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Epinephelus itajara, ou mérou géant, peut atteindre 2,5 mètres et peser près de 300 kg. Cette espèce vit dans les eaux tropicales et subtropicales de l'Atlantique. Elle serait gravement menacée d'extinction. © Athila Bertoncini
Les mérous suscitent l'émerveillement de nombreux passionnés de la mer, qu'ils soient marins, plongeurs ou photographes... mais aussi des envies chez les fins gastronomes. Ces poissons à la chair goûtue font l'objet de mesures de protection sur le littoral français par l'intermédiaire de moratoires reconductibles dans le temps. Malheureusement, de telles démarches ne sont pas appliquées en d'autres points du Globe où ils sont alors pêchés en grands nombres.
Près de 20 millions d'individus ont été capturés en 2009 (environ 275.000 tonnes), soit respectivement 25 % et 1.600 % de plus qu'en 1999 et 1950. Cette industrie rapporterait chaque année plusieurs milliards de dollars. Même si des maricultures existent, la grande majorité des prises sont réalisées dans le milieu sauvage, principalement au sein de récifs coralliens où ces poissons occupent une position omniprésente de prédateur.
Durant ces dix dernières années, une équipe internationale de chercheurs a appliqué les critères de l'IUCN sur les 163 espèces de mérous répertoriées à ce jour afin de définir leur statut. Les résultats, publiés par Yvonne Sadovy de Mitcheson (université de Hong-Kong) dans la revue Fish and Fisheries, sont inquiétants. Près d'une espèce sur quatre serait menacée d’extinction à court ou moyen terme si la surpêchesurpêche se poursuit au rythme actuel.
Le mérou à taches oranges Epinephelus coioides vit dans l'Indo-Pacifique. Il est considéré, selon les critères de l'IUCN, comme étant « quasi menacé ». © Luiz Rocha
Les mérous vivent longtemps mais se reproduisent tard
La cause de leur déclin s'explique également par plusieurs caractéristiques de leur biologie. Les mérous peuvent vivre de nombreuses années, parfois jusqu'à 50 ans. Malheureusement, ils acquièrent leur maturité sexuelle au minimum vers l'âge de 5 ans. Ils ont donc de grandes chances de se faire capturer avant d'avoir eu le temps de se reproduire et par là même d'assurer la pérennité de leur espèce. Par ailleurs, ces poissons ont un comportement grégairegrégaire : ils se rassemblent, durant leurs périodes de reproduction. Ce moment est donc particulièrement apprécié des pêcheurs qui peuvent alors les capturer en grands nombres en un temps record.
Vingt espèces (12 %) sont actuellement considérées comme menacées d'extinction (sur base des critères de l’IUCN). Elles se répartissent principalement entre la mer des Caraïbesmer des Caraïbes, le littoral brésilien et l'Asie du sud-est. Vingt-eux espèces supplémentaires (13 %) pourraient les rejoindre dans un futur proche. Elles sont donc considérées à ce jour comme étant « quasi-menacées ».
Selon les experts, les mentalités doivent absolument changer. Les populations de poissons, l'une des dernières ressources animales directement prélevées dans l'environnement, ne sont pas inépuisables. Ils suggèrent donc d'optimiser la position et la taille des aires marines protégées, d'imposer une taille minimale de pêche, de limiter le nombre de prises par pêcheur, et surtout d'interdire la pêchepêche durant les périodes de reproduction. Les consommateurs ne sont pas en reste. Ils pourraient également faire des efforts, car ce sont eux qui donnent vie au marché...