Les araignées ont appris à tisser des toiles plus tôt qu’on ne le pensait auparavant, comme en témoigne le fragment découvert emprisonné dans l’ambre et daté de 140 millions d’années.

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    Le bloc d'ambre fossile où sont nettement visibles les fragments de toile d'araignée découverts par le Pr. Brasier. Crédit Oxford University

    Le bloc d'ambre fossile où sont nettement visibles les fragments de toile d'araignée découverts par le Pr. Brasier. Crédit Oxford University

    Du plancton aux insectes, l'ambre, cette résine fossilisée a fait traverser des millions d'années à de multiples petits organismes animaux et végétaux. Parfois les paléobiologistes ont la chance de trouver des restes bien plus délicats. Identifié par Martin Brasier, de l'université d'Oxford, le fin réseau de soie emprisonné dans un bloc d'ambre démontre non seulement que les araignées étaient déjà capables de tisser des pièges circulaires, mais que les proies étaient suffisamment nombreuses pour justifier l'opération il y a 140 millions d'années.

    L'époque se situe au Crétacé, alors que la Terre était peuplée de dinosaures. Quelques-uns s'étaient déjà envolés en devenant oiseaux, mais les plantes à fleurs restaient rares, et ne se répandront en abondance que quarante millions d'années plus tard en entraînant dans leur prolifération celle des insectes. Pourtant, le piège de soie était déjà prêt...

    Le fragment d'ambre a été découvert par hasard il y a deux ans par un collectionneur de fossilesfossiles sur une plage de la côte sud de la Grande-Bretagne, puis examiné par Martin Brasier qui y a identifié la présence de fils minuscules d'environ 1 mm de long, parsemés au milieu de débris divers dont certains pourraient être de la soie brûlée.

    « Ce que nous avons découvert ne peut être qu'une toile d'araignée circulaire fossilisée, rapporte Martin Brasier. Nous avons aussi trouvé des enchevêtrements de soie préservés dans l'ambre. C'est vraiment surprenant de trouver quelque chose d'aussi fragile conservé depuis tant de millions d'années ».

    Des tisseuses au temps des dinosaures

    Simon Braddy, de l'université d'Oxford, estime que la configuration des minuscules fragments démontre sans ambiguïté que les araignées tissaient déjà des toiles de forme circulaire au Crétacé antérieur, comme nos contemporaines. Soit une époque couvrant la période de -145,5 à -65,5 millions d'années, où dinosaures et petits mammifèresmammifères se partageaient notre sol. Jusqu'à cette découverte, le plus ancien reste de toile connu, mis au jour au Liban, datait de 130 millions d'années.

    Pourtant les araignées sont bien plus vieilles. Cousines des scorpions, elles sont comme eux des arachnidesarachnides, un groupe d'arthropodesarthropodes qui a arpenté les terres du globe il y a très longtemps. Le plus ancien scorpion connu devait être la terreur des terres émergées au SilurienSilurien inférieur il y a 435 millions d'années et seulement quelques millions d'années plus tard des araignées couraient sur leurs huit pattes.

    En combien de temps ont-elles appris à tendre des pièges ? On ne le sait pas. Il est vrai que la recherche dans ce domaine avance lentement. La France ne compte actuellement qu'une dizaine de spécialistes des araignées, alias aranéides. Pourtant, dans ce pays, le poids de toutes les araignées (1.600 espècesespèces) est du même ordre de grandeurordre de grandeur que celui de la population humaine...