Le satellite franco-américain d'océanographie Jason 3 sera mis en orbite ce dimanche par un lanceur Falcon 9 de SpaceX. Comme ses prédécesseurs, il aura pour tâche de surveiller la montée inexorable du niveau des mers et des océans.

Pour son premier lancement de l'année, SpaceX doit mettre en orbite le satellite Jason 3, issu d'une collaboration entre le Cnes, la Nasa, Eumetsat et la NOAA. Si les conditions météorologiques sont favorables, l'opération aura lieu ce dimanche, à 19 h 42 (heure de Paris), depuis le complexe de lancement numéro 4 de la base militaire de Vandenberg, en Californie (États-Unis). Comme lors du précédent tir, il y aura une tentative de récupération de l'étage principal du Falcon 9. L'armée de l'air américaine, qui gère la base de Vandenberg, n'ayant pas autorisé un retour sur terre ferme, c'est sur une barge en pleine mer que l'étage ira se poser.

Construit par Thales Alenia Space autour de la plateforme Proteus, Jason 3 emportera l'altimètre Poseidon 3B qui constitue l'élément clé de ce programme. Il emportera également le système Doris pour l'orbitographie de précision, un radiomètre micro-ondes, la charge utile de localisation GPSP (un système de positionnement utilisant les satellites du GPS) et un ensemble de réflecteurs à laser. Jason 3 embarque également Carmen 3. Cet instrument expérimental est un dosimètre qui doit permettre d'améliorer la connaissance des radiations particulièrement agressives où évoluera Jason 3.

Le satellite sera placé sur la même orbite, non héliosynchrone, que Jason 2 à une altitude de 1.336 km et avec une inclinaison de 66°, ce qui permettra une couverture presque totale de toutes les étendues océaniques libres de glace.

Graphique représentant le niveau moyen des océans calculé depuis janvier 1993 à partir des données de Topex-Poséidon, Jason 1 et Jason 2. Si la tendance globale est à l'élévation, il existe des différences régionales marquées variant entre -10 et 10 mm/an. Ces variations ne sont pas stationnaires mais fluctuent dans l'espace et le temps. © Cnes, Legos, CLS

Graphique représentant le niveau moyen des océans calculé depuis janvier 1993 à partir des données de Topex-Poséidon, Jason 1 et Jason 2. Si la tendance globale est à l'élévation, il existe des différences régionales marquées variant entre -10 et 10 mm/an. Ces variations ne sont pas stationnaires mais fluctuent dans l'espace et le temps. © Cnes, Legos, CLS

Les océans sous haute surveillance depuis plus de 20 ans

En succédant à Topex-Poséidon, Jason 1 et Jason 2, Jason 3 assurera la continuité des mesures d'altimétrie océanique de haute précision au service de la surveillance du climat, de l'océanographie opérationnelle et de la prévision saisonnière.

Depuis les premières études de Topex-Poseidon, en 1992, les scientifiques disposent aujourd'hui de 23 années de topographie de l'océan, ce qui a permis de constater une augmentation du niveau global de la mer de 3,3 mm par an ! Au total, grâce à Jason 3, les données continues de la série commencée avec Topex-Poséidon devraient couvrir une période de 30 ans, période considérée comme significative pour des applications liées au climat.

Le satellite Jason 3 entièrement assemblé. La photographie a été prise en avril 2015 dans l'usine cannoise de Thales Alenia Space. À l'époque, son lancement était prévu en juillet 2015 mais l'explosion d'un Falcon 9 un mois plus tôt avait contraint SpaceX à reporter son lancement. © Rémy Decourt

Le satellite Jason 3 entièrement assemblé. La photographie a été prise en avril 2015 dans l'usine cannoise de Thales Alenia Space. À l'époque, son lancement était prévu en juillet 2015 mais l'explosion d'un Falcon 9 un mois plus tôt avait contraint SpaceX à reporter son lancement. © Rémy Decourt

Consciente de l'intérêt d'une telle série de données, la Commission européenne a décidé d'intégrer ce besoin dans le programme Copernicus, prouvant ainsi sa volonté de garantir la continuité opérationnelle des missions altimétriques Jason au-delà de Jason 3. Elle a donc donné son feu vert à Sentinel 6, une sixième famille de satellites. Il s'agit d'une mission d’altimétrie spatiale qui comprend deux satellites identiques. Ceux-ci seront lancés en 2020 et 2026 pour une durée de vie contractuelle d'au moins 5 ans et demi, ce qui signifie que la mesure de la hauteur des mers est garantie jusqu'au début de la décennie 2030.

Des courants océaniques aux marées en passant par la hauteur des vagues, la vitesse des vents et les variations de salinité, l'altimétrie est à la base d'une multitude d'applications qui font de l'océanographie opérationnelle un outil très précieux pour comprendre le changement climatique. Cette discipline fournit aussi des informations sur la topographie dynamique de l'océan, ce qui permet d'en déduire les phénomènes profonds.