Les fossiles de ptérosaures constituent une découverte rare pour les paléontologues sur le terrain, surtout lorsqu’ils sont presque complets. Celle-ci est encore plus extraordinaire car ce fossile permet enfin d’avoir une idée de la forme de l’espèce.


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    Les ptérosaures sont rares dans le registre fossile, notamment en raison de leurs os creux qui se fossilisent difficilement. Une telle organisation de ce tissu osseux a permis aux ptérosaures de posséder un squelette de grande taille mais suffisamment léger pour voler. Lorsque l'un de ces fossiles est découvert, il est par ailleurs souvent très incomplet et endommagé, de telle sorte qu'il est souvent nécessaire de disposer de plusieurs spécimens afin de déterminer quels étaient les morphologiemorphologie et mode de vie de l'espèce.

    Il arrive pourtant que des fossiles extraordinaires soient découverts. C'est notamment le cas de celui d'un ptérosaure appartenant à l'espèce Tupandactylus navigans qui a été saisi lors d'une descente de police à São Paulo, au Brésil. Lors de la saisie, le fossile n'a pas pu être remarqué par les autorités car il était inclus dans des dalles de calcaire. Ces dalles sont actuellement entreposées dans les collections de l'Université de São Paulo où elles pu être examinées par des chercheurs à l'aide de la microtomographie à rayons X. Cette technologie permet de générer des modèles virtuels et en 3D d'objets qui sont parfois inclus dans de la roche, sans avoir à les en extraire et sans risquer de les endommager.

    <em>Tupandactylus navigans</em> : fossile à gauche ; reconstitutions et analyses au milieu et à droite. © Victor Beccari
    Tupandactylus navigans : fossile à gauche ; reconstitutions et analyses au milieu et à droite. © Victor Beccari

    Un reptile volant qui ne volait pas longtemps ?

    Une étude parue dans PLoS ONE présente la description de ce fossile exceptionnel de ptérosaure qui appartient au groupe des tapéjaridés. Le spécimen date du début du Crétacé (le Crétacé s'étend de -66 à -145 millions d'années). 

    C'est la première fois que des paléontologues ont accès à des parties du corps autres que le crâne chez cette espèce

    Les auteurs de l'étude indiquent que le fossile comprend presque la totalité du corps du spécimen et que certaines parties du squelette sont articulées. Quelques restes de tissus mous ont également été préservés le long des os. C'est la première fois que des paléontologuespaléontologues ont accès à des parties du corps autres que le crânecrâne chez cette espèce.

    L'examen du fossile a permis aux auteurs de suggérer des hypothèses quant à l'écologie de l'espèce. Lorsqu'un fossile de ptérosaure, qui est un reptilereptile volant, est examiné, les paléontologues s'intéressent précisément aux aptitudes et caractéristiques de vol de l'espèce à laquelle il appartient. Or, le fossile de TT. navigans présente une très large crête sur le crâne dont les auteurs supposent qu'elle n'était pas propice aux vols sur de longues distances.

    Vue d'artiste de <em>Tupandactylus navigans</em> illustrant notamment ses crêtes au niveau de la tête. © Victor Beccari
    Vue d'artiste de Tupandactylus navigans illustrant notamment ses crêtes au niveau de la tête. © Victor Beccari

    Il possède également une crête, probablement ornementale, sur sa mâchoire inférieure. Le spécimen semble pourtant adapté au vol puissant en raison de la présence d'un notarium, qui est un os permettant de rigidifier le squelette lors du vol, ainsi que d'une région développée pour l'attache des muscles des membres antérieurs.

    La capacité de vol de cette espèce reste à être étudiée mais les chercheurs suggèrent actuellement, d'après son long cou et la proportion de ses membres, que T. navigans avait plutôt une écologie terrestre.