Durant les mois d’hiver, nous sommes nombreux à nourrir les oiseaux sauvages. Une habitude qui n’est pas sans conséquence sur les oiseaux. Et même sur nous, estime aujourd’hui une étude menée par des chercheurs américains.


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    Aux États-Unis, pas moins de 4 milliards de dollars sont dépensés chaque année en graines par les personnes qui nourrissent les oiseaux dans leur jardin. Une habitude qui semble banale, mais qui ne l'est pas tant que cela dans un monde où nos interactions avec la nature sont de moins en moins directes. « Mieux comprendre comment les gens vivent la présence d'une faune sauvage dans leur jardin est très important tant dans une perspective de conservation de la nature que d'entretien du bien-être humain », explique Dana Hawley, chercheur à Virginia Tech (États-Unis).

    C'est pourquoi son équipe a voulu savoir comment les personnes qui choisissent de nourrir les oiseaux remarquent les événements naturels qui se produisent alors dans leur jardin et comment ils y réagissent.

    65 % des personnes qui nourrissent les oiseaux sauvages déclarent que cela leur permet de se détendre, 61 % remarquent que cela les aide à mieux connaître les oiseaux et 21 % y voient une expérience éducative pour leurs enfants. © Mohayg, Pixabay, CC0 Creative Commons
    65 % des personnes qui nourrissent les oiseaux sauvages déclarent que cela leur permet de se détendre, 61 % remarquent que cela les aide à mieux connaître les oiseaux et 21 % y voient une expérience éducative pour leurs enfants. © Mohayg, Pixabay, CC0 Creative Commons

    Protéger les oiseaux que l’on nourrit

    Grâce à près de 1.200 volontaires, ils ont pu noter que lorsque les personnes qui nourrissent les oiseaux découvrent un chat dans leur jardin, de colère, ils ont tendance à le faire fuir, à déplacer la mangeoire ou à proposer un abri aux oiseaux. Lorsqu'ils observent que leur mangeoire attire des oiseaux malades, les gens choisissent, sous le coup de la tristesse ou de l'inquiétude, de la nettoyer. Et lorsque les oiseaux ne viennent plus, ils réagissent en leur proposant plus de graines.

    D'autre part, lorsqu'il s'agit de décider de la quantité de nourriture à offrir aux oiseaux, les gens s'appuient sur des facteurs météorologiques, bien plus que sur le temps que cela prendra ou l'argentargent que cela coûtera. Ces résultats suggèrent que les personnes qui nourrissent les oiseaux observent attentivement la nature et réagissent généralement en fonction.


    Nourrir les oiseaux aurait un impact sur leur évolution

    L'hiver approche et nous allons bientôt être tentés de nourrir les petits oiseaux de nos jardins. Bonne ou mauvaise idée ? Une étude nous apprend aujourd'hui que ce geste en apparence anodin modifierait l'évolution de leur bec.

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 24/10/2017

    Lorsqu’elles fréquentent assidûment les mangeoires, les mésanges charbonnières semblent développer, au fil des générations, des becs plus longs que leurs consœurs qui se nourrissent dans la nature. © SJPrice, Pixabay, CC0 Creative Commons
    Lorsqu’elles fréquentent assidûment les mangeoires, les mésanges charbonnières semblent développer, au fil des générations, des becs plus longs que leurs consœurs qui se nourrissent dans la nature. © SJPrice, Pixabay, CC0 Creative Commons

    Pour la première fois, une étude publiée dans Science met en évidence des différences génétiquesgénétiques entre des mésanges britanniques et des mésanges hollandaises. Les premières auraient des becs plus longs  que les secondes... Et, qui plus est, ces différences semblent s'être creusées depuis quelques années seulement.

    L'ADNADN de quelque 3.000 oiseaux a été passé au crible. Les gènes présentant des mutations se trouvent être proches de ceux qui, chez l'être humain, codent pour la forme du visage. Des similitudes ont également été notées avec ceux identifiés suite à l'étude de DarwinDarwin sur la forme du bec des pinsons. De quoi laisser penser que la sélection naturelle est là aussi en marche.

    Charles Darwin avait déjà observé des différences notamment de forme de bec entre espèces de pinson, liées à leurs pratiques alimentaires. © wolfgang_vogt, Pixabay, CC0 Creative Commons
    Charles Darwin avait déjà observé des différences notamment de forme de bec entre espèces de pinson, liées à leurs pratiques alimentaires. © wolfgang_vogt, Pixabay, CC0 Creative Commons

    La sélection naturelle influencée par l’Homme

    Elle a agi sur un intervalle de temps étonnamment court. Entre 1970 et aujourd'hui, la longueur des becs des oiseaux britanniques a clairement augmenté. Ceux dont les becs sont les plus longs sont aussi ceux qui visitent le plus systématiquement les mangeoires posées par les Britanniques amoureux de petits oiseaux. Et ceux qui se reproduisent le plus facilement... sauf lorsqu'ils vivent aux Pays-Bas où ils sont moins nourris.

    Un ensemble d'observations qui poussent les chercheurs à imaginer que la longueur des becs pourrait être liée au nourrissage des oiseaux de jardin, une pratique relativement récente et particulièrement populaire au Royaume-Uni. Sur l'île, les dépenses moyennes en graines et aux mangeoires sont le double de celles d'autres pays européens.