La plupart des fossiles proviennent de vertébrés. La récente découverte en Australie de fossiles de plantes, d'insectes et de tissus fragiles est donc exceptionnelle et permet de comprendre les relations biotiques dans des écosystèmes passés.
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Les paléontologuespaléontologues cherchent notamment à comprendre comment s'organisaient des écosystèmes aujourd'hui disparus. Des chercheurs australiens travaillant notamment pour l'Australian Museum, l'Université de Nouvelle-GallesGalles du Sud et l'Université de Canberra, ont fait la découverte d'un gisement fossilifère livrant des spécimens exceptionnels. L'analyse de ces fossiles a été publiée dans le journal Science Advances.
Les fossiles ont été trouvés au niveau de la Nouvelle-Galles du Sud, près de la ville de Gulgong en Australie. Le site a été qualifié de « Lagerstätte », un terme qui s'applique aux sites dans lesquels la qualité des spécimens fossiles est exceptionnelle. Les tissus les plus durs (os et émailémail notamment) sont en effet les plus résistants aux intempéries, ce qui explique qu'il est rare de trouver des fossiles de plantes et d'insectes par exemple.
“Le site a été qualifié de « Lagerstätte », un terme qui s'applique aux sites dans lesquels la qualité des spécimens fossiles est exceptionnelle”
Dans ce contexte, il est donc possible de comprendre l'enthousiasme de l'un des auteurs de l'étude, le Dr McCurry, qui explique que « de nombreux fossiles [qui ont été trouvés, ndlr] étaient inconnus de la science et incluent des mygales fouisseuses, des cigales géantes, des guêpes et divers poissons ». La datation des fossiles situe ces derniers au MiocèneMiocène, entre 11 et 16 millions d'années en arrière.
C'est à cette période qu'a eu lieu un phénomène d'aridification en Australie qui a engendré le développement des espècesespèces actuelles adaptées à des sécheressessécheresses extrêmes. C'est donc aux alentours de cet événement de transition climatique majeur que se sont fossilisés les spécimens découverts par l'équipe de chercheurs. La forme des empreintes fossiles de feuilles suggère en effet que celles-ci se développaient dans une forêt humide.
Des interactions entre organismes encore visibles
Parmi la flore, les auteurs décrivent des microfossilesmicrofossiles de spores mais également du pollenpollen et des feuilles de conifères. Des empreintes fossiles de feuilles d'angiospermesangiospermes (plantes à fleurs), de fleurs, de fruits et de graines sont également issues de ce gisement fossilifère. Parmi la faunefaune, les auteurs recensent des fossiles de nématodesnématodes, de larveslarves de trichoptères et de libelluleslibellules, de charançons et de capricornes.
Ils ont également identifié la présence de cigales, de guêpes parasitoïdesparasitoïdes, de fourmisfourmis et d'araignéesaraignées mygalomorphes.
Le site australien a également livré des fossiles de poissons mais également celui d'une plume ayant probablement appartenu à un oiseau de la taille d'un moineau. La présence de mélanosomesmélanosomes au niveau de la plume laisse supposer que celle-ci était foncée et iridescente.
La préservation exceptionnelle des spécimens permet de plus d'entrevoir quelques unes des interactions biotiques au sein de cet écosystème passé. Le contenu stomacal d'un poisson montre qu'il se nourrissait de Chaoboridae (similaires à des moustiquesmoustiques), qu'une larve de mollusquemollusque se trouvait sur une nageoire de poisson et qu'un nématode était accroché au corps d'un capricorne. La présence d'un certain type de pollen sur la tête d'une mouche à scie permet enfin de savoir quelles espèces pollinisaient cette dernière.