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C'est l'une des scènes mythiques de Jurassic Park. Les héros du film de Steven Spielberg, fuyant dans une voiturevoiture, doivent jouer de la boîte de vitessesvitesses pour échapper à la mâchoire d'un TT-Rex miraculeusement tiré de l'oubli grâce à la biotechnologiebiotechnologie et à la bioinformatique. Mais cette scène est-elle crédible, indépendamment du fait l'ADN de dinosaure ne peut pas se conserver, même partiellement, durant des millions d'années dans le corps de moustiques piégés dans l'ambre fossilisé ?
Les paléontologuespaléontologues se posent des questions sur les performances des dinosaures depuis longtemps et ils tentent d'y répondre en étudiant attentivement leurs squelettes. Ils cherchent notamment à déterminer s'il s'agissait d'animaux à sang froid ou à sang chaud en utilisant les isotopes des éléments. Ils utilisent aussi des considérations de biomécanique qui permettent de tirer des enseignements sur les types de mouvementsmouvements que pouvaient effectuer les dinosaures, quelle était la force de leurs mâchoires ou à quelles vitesses pouvaient-ils se déplacer ?
Pour poser des contraintes sur ces vitesses à l'aide de formules mathématiques issues de la physiquephysique il est possible d'utiliser la profondeur des empreintes fossilisées dans un sol très meuble ainsi que les espacements entre les pas des animaux. Mais encore faut-il trouver de telles pistes.
Un extrait du premier Jurassic Park sorti en 1993. © Max Leuftink, YouTube
Les pistes de T-Rex sont très rares
Les squelettes des grands dinosaures ne sont jamais retrouvés complets, loin de là, même. Pour les reconstituer, il faut dupliquer certains os en les reconstituant ou combiner ceux appartenant à divers individus. Bien qu'il soit très célèbre, il existe très peu de squelettes de Tyrannosaurus rex à disposition : quelques dizaines seulement.
Quant aux pistes montrant des traces de pas, elles sont encore plus rares, pas plus d'une poignée, telle celle étudiée à partir de 2011 en Colombie-Britannique, une province du Canada située sur sa côte ouest. Ces empreintes ont été créées par trois T-Rex marchant côte à côte avec des vitesses estimées entre 6,5 et 8,5 kilomètres par heure. Une autre piste découverte récemment dans la formation Lance dans le Wyoming (États-Unis), vient de faire l'objet d'une publication dans le journal Cretaceous Research.
L'une des empreintes de pas pouvant appartenir à un T-Rex adolescent retrouvée dans un grès du Wyoming datant du Crétacé. © Scott Persons
Le paléontologue Scott Persons de l'université de l'Alberta à Edmonton y décrit avec ses collègues, trois empreintes de pas d'un grand théropode qui a marché sur le sol boueux d'un rivage il y a 66 millions d'années. Ses empreintes fossilisées se trouvent aujourd'hui dans un grèsgrès et il est possible d'en déduire qu'elles ont bien été laissées par un dinosaure carnivore. On distingue nettement dans l'une d'elles les traces laissées par trois orteils dirigés vers l'avant et un vers l'arrière. La taille des empreintes indique aussi clairement que l'animal était un grand dinosaure. Si l'on se fie aux archives géologiques du CrétacéCrétacé dans cette région du Canada, il semble que seul un T-Rex, ou encore un Nanotyrannus lancensis (que certains chercheurs pensent en fait être un Tyrannosaurus rex juvénile), puissent en être l'auteur.
Un sprint de T-Rex à 29 km/h ?
On peut donc se servir des équationséquations de la biomécanique pour faire parler les empreintes. Celles-ci indiquent, en se basant sur leurs tailles et les distances les séparant, que l'animal était haut d'environ 1,5 à 2 mètres au niveau de ses hanches et qu'il devait se déplacer à une vitesse comprise entre 4,5 et 8 kilomètres par heure. On retrouve donc des vitesses comparables à celles précédemment évaluées. Il est cependant impossible d'en déduire qu'il s'agit là de la vitesse maximale d'un T-Rex.
Ce nouveau résultat ne contredit pas en tout cas une étude publiée dans Proceedings of the Royal Society B en 2013 par deux paléontologues britanniques, William Sellers et Phillip Manning. En utilisant la puissance de la fameuse grille informatique que le CernCern a contribué à mettre en place pour étudier les collisions de protonsprotons au LHCLHC, les deux chercheurs avaient pu simuler les mouvements de certains dinosaures à l'aide des lois de la biomécanique et des informations déduites de l'étude des restes de ces animaux. Le T-Rex en particulier ne pouvait pas courir à plus de 29 kilomètres à l'heure. Pour les paléontologues, un sprinter capable d'atteindre les 37 kilomètres par heure comme Usain Bolt aurait donc pu échapper à la morsuremorsure de ce dinosaure, mais probablement pas le quidam moyen.
En tout état de cause, la scène de Jurassic Park semble plutôt exagérée, même si rien ne peut être affirmé avec certitude.