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À en juger par leurs incisives, leurs longues queues et leurs pattes adaptées à la vie arboricolearboricole, les six spécimens de fossiles, très bien conservés et passés à la loupe des spécialistes, pourraient avoir ressemblé à des écureuils. Pour autant, « toute ressemblance entre ces créatures et les écureuils sont dues à une évolution convergente », signale Jin Meng, conservateur au Musée d'histoire naturelle de New York, aux États-Unis, et co-auteur d'un article à leur sujet publié dans la revue Nature.
Nommées à partir des noms de leurs découvreurs, mais aussi de la ville Linglongta concernée et de mots chinois signifiant « bête », les trois nouvelles espèces Shenshou Lui, Xianshou Linglong, et Xianshou songae, auraient vécu au Jurassique, il y a 160 millions d'années, dans un environnement tropical et arboré. Les chercheurs les réunissent dans un nouveau groupe (ou cladeclade) appelé Euharamiyida, aux côtés des Multituberculata et des Haramiyidés, eux-mêmes appartenant à la sous-classe des Allotheria, qu'ils classent au sein des mammifères.
« Depuis des décennies, les scientifiques débattent pour savoir si le groupe appelé Haramiyida, de nos jours éteint, appartient ou non à celui des mammifères, rapporte Jin Meng. Auparavant, tout ce que nous savions au sujet de ces animaux était basé sur des mâchoires fragmentées et des dents isolées. Mais les nouveaux spécimens que nous avons découverts sont extrêmement bien conservés. Et à partir de ces fossiles, nous avons maintenant une bonne idée de ce à quoi ces animaux ressemblaient vraiment et qui confirme qu'ils sont bien des mammifères. »
Un fossile de Shenshou lui (et le schéma de son squelette), découvert dans la province de Liaoning, en Chine. Ces animaux mesuraient environ 15 cm, se nourrissaient d'insectes, de graines et de fruits et vivaient essentiellement dans les arbres. © Shundong Bi et al., Nature
Des fossiles qui portent la marque des mammifères
Malgré une inhabituelle et intrigante structuration de leurs dents, la morphologiemorphologie générale et d'autres caractéristiques physiquesphysiques des fossiles se rapportent à celles des mammifères, par exemple, au niveau de l'oreille moyenne, la zone située dans le tympantympan et qui transforme les vibrationsvibrations de l'airair en des ondulations au sein des fluides de l'oreille ; celles des échantillons fossiles contiennent trois os, un trait anatomique propre aux mammifères.
En outre, les auteurs de l'étude retracent le scénario de l’apparition des mammifères de la façon suivante : les mammifères allothériens auraient évolué à la fin du TriasTrias, il y a 208 millions d'années, à partir d'un ancêtre proche des Haramiyavia puis se seraient diversifiés en deux branches : celles des Euharamiyida et des Multituberculata.
Si leur hypothèse se confirme, elle avance l'apparition des mammifères du Jurassique moyen (qui s'étend de 176 à 161 millions d'années) à la fin du Trias (entre 235 et 201 millions d'années). Pour les chercheurs cela correspond aux résultats de certaines études génétiquesgénétiques.