiques ! Il aurait placé chacune des vertèbres, qui ressemblent à s'y méprendre à des ventouses, de façon à ce que l'ensemble fasse penser à un tentacule. Un autoportrait, en somme !
Certes, l'hypothèse est audacieuse. Mais les céphalopodes sont bien connus pour posséder une intelligenceintelligence hors norme. Ils ont la capacité de résoudre des problèmes, de se cacher à l'aide de coquillecoquille, certains peuvent communiquer, etc.
Bien sûr, ce scénario ne fait pas l'unanimité au sein de la communauté des paléontologues, surtout sa composante artistique. Néanmoins il semble être le seul à correspondre intégralement avec les faits. Comme le disent les partisans de la réfutabilité emmenés par Karl Popper, plus une hypothèse est audacieuse, plus elle est forte et fait avancer la science.