Il fut un temps où l’Homme moderne partageait la Terre avec d’autres espèces humaines. Mais notre soif de conquête et notre intelligence les ont fait progressivement disparaître. Ils seraient les premières victimes de la sixième extinction de masse, initiée à la préhistoire et qui ravage encore le monde actuellement.


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    Actuellement, il n'y a qu'une seule espèce d'Homme sur Terre mais ça n'a pas toujours été le cas. Il y a 300.000 ans, elles étaient au moins neuf à parcourir le monde, comme l'Homo neanderthalensis en Europe ou l'Homo rhodesiensis en Afrique pour ne citer que les plus célèbres. Et puis, jusqu'à il y a 10.000 ans, huit d'entre elles ont disparu sans qu'on ait des preuves d'un quelconque cataclysme écologique. Pour Tim Longrich, paléontologuepaléontologue et spécialiste de l'évolution à l'université de Bath, le coupable serait une rencontre malheureuse avec Homo sapiens.

    Homo sapiens est une espèce à la dangerosité sans pareille ! Nos ancêtres sont parvenus à exterminer des espèces comme les mammouths. Et « nous étions une menace pour les autres populations humaines car nous convoitions les mêmes ressources et les mêmes terres » explique Nick Longrich dans son article publié par The Conversation.

    Les études historiques et archéologiques suggèrent que les premières guerres entre humains primitifs étaient généralisées mais aussi sanglantes. Les armes du Néolithique comme les lances, les haches ou les arcs, bien que rudimentaires étaient redoutables. En combinant cela à des stratégies d'attaque comme l'embuscade, l'Homo sapiens était un guerrier accompli. Ses traces de violences sont toujours visibles sur les squelettes qui nous parviennent. Par exemple, celui de l'Homme de Kennewick a été retrouvé avec une pointe de flèche plantée dans le pelvis et ceux d'Homo neanderthalensis présentent des traumatismes crâniens.

     Un crâne de Néandertal présentant des traumas crâniens. © <em>Smithsonian National Museum of Natural History</em>
     Un crâne de Néandertal présentant des traumas crâniens. © Smithsonian National Museum of Natural History

    L’arme fatale

    Malheureusement pour les autres, Homo sapiens possédait sans doute des armes plus sophistiquées qui lui donnaient un avantage certain dans les conflits et dans la quête de nourriture. Et en plus, il était plus malin. « Au-delà des outils, les peintures rupestres, les sculptures et les instruments de musiques, révèlent une arme bien plus redoutable : une capacité accrue à comprendre des concepts abstraits et à communiquer. La stratégie, la coordination et la coopération ont été nos armes les plus fatales » explique Nick Longrich.

    En Europe, les néandertaliens semblent avoir disparu quelques milliers d'années après l'arrivée de Homo sapiens. Auparavant, il a probablement donné du fil à retordre aux Homo sapiens ce qui suppose que lui aussi était capable d'élaborer des stratégies guerrières. Ces anciennes espèces existent encore dans nos gènesgènes. Des restes d'ADNADN de Néandertal ont persisté chez certains Eurasiens. Ailleurs, les Australiens gardent une petite part de l’Homme de Denisova dans leur génomegénome.

    Des pointes de lance vieilles de 13.000 ans retrouvées au Colorado. © Chip Clark, Smithsonian Institution
    Des pointes de lance vieilles de 13.000 ans retrouvées au Colorado. © Chip Clark, Smithsonian Institution

    Tuer ou être tué

    On peut se demander quel était l'intérêt pour nos ancêtres d'éradiquer ainsi leurs rivaux, au point de causer un génocide de massemasse. « La réponse est sûrement l'augmentation des populations. Comme toutes les espèces, les humains se reproduisent de façon exponentielle. Sans contrôle, nous doublons notre population tous les 25 ans. Et depuis que l'Homme est devenu un chasseur organisé, nous n'avons plus de prédateurs » précise le paléontologue.

    Sans prédation, les petits clans deviennent rapidement des grandes communautés qui s'affrontent pour les ressources disponibles. Homo sapiens n'a probablement pas planifié l'extermination de ses semblables, c'est plutôt la loi du plus fort et du plus intelligent qui aurait eu raison des espèces humaines primitives. 

    « Dans la science-fiction, on imagine à quoi pourrait ressembler une rencontre avec une autre espèce intelligente comme nous mais différente. C'est très triste de penser qu'un jour nous l'avons fait et qu'à cause de cette rencontre, ils ont disparu » conclut Nick Longrich.