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- À lire : le dossier sur la disparition des dinosaures
L'annonce de la découverte d'un dinosaure toujours vivant au Pantanal n'était malheureusement qu'un poisson d'avril. On sait en effet que tous les dinosaures non-aviensaviens ont disparu il y a plusieurs dizaines de millions d'années, principalement à cause de la chute d'un petit corps céleste. Toutefois, il existe encore des incertitudes de plusieurs centaines de milliers d'années en ce qui concerne la datation de la fin du règne des dinosaures. Cela ne facilite pas la tâche des paléoécologistes cherchant à comprendre en détail ce qui s'est vraiment passé lors de la mythique crise K-Tcrise K-T. Surtout, la datation directe récente d’un os de dinosaure, suggérant que certaines espèces ont survécu pendant des centaines de milliers d'années à la chute du corps responsable de l'astroblèmeastroblème du Yucatan, serait bien plus convaincante si l'incertitude sur la datation de la crise K-T elle-même était réduite.
Il se trouve que depuis quelques années, les géologuesgéologues se servent de plus en plus d'une nouvelle méthode pour dater les couches sédimentaires anciennes : la cyclostratigraphie.
Le problème de la datation en géologie
Au tout début de la naissance de la géologie, les datations ne pouvaient être que relatives, basées sur le principe que la couche sédimentaire la plus récente se dépose sur la plus ancienne. En identifiant des fossiles présents dans une de ces couches, on pouvait s'en servir pour dater une autre couche sur la planète. Mais jusqu'à la découverte des méthodes de datations absolues utilisant la désintégration radioactives de certains isotopesisotopes, aucun âge n'était vraiment connu pour ses couches.
Plus tard, et toujours en conjonctionconjonction avec des datations absoluesdatations absolues fournies par des isotopes, l'essor du paléomagnétismepaléomagnétisme avec la découverte des inversions du champ magnétiquechamp magnétique de la TerreTerre, a aussi permis d'établir un calendrier repère basé sur le relevé des inversions enregistrées dans les archives magnétiques de la Terre. Ces archives sont principalement des coulées de laveslaves ou des roches basaltiquesbasaltiques au fond des océans ramenées par les campagnes de forages profonds.
Ces campagnes ont aussi permis d'obtenir des carottescarottes avec des roches sédimentairesroches sédimentaires et l'on a pu découvrir que ces sédimentssédiments enregistraient des variations cycliques dans le climatclimat de la Terre en relation avec ce que l'on appelle les cycles de Milankovitch.
Le mathématicien Jacques Laskar. © IMCCE, Observatoire de Paris
Ces cycles sont basés sur des modifications périodiques de l'excentricitéexcentricité de l'orbiteorbite de la Terre et de l'obliquitéobliquité de son axe de rotation. Ils ont été découverts par le calcul par le mathématicienmathématicien d'origine serbe Milutin Milankovitch, entre 1920 et 1941. Ces modifications sont causées par l'attraction gravitationnelle des autres planètes du Système solaireSystème solaire, en particulier JupiterJupiter et SaturneSaturne. Comme excentricité et obliquité gouvernent l'insolationinsolation et les saisonssaisons sur Terre, ces modifications changent le climat et au cours des derniers millions d'années, sont clairement associées aux glaciationsglaciations.
La chronologie de la mécanique céleste
La modification du climat changeant la composition des sédiments se déposant, il est possible de corréler des cycles sédimentaires avec les cycles de Milankovitchcycles de Milankovitch. Connaissant une solution orbitaleorbitale précise et fiable des mouvementsmouvements de la Terre sur des dizaines de millions d'années, on peut s'en servir pour dater les cycles sédimentaires.
Une telle solution est connue grâce aux travaux de Jacques Laskar et ses collègues. La plus récente se nomme La2010. Il faut bien sûr tenir compte du chaos présent dans les mouvements des planètes dans le Système solaire. Mais si l'on utilise la modification périodique de l'excentricité de l'orbite de la Terre de 405.000 ans, cette dernière permet une datation relativement fiable des couches sédimentaires d'il y a environ 65 millions d'années.
Cette méthode de cyclostratigraphie des séries sédimentaires marines a donc été appliquée aux carottes sédimentaires prélevées dans les océans Indien et Atlantique lors d'anciennes campagnes océanographiques. Elle vient effectivement de permettre à une équipe de chercheurs français et américains de démontrer la corrélation des cycles sédimentaires avec les variations des paramètres orbitaux de la Terre autour de la limite K-T. Deux datations possibles ont été obtenues : 65,59 +/-0,07 Ma et 66+/-0,07 Ma.
Or, cette deuxième est plus en accord avec les dernières données radiométriques. Il est donc probable que la disparition des dinosaures est plus ancienne qu'on ne le croyait, avec un petit coup de vieux de 405.000 ans.