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Les dinosaures étaient-ils paresseux ou bien plutôt actifs ? Étaient-ils des animaux à sang chaud, comme les mammifères, ou bien à sang froid, comme les reptiles ? Depuis longtemps, la question divise la communauté scientifique et il semblerait que le professeur Roger Seymour (Université d'Adélaïde) et ses collègues aient apporté une information capitale au débat.
Pour tenter de répondre à la question, l'équipe de scientifiques s'est inspirée de recherches récentes qui ont été effectuées sur les os humains. L'étude publiée en ligne sur le site de la revue anglaise Proceedings of the Royal Society Biology s'est intéressée à la taille des foramensforamens des os de la cuisse (fémurfémur).
La taille du foramen : un indicateur d'activité
Les foramens sont des trous dans les os. Ils permettent le passage des vaisseaux qui viennent irriguer l'os en sang et y apportent l'oxygène. On pense que plus un organisme est actif, plus il subit de micro-fractures au niveau des os et donc plus il faut de sang et d'oxygène pour permettre l'activité des cellules réparatrices (ostéoblastesostéoblastes et ostéoclastesostéoclastes). Ainsi, la taille de ces orifices est directement corrélée à l'importance du métabolismemétabolisme. Chez les organismes très actifs, on observe effectivement des foramens de taille importante permettant un apport en oxygène abondant.
Foramen fémoral d'un reptile non varanidé (a), d'un varanidé (b), d'un mammifère (c) et d'un dinosaure cératopsien Centrosauris apertus (d). © Dr Donald Henderson, conservateur des Dinosaures du musée Royal Tyrrell de l'Alberta, Canada
Roger Seymour et ses collègues ont eu l'idée d'appliquer cette théorie aux dinosaures. Pour cela, ils ont d'abord vérifié que la théorie pouvait s'appliquer à d'autres espèces que les hommes et ils ont donc comparé la taille de foramen de mammifères (animaux actifs, à sang chaud) et de reptiles (animaux léthargiques, à sang froid). L'étude montre que les foramens de dinosaures sont plus proches de ceux des mammifères, indiquant qu'ils étaient homéothermeshoméothermes (voir photos ci-dessus).
Les résultats sont sans appel : la taille du foramen (relative à la taille du fémur) est bien un indicateur fiable, directement corrélé au métabolisme et donc à l'activité de l'animal. Les chercheurs ont ainsi estimé que la capacité d'oxygénation du fémur est 54 fois supérieure chez les mammifères.
Graphique montrant un indice du flux sanguin (Qi) en fonction de la masse. Qi est en fait un indicateur qui prend en compte le rayon du foramen et la longueur du fémur. Le graphe montre donc que, proportionnellement à la taille du fémur, les dinosaures ont dans l'ensemble un foramen plus large que celui des mammifères et encore plus large que celui des reptiles. © Seymour et al., 2011
Les dinosaures vivaient comme les mammifères
L'étape finale consistait donc à appliquer ce modèle aux dinosaures. Là encore, aucun doute sur le résultat. Quand on mesure les foramens des dinosaures - et qu'on la pondère par la taille de l'animal - on constate que les foramens des dinosaures sont similaires aux foramens de mammifères et proportionnellement plus gros que ceux des reptiles actuels. Ces résultats indiquent que les dinosaures avaient sensiblement le même mode de vie que les mammifères et qu'ils étaient vraisemblablement à sang chaud.
À moins que les dinosaures n'aient eu le même mode de vie que les varanidés. Ces reptiles - poïkilothermespoïkilothermes, donc - pratiquent la chasse et leur activité globale est plus proche de celle des mammifères que des autres reptiles. Si cette étude permet de dire que les dinosaures étaient plutôt actifs, il est encore un peu tôt pour conclure qu'ils étaient des animaux à sang chaud.