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Première reconstitution 3D d’une salamandre géante, Metoposaurus algarvensis. © Marc Boulay
Au cours de fouilles menées en 2010 et 2011 en Algarve, au sud du Portugal, une équipe de paléontologuespaléontologues composée de chercheurs britanniques (muséum d'Édimbourg, université de Birmingham), portugais (musée de Lourinha) et français (Centre de recherches en paléobiodiversité et paléoenvironnements, CNRS, Muséum national d'Histoire naturelleMuséum national d'Histoire naturelle, UPMC) a mis au jour un ensemble d'os fossiles, décrits comme appartenant à une nouvelle espèce de « salamandre géante ». Seuls quelques mètres carrés ont été prospectés, mais ils ont livré les ossements d'une dizaine d'individus, empilés les uns sur les autres. Des vertèbres, des claviculesclavicules, mais surtout des crânescrânes plats très bien préservés.
Leur description minutieuse a permis de conclure qu'il s'agissait d'une nouvelle espèce. Metoposaurus algarvensis, le « monstre écailleuxécailleux de l'Algarve », ainsi que l'ont surnommé les chercheurs, était un carnassier mesurant jusqu'à 3 mètres de long qui vivait dans les cours d'eau et les lacs subtropicaux, à l'image des crocodiles actuels.
Fragments de crânes plats de Metoposaurus algarvensis (entiers, ils mesurent jusqu’à 40 cm de long). De retour au musée de Lourinha, à côté de Lisbonne, les plâtres sont ouverts et les fossiles minutieusement dégagés de leur gangue rocheuse. © J. S. Steyer
L'amphibien géant reconstitué en 3D
La présence de cette nouvelle espèce au Portugal fait enfin le lien entre les amphibiens géants de ce type déjà connus à la même époque au nord (Allemagne et Pologne) et au sud (Maroc). Elle confirme le fait que ces « monstres » avaient envahi tous les écosystèmes d'eau douce tropicaux du supercontinentsupercontinent de l'époque, la Pangée, sur lequel s'épanouissaient aussi les premiers dinosaures.
Cette nouvelle description a également permis, en collaboration avec le sculpteur numériquenumérique Marc Boulay, spécialisé dans la reconstitution d'espèces disparues, de représenter pour la première fois en 3D l'un de ces amphibiens géants. En plus des informations apportées par les crânes, les vertèbres et la ceinture pectorale (clavicule...) de l'espèce portugaise, l'artiste s'est aidé des squelettes plus complets des espèces marocaine et polonaise.
Enfin, l'accumulation des fossiles dans la roche suggère que ces animaux sont morts subitement en massemasse, après un assèchement du climatclimat et du milieu aquatique dans lequel ils vivaient. Cette hécatombe pose une nouvelle question aux paléontologues : l'assèchement était-il saisonnier ou le fruit d'un réchauffement climatique global ? Pour y répondre, de nouvelles études de terrain seront nécessaires. L'étude a été publiée le 24 mars 2015 dans la revue Journal of Vertebrate Paleontology.