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Près de la moitié de la population mondiale vivrait à proximité des mers et océans de la planète. Sources de nourritures, d'emplois ou de loisirs, ces étendues se révèlent d'une importance capitale pour l'Homme. Malheureusement, de nombreuses activités anthropiques telles que la surpêche, le développement côtier et la production de substances polluantes altèrent les écosystèmes marins tout en dégradant les sources d'avantages qu'ils nous procurent. Des politiques de gestion durable doivent donc être mises en place pour assurer la survie de ces milieux tout en maintenant les bénéfices que nous en tirons.
Plusieurs centaines d'indices reposant sur un nombre limité de facteurs biologiques ou économiques existent pour décrire l'état de ces écosystèmes et de leurs constituants. Cependant, ils sont souvent réservés aux spécialistes car trop techniques et obscurs pour le grand public. Par ailleurs, ils ne permettent pas de juger facilement si une certaine balance est respectée entre le développement des activités humaines et la capacité des océans à subvenir à nos besoins tout en restant en bonne santé.
La santé globale des océans vient de recevoir la note de 60/100 par un groupement international de chercheurs mené par Benjamin Halpern de l’University of California à Santa Barbara. Mais concrètement, à quoi correspond ce nombre et surtout pourquoi a-t-il été calculé ? Cette vidéo présente, en anglais, les réflexions ayant poussé les scientifiques à créer l’indice de santé des océans, ou Ocean Health Index. Il permet, pour chaque océan, mer ou zone économique exclusive, de définir si l’Homme exploite bien au mieux ces écosystèmes marins sans pour autant les endommager. © Conservation International et National Geographic Society
Pour combler ce manque, des chercheurs menés par Benjamin Halpern de l'University of California à Santa Barbara viennent de définir l'indice de santé des océans (ou Ocean Health Index). Son calcul tient compte de 10 paramètres issus de données écologiques (taille des stocks de poissons, biodiversité, stockage du carbonecarbone, zones protégées), économiques (valeur touristique), sociales ou encore politiques. Il peut être déterminé, d'après les informations publiées dans la revue Nature, à l'échelle de la planète, d'un océan ou d'un pays. Le score global serait de 60/100, mais de nombreuses disparités existent d'une contrée à l'autre.
Océans : un 6,6/10 pour la France métropolitaine
Les résultats vont de 36 en Sierra Leone à 86 sur l'île Jarvis dans l'océan Pacifique. Près de 32 % des territoires ont reçu une note inférieure à 50. À l'inverse, 5 % des pays ont atteint une note supérieure à 70, démontrant ainsi l'existence de territoires gérant efficacement et surtout durablement leurs ressources marines. Les zones économiques exclusives (voir la carte) des contrées développées présenteraient globalement de bons scores (73 pour l'Allemagne, 63 pour les États-Unis et 66 pour la France métropolitaine) en raison de leur plus forte économie et de réglementations permettant une gestion plus efficace des pressionspressions exercées sur le milieu marin. Certains pays développés ont tout de même obtenu de mauvaises notes, à l'image de la Pologne (42) et de Singapour (48).
Carte présentant les scores de l'indice de santé des océans obtenus par pays. Les calculs ont été réalisés pour 171 zones économiques exclusives, c'est-à-dire des aires maritimes sur lesquelles des États exercent des droits souverains. © Ben Halpern et collègues, NCEAS 2012
Les créateurs de cet indice le présentent comme un puissant outil de gestion, de communication et de sensibilisation puisque facile à comprendre. Il n'a pas été déterminé dans le but de dresser un bilan négatif de la santé de nos océans. Il serait surtout destiné à mettre en avant l'efficacité des efforts qui seront faits dans le futur. Les politiciens et scientifiques pourront également analyser les scores obtenus pour chaque paramètre entrant dans son calcul afin de savoir où porter leurs efforts.
La création de l'Ocean Health Index est vue d'un bon œilœil par de nombreux chercheurs. Il reste maintenant à savoir s'il sera un jour adopté par le monde politique puisqu'il permet notamment de définir combien de ressources peuvent être extraites des océans sans mettre à mal leur santé. Entretemps, les auteurs espèrent qu'il sera exploité par des personnes ou institutions gérant par exemple des milieux protégés.
De plus amples informations sur la méthode de calcul et le potentiel du Ocean Health Index sont disponibles à l'adresse : www.oceanhealthindex.org.