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Emplacement du lac Vostok. Crédit NASA.
Les équipes de scientifiques russes, qui continuent saison après saison à explorer le lac Vostok, ont confirmé leur intention de lancer un nouveau programme de recherche devant aboutir, d'ici deux ans, au prélèvement d'échantillons à l'intérieur du lac Vostok.
Celui-ci, grand comme la Corse, est le plus important des 68 lacs antarctiques connus enfouis sous 3 à 4 kilomètres de glace depuis plus d'un million d'années. Les microbiologistes ne dissimulent pas leur souhait d'y accéder afin de prélever des échantillons d'eau, et ainsi découvrir des microorganismesmicroorganismes caractéristiques de cette époque. Mais la prudence est de mise, car les risques de contaminationcontamination sont élevés et risquent de détruire aussitôt les richesses biologiques à peine découvertes.
En 1998 déjà, une campagne de carottage avait été entreprise par une collaboration russe, française et américaine, au cours de laquelle une profondeur de 3623 mètres avait été atteinte, soit 120 mètres au-dessus de la surface liquideliquide. L'échantillon obtenu avait permis de reconstituer le climat au cours des 400.000 dernières années. Mais surtout, les scientifiques s'étaient aperçus que la glace prélevée entre -3540 et -3750 mètres avait visiblement fondu, puis regelé, et étaient convaincus que cette eau avait entretemps circulé au sein du lac, entraînant divers éléments, du sel, et surtout des microbes.
Mais aujourd'hui, les équipes françaises ont reproduit la manipulation et n'ont rien découvert de probant. La pressionpression au sein du lac est de 400 atmosphères, la température de -2,5°C avec un excès d'oxygène et une très faible teneur en carbonecarbone, des conditions jugées trop extrêmes pour permettre le développement d'une forme de vie. Les microorganismes prélevés en 1998 dans la glace d'accrétionaccrétion ont été identifiées comme des espèces vivant normalement à une température de 50°C, annonce Jean-Robert Petit, chercheur au Laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement de Grenoble. Une présence bien peu probable, sauf si l'on considère l'incroyable mélange de conditions climatiques et tectoniques réunies à cet endroit. Des bactériesbactéries vivraient ainsi à l'intérieur de faillesfailles profondes de 2 à 3 km sous le plancherplancher du lac, réchauffées par un flux géothermique. Des mouvementsmouvements sismiques de la croûte terrestrecroûte terrestre expulseraient quelquefois ces bactéries, qui se retrouveraient directement piégées dans la glace d'accrétion.
Si cette hypothèse est valable, prélever de l'eau ne présente que peu d'intérêt et présenterait un risque inutile de contamination par des microorganismes, bien contemporains ceux-là, qui rendraient les échantillons inutilisables. A contrario, les chercheurs français proposent d'installer des capteurs de températurecapteurs de température et de vitessevitesse du courant, ou des sondes pour explorer les sédimentssédiments. Jean-Pierre Petit soutient de tels projets à condition que l'on reste dans la glace, "mais si on veut aller plus loin nous ne continuons plus", déclare-t-il.
Cependant les Américains souhaitent aussi pénétrer plus avant, et un rapport du National Research Council américain, récemment rendu public, estime que "l'exploration directe de l'environnement sous-glaciaire est incontournable si nous voulons comprendre ces systèmes uniques". Cet avis rejoint l'intention des Russes, qui annoncent vouloir prolonger le forage jusqu'à 20 mètres de la surface (aujourd'hui à 90 mètres), puis d'envoyer une petite sonde thermique de faible diamètre en eau libre, provoquant ainsi l'aspiration de liquide dans le trou de forage, où elle gèlera immédiatement. Un nouveau carottagecarottage permettra ensuite de ramener ces échantillons.