Comment ne pas commencer cette série des plages où l’on peut marcher dans les pas des dinosaures par le site du Veillon, en Vendée ? La plage, aussi appelée Anse de la République, est en effet l’un des plus importants gisements d’empreintes de dinosaures en France !


au sommaire


    Située à proximité des villes de Talmont-Saint-Hilaire et des Sables d'Olonne, la plage du Veillon présente un véritable trésor paléontologique : un platier sur lequel ont été imprimées plus de 2 000 empreintes de dinosaures ! Pour les découvrir, il faudra cependant attendre les grandes maréesmarées, en gardant à l'esprit que le site est bien entendu protégé et que seules les photographiesphotographies sont autorisées. Toute tentative de prélèvement est interdite !

    Ce trésor aurait été découvert pour la première fois vers 1930 par un géologuegéologue de la région, Edmond Bocquier, qui remarqua des formes étranges dans le platier du Veillon. Il ne fut cependant pas en mesure d'interpréter correctement ses observations. C'est en 1963 que les empreintes sont formellement identifiées par Gilbert Bessonnat, naturaliste. Les études qui vont suivre vont rapidement placer ce gisement comme un site majeur en paléontologie.

    Une ancienne lagune peu profonde arpentée par des dinosaures il y a 200 millions d’années

    En arrivant sur la plage du Veillon, les visiteurs pourront tout d'abord observer des roches calcaires bien stratifiées. Il s'agit de calcaires dolomitiquescalcaires dolomitiques datant du début du Jurassique (environ 200 millions d'années). Ces roches sédimentaires témoignent d'un environnement marin peu profond, de type lagunaire. En observant bien, il sera possible d'y repérer de nombreux petits fossiles de coquillages. Les plus avertis pourront y déceler des traces subtiles témoignant d'un environnement soumis à l'action des marées, avec alternance d'émersions et d'immersions (rides de vagues, fentes de dessicationdessication...)). L'analyse des restes de végétaux fossilisés retrouvés sur le site a permis de dire que le climat de la région, à cette époque, était plutôt aride.

    En descendant vers le bas de la plage, on croise alors des calcaires jaunes intercalés par des niveaux d'argilesargiles vertes, puis on arrive sur un platier constitué de grèsgrès quartzeux, qui se délite en plaques. C'est là que se trouvent les empreintes.

    Les dinosaures du Veillon - Les Pépites de Vendée Grand Littoral. © Vendée Grand Littoral

    Il faudra toutefois avoir l'œilœil pour les trouver, notamment au milieu des alguesalgues qui jonchent le sol à marée basse. Les traces sont de taille et de forme très diverses, témoignant du passage de nombreuses espècesespèces dans cette lagune à fond vaseux il y a 200 millions d'années. Certaines empreintes peuvent mesurer jusqu'à 50 centimètres de long !

    Des traces de carnivores de 3 mètres de haut

    Une étude menée à la fin des années 1980 a révélé que la plupart des traces avaient été laissées par des carnivorescarnivores, ayant peut-être arpenté cette plage à la recherche de poissonspoissons. Les plus grandes empreintes, qui possèdent trois doigts, auraient ainsi appartenu à des Eubrontes veillonensis, un théropodethéropode carnosauriencarnosaurien de 3 mètres de haut ! Des traces de Talmontopus Tersi, d'Anatopus tersi et de Saltopoïdes igalensis ont également été identifiées. Trois espèces de Grallator ont aussi laissé des empreintes, ainsi que des petits reptilesreptiles quadrupèdes ressemblant aux iguanes actuels (Batrachopus gilberti).

    Représentation de l'estuaire du Veillon, il y a 200 millions d'années. Dessin présenté dans l'article <em>L'ichnofaune reptilienne hettangienne du Veillon (Vendée, France)</em>, de Christian MONTENAT & Gilbert BESSONNAT. © G. Coppier, I.G.A.L, <em>Les Naturalistes Vendéens n°3, 2003</em>
    Représentation de l'estuaire du Veillon, il y a 200 millions d'années. Dessin présenté dans l'article L'ichnofaune reptilienne hettangienne du Veillon (Vendée, France), de Christian MONTENAT & Gilbert BESSONNAT. © G. Coppier, I.G.A.L, Les Naturalistes Vendéens n°3, 2003

    Visibles dans les flaques abandonnées par la marée, ces empreintes donnent l'impression d'être toutes fraîches. Un spectacle unique qui ne sera cependant pas éternel, l'action de la mer érodant petit à petit ce témoignage du passé. Les plaques de grès qui se détachent du platier ont cependant permis aux scientifiques de récupérer les contre-empreintes. Beaucoup sont aujourd'hui exposées dans de nombreux musées de la région ou plus généralement de France. N'hésitez pas à aller les visiter !

    Un site paléontologique, mais aussi archéologique !

    Les amateurs de préhistoire ne seront également pas en reste, car le haut de la plage a livré des vestiges archéologiques, notamment des silex et céramiquescéramiques datant du IIIe millénaire avant notre ère. Il s'agirait du plus ancien site métallurgique de l'ouest de la France.