En fouillant un très ancien site archéologique en Espagne, des chercheurs ont mis au jour des sables mouvants fossilisés renfermant les squelettes de nombreux mammouths. Une première !


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    La commune d'Orce, en Espagne, est bien connue des scientifiques pour la richesse de ses restes archéologiques et spécialement pour la découverte d'artefacts qui témoignent d'une présence humaine dans cette région il y a 1,4 million d'années. Il s'agit d'ailleurs de l'un des plus anciens sites de peuplement d'Europe de l'Ouest.

    Voyagez dans le temps à la rencontre du mammouth dans cet épisode de Bêtes de Science, le podcast de l'intelligence animale. © Futura

    De très nombreux outils en pierre ont ainsi été retrouvés sur ce site à proximité de GrenadeGrenade. Mais en fouillant plus bas, les chercheurs se sont rendu compte de la présence d'un niveau sédimentaire exceptionnellement riche en squelettes de méga-herbivores, et notamment de mammouths.

    Un charnier de mammouths datant de plus d’un million d’années

    Mais pourquoi une telle concentration de fossiles dans cette couche ? Que s'est-il passé, il y a 1,4 million d'années, pour expliquer ce charnier ? La réponse, c'est l'analyse des particules sédimentaires formant ce niveau qui va l'apporter. Car en étudiant les roches dans lesquelles ont été piégés les ossements, les chercheurs se sont aperçus qu'elles étaient principalement composées de particules de silts et d'argilesargiles témoignant de la présence d'un paléolac, surmonté d'un niveau de sablesable très fin ayant visiblement été chargé en eau légèrement salée. Un mélange qui a la particularité de former des sables mouvants, à l'image de ceux que l'on rencontre aujourd'hui en se promenant dans la baie du Mont-Saint-Michel.

    Image du site Futura Sciences

    La fouille minutieuse du niveau renfermant les squelettes de mammouths a permis de montrer qu'il s'agissait d'anciens sables mouvants. © Université de Malaga

    Un piège naturel pour les grands herbivores

    Les archéologues auraient donc découvert un ancien bourbier où seraient tombés de nombreux animaux. Il est probable que les mammouths, en raison de leur poids et de leurs longues jambes s’enfonçant profondément dans ses sables mouvants, n'aient pas réussi à s'extirper de ce piège naturel. Pour le grand bonheur des charognards comme les hyènes -- dont la présence est attestée par des ossements et des excréments fossilisés -- et des humains. 

    Image du site Futura Sciences

    En haut, squelette de mammouth retrouvé sur le site archéologique d'Orce, certainement piégé dans des sables mouvants. En bas, une situation actuelle observée au Kenya, avec plusieurs éléphants piégés dans une mare de boue. © Palmqvist et al., 2024, Journal of Iberian Geology

    Des outils préhistoriques ont en effet été retrouvés dans ce même niveau, indiquant la présence d'Hommes sur ce site. Cette découverte, publiée dans la revue Journal of Iberian Geology, révèle ainsi les méthodes de subsistance des tout premiers Européens, qui se nourrissaient visiblement de viande de mammouth.