Au printemps, les oiseaux chantent. C’est inscrit dans le grand livre de la nature. Mais il semblerait que, depuis quelques années, ces chants se font moins vibrants, plus ternes. Le signe d’un changement dans la composition des communautés qui pourrait bien contribuer à distendre encore un peu plus de lien entre nature et humanité.
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Retrouver le plaisir d'écouter les chants des oiseaux. C'est l'un des petits bonheurs du printemps. Et cela joue un rôle clé dans la manière dont nous construisons notre lien avec la nature. Sur la manière dont nous parvenons à le maintenir aussi. Mais, aujourd'hui, une équipe internationale dirigée par des chercheurs de l'université d'East Anglia (Royaume-Uni) nous apprend que ces sons que nous associons au printemps sont en train d'évoluer. Les joyeuses mélodies que nous avions l'habitude d'entendre au petit matin deviennent moins audibles et plus monotones.
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont reconstruit les paysages sonores de plus de 200.000 sites au cours de ces 25 dernières années. Le tout grâce à des enregistrements d'espèces individuelles et à des données de surveillance recueillies par des citoyens scientifiques.
Pourquoi ces travaux sont-ils si importants ? Parce que lier un contact étroit avec la nature est réputé améliorer notre santé physiquephysique et notre bonheur, notre bien-être psychologique. Tout comme il devrait nous encourager à adopter des comportements de conservation de l'environnement. Or, « le chant des oiseaux joue un rôle important dans la définition de la qualité des expériences que nous avons de la nature, mais les déclins généralisés des populations et les changements dans la répartition en réponse au réchauffement climatique signifient que les caractéristiques acoustiques des paysages sonores naturels sont susceptibles d'évoluer », explique Simon Butler, chercheur, dans un communiqué.
Nature-humains, un lien en danger
Et ce sont justement ces caractéristiques acoustiques que les chercheurs ont quantifiées à l'aide de quatre indices. Des indices déterminés par la complexité et la variété des chants des espèces étudiées, mais qui donnent une image de chaque paysage sonore dans son ensemble. « Diversité tout comme intensité sont en déclin suite à des changements dans la composition des communautés d'oiseaux », concluent les chercheurs.
La relation entre les deux n'est pas simple à faire. Et encore plus compliquée à prévoir. Les chercheurs notent toutefois que les sites qui ont connu des baisses plus importantes de l'abondance totale ou de la richesse en espèces présentent également des baisses plus importantes de la diversité et de l'intensité acoustiques. « Cependant, la structure initiale de la communauté et la façon dont les caractéristiques de chant des espèces se complètent jouent également un rôle important dans la détermination de l'évolution des paysages sonores, souligne Catriona Morrison, chercheur. Par exemple, la perte d'espèces telles que l'alouette des champsalouette des champs ou le rossignol, qui chantent des chansons riches et complexes, est susceptible d'avoir un impact plus important sur la complexité du paysage sonore que la perte d'une espèce de corvidé ou de goéland. Cependant, cela dépendra également du nombre d'espèces présentes sur le site et de leur type. »
« Malheureusement, nous vivons une crise environnementale mondiale et nous savons maintenant que la diminution du lien entre les humains et la nature peut y contribuer, poursuit Catriona Morrison. Alors que nous devenons collectivement moins conscients de notre environnement naturel, nous commençons également à remarquer ou à nous soucier moins de sa détérioration. Des études comme la nôtre visent à accroître la prise de conscience de ces pertes de manière tangible et pertinente et à démontrer leur impact potentiel sur le bien-être humain. »