Le séquençage du génome de notre plus proche cousin vient de franchir une étape décisive avec trois milliards de paires de bases décryptées par deux équipes collaborant depuis plusieurs années. Ces séquences vont pouvoir être comparées au génome humain et à celui du chimpanzé.

au sommaire


    De gauche à droite, Johannes Krause, Adrian Briggs, Richard E. Green et Svante Pääbo. Au centre, un Homme de Néandertal, bien sûr. © Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology

    De gauche à droite, Johannes Krause, Adrian Briggs, Richard E. Green et Svante Pääbo. Au centre, un Homme de Néandertal, bien sûr. © Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology

    Au département d'anthropologie évolutionnaire de l'Institut Max PlanckMax Planck (Leipzig, Allemagne), Svante Pääbo continue sa quête pour explorer le génomegénome d'Homo neandertalensisHomo neandertalensis, alias homme de Néandertal. Avec obstination, ce chercheur analyse des restes fossiles et tente d'en isoler des fragments d'ADNADN pour lire leurs gènesgènes. L'entreprise n'a rien de simple car il faut d'abord s'assurer de l'absence de contaminationcontamination et ensuite travailler sur de l'ADN largement incomplet. En France, Catherine Hänni et son équipe du laboratoire Paléogénétique et évolution moléculaire (CNRS, École Normale Supérieure de Lyon) ont mis au point des techniques adaptées pour extraire de l'ADN fossile. En 2006, déjà, l'équipe de Catherine Hänni déchiffrait une séquence d'ADN mitochondrialADN mitochondrial d'un fossile de néandertalien datant de 100.000 ans.

    De son côté, Svante Pääbo s'est rapproché d'une société américaine, 454 Life Sciences, spécialisée dans le séquençageséquençage. Fin 2006, ces deux équipes avaient décodé plus d'un million de paires de bases (les lettres du code génétiquecode génétique). L'analyse de cette séquence avait montré que l'Homme de Néandertal disposait d'un gène qui, chez l'être humain, est impliqué dans la parole.

    Le travail ne fait que commencer

    Les recherches se sont poursuivies et, jeudi 12 février 2009, Svante Pääbo a présenté les derniers résultats lors d'une conférence de l'AAAS (American Association for the Advancement of Science). A elles deux, les équipes de l'institut Max Planck et de 454 Life Sciences ont décodé plus de trois milliards de paires de base, soit environ 60% du génome complet. La vidéo de cette présentation est disponible (en anglais).

    Les scientifiques ont travaillé sur un certain nombre d'ossements dont la plupart provenaient de grotte de Vindija, en Croatie, et datant d'environ 38.000 ans. D'autres venaient d'Espagne (vieux de 43.000 ans) et de Russie (60 à 70.000 ans). Enfin, l'un des spécimens provenait du premier fossile d'Homme de Néandertal, âgé de 40.000 ans, découvert en 1856 dans la vallée de Neander, qui a donné leur nom à nos cousins. Cet ensemble permet de s'assurer que les fragments d'os analysés proviennent bien d'un groupe de néandertaliens représentatif de l'espèce.

    Ce résultat exceptionnel n'est que la première étape du travail. Il reste maintenant à comparer minutieusement ces séquences à celles du génome humain et du chimpanzé.