La découverte de reptiles et amphibiens fossiles en Afrique apporte de nouvelles informations sur la grande crise de la biodiversité, qui a eu lieu avant l’apparition des dinosaures. Ces fossiles suggèrent que le développement des dinosaures est lié à l’extinction massive d’espèces à la fin du Paléozoïque.

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    Des recherches effectuées dans des terrains difficiles d’accès (ici le sud-ouest de la Tanzanie) ont mis au jour de nouveaux reptiles et amphibiens fossiles, qui livrent de nouvelles informations sur la grande crise de la vie qui s’est produite avant l’apparition des dinosaures. © J.S. Steyer, Museum national d’histoire naturelle

    Des recherches effectuées dans des terrains difficiles d’accès (ici le sud-ouest de la Tanzanie) ont mis au jour de nouveaux reptiles et amphibiens fossiles, qui livrent de nouvelles informations sur la grande crise de la vie qui s’est produite avant l’apparition des dinosaures. © J.S. Steyer, Museum national d’histoire naturelle

    La plus importante crise de la biodiversité a eu lieu il y a 252 millions d'années (Ma) environ, à la fin du Paléozoïque. Une équipe internationale, à laquelle appartient Jean-Sébastien Steyer, chercheur au CNRS et au Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements, vient d'effectuer de nouvelles découvertes en Afrique. Elles montrent notamment que l'apparition des dinosaures, il y a environ 230 Ma, serait plus étroitement liée à cette grande crise de la vie que ce qui était envisagé auparavant. Les résultats sont publiés dans les Pnas.

    La vie a bien failli disparaître voilà environ 252 Ma, lors de la plus grave crise de la biodiversité. En effet, à la fin du Paléozoïque (Permien), elle a entraîné l'extinction de près de 90 % des genres (groupes d'espèces) d'animaux et de végétaux. Comment une telle catastrophe a-t-elle affecté les écosystèmes de l'époque ? Quelles en ont été les conséquences sur l'évolution ultérieure de la vie ? C'est à ces questions qu'une équipe de chercheurs tente de répondre en explorant depuis plus de 10 ans des terrains permiens (âgés de 257 Ma) et triasiques (242 Ma) en Tanzanie, Zambie et Afrique du Sud mais aussi en AntarctiqueAntarctique.

    Carte paléogéographique du sud de la Pangée, ce supercontinent qui regroupait toutes les terres émergées, avant de se disloquer vers la fin du Trias. Les étoiles indiquent la position des terrains de fouilles datant du Permien (257 Ma) et du Trias (242 Ma). Les fossiles récemment découverts, et ceux existants dans les collections, proviennent de cinq bassins situés dans le sud la Pangée. Aujourd'hui, ces fossiles font partie (de gauche à droite) de l’Afrique du Sud, de la Zambie, du Malawi, de la Tanzanie et de l'Antarctique. © Université du Texas à Austin, université de Washington

    Carte paléogéographique du sud de la Pangée, ce supercontinent qui regroupait toutes les terres émergées, avant de se disloquer vers la fin du Trias. Les étoiles indiquent la position des terrains de fouilles datant du Permien (257 Ma) et du Trias (242 Ma). Les fossiles récemment découverts, et ceux existants dans les collections, proviennent de cinq bassins situés dans le sud la Pangée. Aujourd'hui, ces fossiles font partie (de gauche à droite) de l’Afrique du Sud, de la Zambie, du Malawi, de la Tanzanie et de l'Antarctique. © Université du Texas à Austin, université de Washington

    À cette époque, l'Afrique et l'Antarctique composaient, avec l'Amérique du Sud, l'Inde et l'Australie, un ensemble continental nommé GondwanaGondwana, partie sud d'un bloc encore plus vaste, la Pangée. Pourtant bien plus catastrophique que la crise CrétacéCrétacé-Tertiaire ayant provoqué la disparition des dinosaures (non aviensaviens), cette grande extinction de la vie demeure mal cernée par les scientifiques. En effet, la plupart des vertébrésvertébrés terrestres de cette époque proviennent des bassins sédimentairesbassins sédimentaires de Russie et d'Afrique australe. Ces faunesfaunes de vertébrés étaient assez homogènes avant la crise, au Permien.

    Après la crise, archosauriens et dinosaures se développent

    En concentrant leurs efforts sur des terrains difficilement accessibles en Afrique et en Antarctique (au sud de la PangéePangée à l'époque), les paléontologuespaléontologues ont montré que les faunes du Trias (après la crise) présentent davantage d'espèces endémiquesendémiques que celles du Permien, avec des compositions différentes en genres et en espèces. Ceci suggère donc que cette grande crise de la vie a conduit à une réorganisation des communautés animales au Gondwana.

    Parmi les 10 % de chanceux ayant échappé à la catastrophe, des reptilesreptiles et des amphibiens se sont réappropriés les niches écologiques laissées vacantes par leurs prédécesseurs. Ces survivants se sont alors rapidement diversifiés, dans différents endroits du Gondwana qui constituent aujourd'hui différents bassins sédimentaires (les scientifiques parlent de provincialisation). Parmi ces opportunistes, les archosauriens (crocodilienscrocodiliens et oiseaux), avec les premiers dinosaures ou apparentés, ainsi que les synapsides (dont sont issus les mammifèresmammifères), occupaient déjà une place de premier choix.

    Cette crise majeure aurait donc joué un rôle plus important que ce que pensaient précédemment les scientifiques dans l'apparition des dinosaures il y a environ 230 Ma. L'évolution n'est pas un long fleuve tranquille et toutes les espèces ne sont pas sur le même pied d'égalité face à une crise...