Mauvaise nouvelle : à cause du changement climatique lui-même, la capacité des océans à absorber le gaz carbonique semble arriver à saturation. Selon des résultats récents, l’océan Antarctique, principal puits de carbone, a cessé depuis trente ans d’augmenter son stockage de carbone.

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    Autour de l’Antarctique, l’océan austral semble rechigner à absorber davantage de gaz carbonique… Crédit  : Nasa

    Autour de l’Antarctique, l’océan austral semble rechigner à absorber davantage de gaz carbonique… Crédit : Nasa

    Pour la première fois, des chercheurs ont mesuré directement les quantités de dioxyde de carbone atmosphérique absorbée et rejetée par l'océan. Les mesures effectuées par une équipe internationale menée par Corinne Le Quéré, de l'université britannique East Anglia, ont porté sur onze stations installées dans l'océan Antarctique, complétées par des données recueillies en d'autres endroits du globe (une quarantaine au total). Les résultats imposent de revoir à la baisse la capacité de l'océan mondial à capter le dioxyde de carbone, principal gaz à effet de serre, émis par les activités humaines.

    Jusque-là, on pensait que le captage de dioxyde de carbone par l'eau de mer augmentait naturellement avec l'élévation de la teneur de gaz dans l'atmosphère. Au total, l'océan devrait ainsi récupérer le quart du gaz carbonique produit par la consommation de combustiblescombustibles fossiles. A lui seul, l'océan austral en absorbe 15 %, ce qui en fait le premier puits de carbonepuits de carbone du monde. La biosphèrebiosphère terrestre absorbe, elle, un autre quart. Au total, la moitié des émissionsémissions humaines (la moitié seulement...) serait ainsi récupérée par la nature sans aller renforcer l'effet de serre.

    La faute au réchauffement

    D'après les résultats de l'étude qui vient d'être publiée dans Science, cette sympathique proportionnalité n'est plus respectée. L'absorptionabsorption de l'océan austral entre 1981 et 2004 n'a pratiquement pas augmenté, comme s'il était parvenu à saturation. L'explication, proposée par l'équipe, est plus complexe mais le point inquiétant est que l'origine provient du réchauffement globalréchauffement global lui-même. Selon les chercheurs, le fautif est le renforcement des ventsvents observé dans ces zones antarctiques. Or, il est causé par la réduction de la couche d'ozonecouche d'ozone au-dessus de l'Antarctique et par l'augmentation de gaz à effet de serre. En brassant plus énergiquement la surface de l'océan, ces vents plus puissants intensifie la remontée d'eaux profondes, plus froides et plus salées. Dans ces eaux plus denses, le gaz carbonique se dissout moins facilement.

    Cet effet n'a été repéré que dans l'océan austral... sans doute parce qu'on ne l'a pas cherché ailleurs. C'est l'avis des scientifiques responsables de l'étude qui estiment possible que l'Atlantique nord subisse un phénomène équivalent.