D’après une nouvelle étude américaine, le changement climatique a un impact négatif sur beaucoup de zones de pêche dans le monde. Entre 1930 et 2010, les pêcheries ont enregistré une baisse pouvant aller jusqu'à 35 % dans certaines régions du globe.


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    Les produits de la mer représentent une source importante de nourriture, notamment dans les zones côtières, et 56 millions de personnes, dans le monde, travaillent dans le domaine de la pêche. Mais la surpêche et le réchauffement climatique menacent les stocks de poisson des océans. C'est ce que suggère une étude de l'université Rutgers (New Jersey) qui paraît dans la revue Science.

    Les chercheurs ont étudié l'impact du réchauffement climatique sur 235 populations regroupant 124 espèces de poissons, crustacéscrustacés et mollusquesmollusques dans 38 régions du monde. Ils ont utilisé les données de pêcheries entre 1930 et 2010. Leur analyse couvrait environ un tiers des prises mondiales. En moyenne, le réchauffement climatique aurait réduit de 4 % les prises de poissons et de coquillages de nombreuses espèces dans des pêches durables. Mais, dans cinq régions du monde, les diminutions atteignent 15 à 35 %.

    La surpêche rend les pêcheries plus vulnérables au réchauffement

    Les pertes les plus importantes étaient enregistrées dans la mer du Japon, la mer du Nordmer du Nord, sur la côte ibérique, dans le courant KuroshioKuroshio et le golfe de Gascogne. Les régions qui enregistraient des hausses étaient la mer Baltiquemer Baltique, la mer du Labrador, l'océan Indien et les régions océaniques du Nord-Est américain. Les données étaient plus réduites dans les régions tropicales.

    Si certaines espèces ont souffert du réchauffement, d'autres en ont profité, mais l'étude montre que le réchauffement a un impact négatif sur la croissance de la majorité des espèces. Dans un communiqué, Malin Spinsky, un des auteurs de l'étude, a déclaré : « Nous avons été stupéfaits de constater que les pêcheries du monde entier ont déjà réagi au réchauffement de l'océan. » Chris Free, qui a mené cette recherche, en conclut : « Nous recommandons aux gestionnaires de la pêche d'éliminer la surpêche, de reconstituer la pêche et de prendre en compte le changement climatique dans les décisions de gestion de la pêche. »


    Avec le réchauffement, les poissons vont rapetisser !

    Article de Quentin MauguitQuentin Mauguit paru le 4 octobre 2012

    D'ici 2050, les poissons pourraient perdre près d'un quart de leur poids actuel et rapetisser. En cause ? Le réchauffement climatique, une fois de plus ! Cet effet insidieux, partiellement lié à une réduction de la quantité d'oxygène dissout dans l'eau des océans, pourrait, en plus de la surpêche, mettre à mal la survie des poissons.

    Le réchauffement climatique provoque une augmentation de la température des océans. En réponse, les poissons pourraient être amenés à changer leur distribution, par exemple en remontant plus au nord vers des eaux froides (dans l'hémisphère nordhémisphère nord), ou leur saisonnalité, un peu à l'image de ce que font de nombreuses plantes. Un effet plus subtil vient d'être souligné : dans le futur, de nombreuses espèces de poissons pourraient perdre du poids et rapetisser !

    Ce résultat issu de projections réalisées par William Cheung de l'University of British ColumbiaColumbia (Canada) vient d'être publié dans la revue Nature Climate Change. Il est inquiétant à l'heure où la surpêche provoque déjà de nombreux effondrementseffondrements des stocks de poissons dans le monde. Parmi les 610 espèces étudiées, celles peuplant les eaux tropicales et tempérées de la planète seraient les plus sensibles.

    Changements attendus pour les poissons vivant au sein d'une région définie (encadré rouge) dans le futur, en fonction de la latitude et de la profondeur. À la suite de la réduction de la concentration en oxygène dissout dans l’eau causée par le réchauffement climatique, les poissons pourraient devenir plus petits et migrer vers les pôles. © adapté de Cheung <em>et al.</em> 2012, <em>Nature Climate Change</em>
    Changements attendus pour les poissons vivant au sein d'une région définie (encadré rouge) dans le futur, en fonction de la latitude et de la profondeur. À la suite de la réduction de la concentration en oxygène dissout dans l’eau causée par le réchauffement climatique, les poissons pourraient devenir plus petits et migrer vers les pôles. © adapté de Cheung et al. 2012, Nature Climate Change

    Des poissons plus petits vivant à de plus hautes latitudes

    Des données empiriques l'ont déjà montré, la longueur maximale des poissons tendrait à diminuer lorsque la température de l’eau augmente. Aucune étude n'avait jusqu'à présent projeté les conséquences de ce phénomène sur le long terme, disons pour 2050. Comment connaître la température qu'il fera sur TerreTerre d'ici là ? Sans mystère, il faut aussi avoir recours à un modèle. Dans cette étude, William Cheung s'est basé sur l'évolution climatique la plus pessimiste prévue par le GiecGiec. Au final, les poissons pourraient perdre entre 14 et 24 % de leur massemasse d'ici le milieu du siècle, soit 2,8 à 4,8 % par décennie.

    La moitié de cette perte serait imputable à des changements d'abondance et de distribution. Le reste dépendrait plutôt d'une réponse physiologique. Lorsque la température de l'eau augmente, la concentration en oxygène dissout diminue. Or, plus un poisson est grand et plus il a besoin d'O2 afin d'assurer un bon fonctionnement de son métabolisme. Pour éviter toute pénurie du précieux gazgaz (par rapport à leur taille) et assurer leur survie, les poissons ont donc tout intérêt à limiter leur croissance.

    Ainsi, les organismes tropicaux vivront par exemple à de plus hautes latitudeslatitudes (déplacement moyen vers le nord ou le sud de 27,5 à 36,4 km par décennie) et seront plus petits de 20 % en 2050. Ils pourraient également de produire des œufs de plus faible diamètre et en moins grande quantité, ce qui serait dommageable pour leur survie. La perte de taille ou de masse risque d'être plus importante chez les espèces peuplant l'océan Indien (24 %), puis l'Atlantique (20 %) et enfin le Pacifique (14 %).

    Il ne fait pas bon être un poisson marin de nos jours ! Ces résultats, basés sur des projections pourvues de certaines incertitudes, rappellent qu'il devient urgent de lutter efficacement contre les émissionsémissions massives de gaz à effet de serre.