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Cette petite mouche, longue d'environ 1,2 mm, est piégée dans un bloc d'ambre provenant d'Amazonie occidentale (Iquitos, nord-est du Pérou). Les espèces actuelles apparentées à ce spécimen, âgé de 12 à 15 millions d'années, se nourrissent de matière organ
Contrairement à ce qu'avançaient certains scientifiques,
l'apparition de la grande biodiversité qui caractérise l'Amazonie ne serait pas un phénomène récent
C'est le troisième gisement d'ambre de ce type décelé en Amérique du Sud, mais le premier en Amazonie. En 2004, l'équipe menée par Pierre-Olivier AntoinePierre-Olivier Antoine (université de Toulouse, CNRS) y découvrait treize espèces d'insectes inconnues, âgées de 12 à 15 millions d'années, trois espèces d'acariens ainsi que plus de trente d'algues, de lichen et d'autres microorganismesmicroorganismes. Parmi les treize insectes retrouvés, douze appartiennent à des familles distinctes, ce qui montre que, au milieu du MiocèneMiocène (23 millions d'années - 5,3 millions d'années), l'Amazonie était déjà une zone chaude et humide, et un grand réservoir d'espèces. « Trouver des espèces en aussi grand nombre dans de si modestes quantités d'ambre atteste d'une grande biodiversitébiodiversité, comparable à celle d'aujourd'hui », explique Pierre-Olivier Antoine, dont l'équipe publie ses travaux dans les Proceedings of the National Academy of Sciences. Une conclusion qui contredit l'hypothèse des scientifiques soutenant que l'apparition de la biodiversité en Amazonie est un phénomène récent.
L'un des acariens emprisonnés dans l'ambre et retrouvés en Amazonie
(Courtesy of PNAS)
L'intérêt de cette découverte est d'autant plus grand que, contrairement aux dinosauresdinosaures, aux hominidéshominidés ou aux anciens oiseaux, les insectes et microorganismes ne présentent pas de squelettes susceptibles de se minéraliser. Ainsi, c'est souvent dans de la résine ou des dépôts calcairescalcaires à grains fins qu'on les trouve enfermés, et ces événements sont rares.
Deux autres expéditions sur les berges de l'AmazoneAmazone - dans une zone recouverte d'eau la majorité de l'année - ont succédé à celle de 2004. Elles ont permis à l'équipe du CNRS de soutirer 100 fragments d'ambre, pour un poids total de 500 grammes. Selon Pierre-Olivier Antoine, une partie des spécimens est si bien préservée que certaines de leurs cellules semblent intactes. Si tel est le cas, les chercheurs devraient être en mesure d'extraire de l'ADNADN et de reconstituer l'arbrearbre généalogique de leurs lignées génétiquesgénétiques.