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Jusqu'à 34 œufs ont été retrouvés au sein d'une même portée de Massospondylus (barre d'échelle : 5 cm). © Reisz et al. 2012, Pnas
Record battu de près de 100 millions d'années. C'est en Afrique du Sud que le plus vieux site de nidification a été déterré au sein de couches géologiques du début du Jurassique. Datant d'environ 190 millions d'années, il était occupé par un prosauropode du genre Massospondylus et fournit de nombreuses indications sur le mode de vie de ces dinosaures.
C'est en 1976 que les premiers indices de ce site avaient été excavés, dans le sol déblayé lors de la constructionconstruction d'une route, en Afrique du Sud. Mais sa position stratigraphique exacte, et donc son âge, n'avait pu être déterminée de façon précise. À partir de 2006, des recherches ont été entamées pour résoudre l'énigme : un site de nidification a finalement été découvert dans les strates du Jurassique, à Rooidraai, à l'est du Cap.
Reconstitution d'une scène datant de 190 millions d'années, sur un site de nidification de Massospondylus. © Julius Csotonyi
Jusqu'à 34 œufs dans la même portée chez les Massospondylus
Avant cela, les plus vieux sites de nidification jamais découverts appartenaient à des sauropodes titanosauridés et des hadrosauridés, datant d'environ 90 millions d'années. Mais cette découverte ne bat pas que ce record... En effet, les sites ne contenaient pas que des œufs - dont les plus grosses portées atteignaient 34 unités - et des embryonsembryons. Il y avait également de toutes petites empreintes de membres antérieurs et postérieurs correspondant à des dinosaures juvéniles, qui étaient donc quadrupèdes, contrairement à leurs parents. Ainsi, il s'agit également des plus vieilles preuves de comportements postnataux.
Un embryon de Massospondylus. Seule la tête sort de l'œuf. © D. Scott
Car le but n'est pas d'établir des records, mais bien de comprendre la biologie de ces êtres vivants. Et en l'occurrence, ce site y aide beaucoup, en particulier concernant les stratégies de reproduction des Massospondylus. Ainsi, les petites empreintes de pas mesuraient environ 15 mm, soit deux fois plus que celles d'un individu à la sortie de l'œuf (à peu près 7 mm). Les jeunes restaient donc à proximité du nid pendant toute cette période de croissance.
Grâce à la disposition des nids, et parce que certains ont été trouvés au niveau de différentes strates, les chercheurs ont d'abord pu déduire que ces dinosauresdinosaures étaient fidèles à leurs sites et qu'ils y revenaient régulièrement, comme ils l'expliquent dans Pnas.
Une empreinte de membre antérieur d'un Massospondylus juvénile qui montre que les jeunes étaient quadrupèdes (chaque graduation représente 1 mm). © D. Scott
Le site de nidification donne des indications sur le comportement
Le regroupement des différents nids sur un même espace indique de plus que ces prosauropodes étaient adeptes de la nidification coloniale : plusieurs individus partageaient cette zone.
Il est en revanche difficile de savoir si ces dinosaures apportaient des soins parentaux à leur progéniture. Des analyses fondées sur le rapport des dimensions de l'animal adulte et de la taille des portées ne permettent cependant pas d'exclure une certaine forme de soins, néanmoins limités.
Ces travaux d'excavation ont permis de mettre en évidence la présence de nombreux fossilesfossiles sur ce site, encore recouverts par les roches. Peut-être détiennent-ils de nouvelles informations qui pourront permettre de préciser la biologie et le mode de vie des Massospondylus.