Les incendies, la sécheresse et le réchauffement climatique ont laissé des centaines de milliers d’oiseaux faméliques périr sur le chemin de leur migration. Un épisode de mortalité exceptionnel qui inquiète les chercheurs.
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Des centaines de milliers d'oiseaux ont été retrouvés morts au Nouveau-Mexique ces dernières semaines. Dans tout l'État, des cadavres de pinsons, hirondelles, moineaux, fauvettes ou merle bleus faméliques jonchent le sol. « C'est tout simplement terrible, s'émeut sur CNN Martha Desmond, biologiste à l'université du Nouveau-Mexique. Nous parlons d'un événement majeur, avec des centaines de milliers et peut-être même des millions d'oiseaux morts », poursuit la biologiste qui parle de « tragédie nationale ».
“La plupart de cadavres n’avaient plus que la peau sur les os”
Aux côtés des biologistes de White Sands MissileMissile Range, Martha Desmond et son équipe ont commencé à identifier, cataloguer et examiner environ 300 oiseaux morts pour en savoir plus sur les raisons de cette tragédie. Des résidents ont raconté avoir vu les oiseaux se comporter de façon bizarre avant leur mort. Des espèces que l'on voit habituellement dans les arbres et les branches ont été aperçues rasant le sol ou fouillant la terre à la recherche de nourriture et d'insectes. Beaucoup étaient complètement léthargiques et ne réagissaient pas lorsqu'ils se heurtaient à des voituresvoitures et qu'on s'approchait d'eux. La plupart de cadavres n'avaient plus que la peau sur les os, signe d'un amaigrissement et d'un épuisement extrême. Certains oiseaux ont été vus littéralement « tomber comme des mouches » en plein vol.
Le désert comme ultime étape
Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer cette mortalité. Les épouvantables incendies de forêt qui ravagent la côte ouest depuis cet été ont sans doute obligé certains oiseaux à dévier de leur route habituelle. Or, il est crucial pour les oiseaux migrateursmigrateurs de disposer de zones de ravitaillement sur leur trajet. Les feux les auraient contraints à troquer les régions humides et riches en insectes de la Californie contre le désertdésert aride du Chihuahua, où ils n'ont trouvé ni eau ni nourriture. « Les oiseaux retrouvés n'ont plus aucune réserve de graisse et à peine de massemasse musculaire », explique sur son fil TwitterTwitter Allison Salas, une doctorante à l'université du Nouveau-Mexique qui a aidé à collecter les carcasses d'oiseaux. « C'est comme s'ils avaient volé jusqu'à ce qu'ils soient trop épuisés ». Outre la fumée, les états du sud-ouest ont été frappés ces derniers mois par une sécheressesécheresse extrême, ce qui a là encore amené à la raréfaction des insectes. Un bref épisode de tempête de neige dans le Colorado le 8 et le 9 septembre aurait ajouté aux difficultés. Enfin, il est possible que la fumée des incendies, qui s'est propagée à une très grande échelle, ait endommagé les poumonspoumons des oiseaux. « C'est probablement une combinaison de tout cela. Ou encore une autre explication que nous ne connaissons pas », concède Allison Salas dans The Guardian.
Réchauffement climatique et phénomènes météo extrêmes
Les épisodes météorologiques extrêmes sont régulièrement responsables de tragédies de ce genre. En avril, des dizaines de milliers d'oiseaux migrateurs avaient déjà été fauchés par des vents violents en Grèce. La pire catastrophe est survenue en 1904 dans le Minnesota, où 1,5 million d'oiseaux avaient péri en raison d'une terrible tempêtetempête de neige. En 1988, un épais brouillardbrouillard au-dessus des côtes suédoises avait aussi amené à la mort de 20.000 oiseaux migrateurs. Mais le réchauffement climatique et la sécheresse apparaissent ici comme un facteur supplémentaire de mortalité. « Le changement climatiquechangement climatique joue certainement un rôle dans cette situation, atteste Martha Desmond. Nous avons perdu 3 milliards d'oiseaux aux États-Unis depuis 1970 et nous avons également constaté un énorme déclin des insectes. Un événement tel que celui-ci est terrible pour ces populations d'oiseaux et c'est déchirant à voir. »