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Le Vélociraptor était orné de plumes, qui elles-mêmes abritaient peut-être des puces ! © Alain Bénéteau
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Selon une étude parue dans la revue Biology Letters, les ancêtres des puces qui se nourrissent aujourd'hui sur les mammifères et les oiseaux, auraient pu apprécier le sang des dinosaures avant qu'ils ne disparaissent, il y a 65 millions d'années, lors de l'extinction massive du Crétacé-Paléogène. C'est la première fois qu'une telle théorie est avancée, mais elle repose principalement sur des hypothèses, plus que sur des faits réels.
Les chercheurs de l'Université de l'Illinois à Champaign, ainsi que des universités d'autres continents (Université de Glasgow au Royaume-Uni, Université d'Hokkaïdo au Japon...), se sont intéressés de très près à l'évolution de ces insectes hématophages (mangeurs de sang) et ont constaté qu'ils vivaient déjà il y a au moins 115 millions d'années, soit largement avant la disparition des animaux géants. Ces données ont pu être obtenues grâce à deux types d'outils : l'ADNADN des insectes actuels et des fossiles.
Remonter le temps grâce à l’ADN
Tout d'abord, une machine à remonter le temps (sous forme d'arbre phylogénétiquearbre phylogénétique consacré aux puces) a été réalisée grâce aux comparaisons des séquences génomiquesgénomiques de 69 puces actuelles. Les arbres phylogénétiques se basent sur le principe que les organismes possédant les séquences d’ADN les plus proches sont aussi ceux qui ont divergé le plus récemment au cours de l'évolution. Par exemple, sur l'arbre phylogénétique des mammifères, l'Homme et le chimpanzéchimpanzé, qui ont un ADN très similaire car ils ont divergé il y a seulement quelques millions d'années, sont donc plus proches l'un de l'autre qu'ils ne le sont de l'éléphant.
Les fossiles de puces et les génomes des puces actuelles ont permis de conclure que ces insectes existent depuis plus de 115 millions d'années ! © Université de l'Illinois
En connaissant les taux de mutations et le temps nécessaire à leur accumulation, il a donc été possible de reconstituer l'histoire évolutive théorique des puces et de déterminer l'époque de l'existence d'ancêtres communsancêtres communs. Pour confirmer leurs résultats, les chercheurs ont utilisé en plus de ces outils moléculaires, de vrais fossiles de puces, d'oiseaux et de mammifères, afin d'ancrer de façon concrète les éléments dans le temps grâce à la datation précise des pierres. L'ensemble des données récoltées indique que les puces seraient apparues entre 115 et 130 millions d'années dans le passé... mais ce n'est pas tout !
Les différences morphologiques entre les puces (certaines sont allongées, donc très bien adaptées aux barbes des plumes dans lesquelles elles peuvent se cacher, alors que d'autres ont des sillons qui leur permettent de s'adapter aux poils des mammifères) indiquent que leur histoire évolutive coïncide fortement avec celle de leur hôte. Et comme l'explique Kevin Johnson, ornithologueornithologue de l'Université de l'Illinois, « notre analyse suggère que les puces des oiseaux et des mammifères ont commencé à se diversifier avant l'extinction massive des dinosauresdinosaures ».
Les dinosaures étaient-ils couverts de puces ?
Les résultats de cette équipe donnent donc un nouvel élément pour penser que les oiseaux et les mammifères ont commencé à diverger avant la disparition des dinosaures, ce qui est encore en débat aujourd'hui du fait que les plus vieux fossiles retrouvés, qui ressemblent aux groupes modernes des oiseaux et des mammifères, ont moins de 65 millions d'années.
Les scientifiques concluent également que les puces « existaient probablement sur une variété d'hôtes dans le passé, incluant possiblement les dinosaures », explique Kevin Johnson. Certains dinosaures à plumes étant considérés par beaucoup de scientifiques comme étant les ancêtres des oiseaux, « alors peut-être que les oiseaux ont juste hérité leurs puces des dinosaures »...