C'était il y a 460 millions d'années... Alors que les êtres vivants marinaient dans des eaux à plus de 40°C, un lent refroidissement global a enclenché une explosion du nombre d'espèces, qui s'est étalée sur quarante millions d'années. C'est ce qu'affirme aujourd'hui une équipe franco-australienne.


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    Pièce buccale d'un conodonte observée en microscopie électronique à balayage. © Arlette Armand/Microscope Electronique à Balayage du Laboratoire PaléoEnvironnements et PaléobioSphère

    Pièce buccale d'un conodonte observée en microscopie électronique à balayage. © Arlette Armand/Microscope Electronique à Balayage du Laboratoire PaléoEnvironnements et PaléobioSphère

    L'ère du paléozoïque, commencée il y a 540 millions d'années, n'a pas été de tout repos pour la vie terrestre. Tout a bien commencé avec une période, le Cambrien, durant laquelle apparaissent rapidement les grands groupes d'animaux connus aujourd'hui (mollusques, arthropodes, annélides...). Mais cette époque se termine mal. Il y a 480 millions d'années, au début de l'Ordovicien, la TerreTerre, dont l'atmosphèreatmosphère est riche en gaz carboniquegaz carbonique, subit un effet de serreeffet de serre énorme à côté duquel celui que nous connaissons actuellement fait figure de plaisanterie. Selon certains scientifiques, qui s'appuient sur des variations du rapport d'isotopesisotopes de l'oxygène dans la coquillecoquille de petits animaux appelés brachiopodesbrachiopodes, l'eau des océans aurait même atteint 70°C.

    Ce n'est pas tout à fait ce que décrit un groupe de cinq chercheurs français (Laboratoire INSU-CNRS PaléoEnvironnements et PaléobioSphère de l'université Claude BernardClaude Bernard Lyon 1) et australiens (Australian National University). Ces paléontologistes ont étudié, sur toute la période de l'Ordovicien, des restes de la dentition d'un poissonpoisson, le conodonte, ressemblant à nos anguillesanguilles actuelles.

    Une température optimale pour la biodiversité

    En utilisant le rapport des isotopes de l'oxygène sur les conodontes, ces chercheurs, qui viennent de publier leurs résultats dans Science, observent une température de 42° au début de l'Ordovocien puis un refroidissement continu qui aurait duré 44 millions d'années, amenant les eaux océaniques à environ 30°C. Cette température plus basse, selon eux, a permis aux organismes vivants de se diversifier plus facilement.

    Ce rafraîchissement global est en effet concomitantconcomitant d'une accélération rapide de la biodiversitébiodiversité. Il y a 460 millions d'années, en effet, le nombre de familles et de genres a été multiplié par trois ou quatre. C'est notamment à cette époque que se développent les premiers récifs coralliensrécifs coralliens, tandis que les animaux colonisent le fond des océans.

    Cette hypothèse rejoint celle du géologuegéologue Matthews Saltzman qui, en se basant sur d'autres isotopes, ceux du soufresoufre et du carbonecarbone, inclus dans la roche, a proposé lui aussi une réduction drastique de la quantité de gaz carbonique durant l'Ordovicien, avec pour conséquence un effet bénéfique sur la biodiversité.

    Un peu plus tard, une autre crise, il y 438 millions d'années, provoquera une nouvelle extinction massive (entre l'Ordovicien et le SilurienSilurien), décimant une centaine de familles d'animaux, dont les discrets brachiopodes et les fastueux crinoïdescrinoïdes, des échinodermeséchinodermes fixés. Mais ceci est une autre histoire...