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Des scientifiques américains et danois ont effectué de nouvelles analyses sur un os de mastodonte qui avait été retrouvé à la fin des années 1970 aux États-Unis. Les résultats qui en sont issus mettent à mal la théorie dite Blitzkrieg selon laquelle les grands herbivores se seraient éteints brutalement pendant le Pléistocène, il y a environ 12.000 ans, à cause d'une chasse éclair menée par les premiers humains ayant colonisé le continent nord-américain, la culture Clovis.
Entre 1977 et 1979, des scientifiques déterrent les ossements d'un squelette de mastodonte (Mammut americanum) parmi lesquels un os de côte dans lequel est inséré un autre fragment d'os taillé, prouvant que le mastodonte a été chassé par des humains. Cet ossement, provenant du site de Manis (État de Washington aux États-Unis), est daté de 14.000 ans avant notre ère. Mais ce résultat ne correspond à aucune théorie puisqu'à cette époque, aucun humain n'est censé avoir colonisé l'Amérique du Nord. En effet, les premières traces d'activité humaine dans le Nouveau Monde remontent à 13.000 ans, avec la culture Clovis (du nom d'une ville du Nouveau-Mexique).
Une nouvelle datation grâce à des techniques modernes
Ces ossements étaient donc au centre de débats parmi les paléontologuespaléontologues. Mais récemment, les échantillons ont de nouveau été analysés avec des techniques modernes. Grâce à une datation au radiocarbone et à des analyses génétiques et moléculaires effectuées sur l'os de mastodonte et sur l'arme qui y est insérée, les scientifiques ont pu préciser la date de la chasse : il y a environ 13.800 ans soit peu ou prou ce qui avait été affirmé ultérieurement. Les résultats sont présentés dans la revue Science.
À cette époque, donc, des humains chassaient à l'aide d'outils confectionnés à partir d'ossements d'animaux qu'ils avaient tués précédemment.
La côte de mastodonte avec l'arme servant à la chasse qui y est insérée. © Waters et al. 2011 - Science
Entretemps, d'autres études semblaient indiquer l'existence d'humains ayant habité cette région durant une période pré-Clovis et la récente datation des ossements de mastodonte ne font finalement que confirmer ces études. Des scientifiques avaient en effet trouvé des artefacts de pierre avec les ossements de mammouths (MammuthusMammuthus primigenius) datant de 14.800 et 14.200 ans sur des sites américains du Wisconsin (Schaefer et Hebior) tandis que d'autres avaient découvert des preuves d'abattage vieilles de 13.800 ans sur le site de Ayer Pond.
La théorie de la BlitzKrieg mise à mal
En outre, d'autres analyses, effectuées en 2009 sur des champignons appartenant au genre Sporormiella, habitant communément les bouses de ces grands herbivores, avaient montré que la mégafaunemégafaune de l'époque s'était progressivement éteinte entre 14.800 et 13.700 ans avant notre ère.
Tous ces résultats indiquent que le début de la chasse des grands herbivores par les humains a commencé plus tôt que ce qui était admis, mettant ainsi à mal la théorie de la Blitzkrieg (ainsi que la thèse de l'astéroïde) selon laquelle les grands herbivores se seraient rapidement éteints il y a 12.000 ans.
Néanmoins, l'auteur de l'étude ne prétend pas que la chasse soit l'unique responsable de l'extinction des grands mammifères. Selon lui, d'autres facteurs, comme le changement climatiquechangement climatique et la raréfaction des ressources qui en a découlé, auraient pu contribuer à l'affaiblissement de ces populations. La chasse n'aurait été que le coup de grâce.