au sommaire
Il existerait 21 espèces de crocodiliens réparties entre l'Afrique, l'Amérique, l'Asie et l'Australie. Les crocodiles marins (Crocodylus porosus) et les crocodiles du Nil (Crocodylus niloticusCrocodylus niloticus), les plus grandes espèces actuelles, peuvent atteindre une taille exceptionnelle de 7 mètres ; une dimension nettement inférieure aux 15 mètres que pouvaient afficher les crocodiles Sarcosuchus imperator ou Deinosuchus hatcheri il y a plusieurs millions d'années.
Christopher Brochu, de l'université de l'Iowa, vient de décrire une nouvelle espèce, Crocodylus thorbjarnarsoni, qui aurait pu atteindre 7,5 mètres de long à l'âge adulte. Elle a disparu depuis 2 millions d'années mais devait en son temps être l'un des plus gros prédateurs vivant en Afrique. Toute époque confondue, il doit s'agir du plus grand crocodile vrai, c'est-à-dire une espèce du genre Crocodylus, connu à ce jour.
Crocodylus thorbjarnarsoni (gris foncé) était bien plus grand que les crocodiles actuels (par exemple Crocodylus niloticus ; gris clair). Par comparaison, nos ancêtres de l'époque, bien plus petits que nous, ne faisaient pas le poids. La barre d'échelle représente un mètre. © Christopher Brochu
Un crocodile mangeur d’Hommes ?
Cette nouvelle espèce a été décrite dans la revue Journal of Vertebrate Paleontology (JVP) grâce à des analyses approfondies de crânescrânes et mâchoires fossilisés conservés au Musée national du Kenya à Nairobi. Ils ont été extraits de dépôts sédimentaires, datant du Pliocène et du Pléistocène, trouvés au sein du bassin du lac Turkana. Cette espèce aurait vécu entre 2 et 4 millions d'années avant notre ère. Elle ressemble très fortement au crocodile du Nil mais en beaucoup plus grand. Petite anecdote parlante : quatre hommes ont dû unir leurs forces pour soulever l'un des crânes lors de sa découverte !
Plusieurs éléments laissent penser que nos ancêtres auraient pu constituer un met apprécié par ces reptilesreptiles, bien qu'aucune preuve n'existe. La région de Turkana est célèbre pour ses découvertes de fossilesfossiles humains vieux de plusieurs millions d'années. Or, comme tous les organismes terrestres de l'époque, nos ancêtres ou cousins éloignés avaient besoin de boire et fréquentaient donc des points d'eau... potentiellement occupés par les reptiles. Ne mesurant que 1,20 mètre de haut, ils pouvaient facilement être avalés par le prédateur. Cependant, aucun os humain portant des traces de morsuresmorsures n'a été trouvé en ce lieu.
L'émergence des crocodiles du Nil difficile à dater
L'auteur n'avance pas cette hypothèse pour étayer une vision populaire du crocodile mangeur d'Hommes. Il s'appuie également sur des données récoltées pour une autre espèce de crocodiliens décrite en 2010 : Crocodylus anthropophagus. Des restes fossiles de cet animal ont été trouvés sur le site d'Olduvai Gorge en Tanzanie, à proximité de lieux où des ossements d'Homo habilis et d'AustralopithecusAustralopithecus boisei ayant vécu à la même époque ont été découverts. Comme son nom l'indique, ce reptile pouvait à l'occasion se nourrir d'Hommes puisque certains os d'hominidéshominidés portaient des marques de morsures.
L'auteur a profité de ces découvertes pour réétudier la phylogéniephylogénie des Crocodoloïdés avec des critères morphologiques. Crocodylus anthropophagus et Crocodylus thorbjarnarsoni peuvent être qualifiées d'espèces sœurs. Par ailleurs, les crocodiles vrais seraient apparus il y a seulement 7 millions d'années. L'émergenceémergence de Crocodylus niloticus n'a en revanche pas pu être définie avec précision, mais une chose est certaine selon l'auteur, cette espèce serait apparue après la disparition des crocodiles géants.