Les nuages acides saupoudrent les océans de fer et, ainsi, les fertilisent, ce qui augmente l’absorption du CO2 atmosphérique dans les océans. Les chercheurs de l’Université de Leeds ont découvert que ces nuages transforment le fer des poussières aériennes en nanoparticules de fer extrêmement solubles et donc biodisponibles.

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Suivi satellitaire d'un nuage de pollution (smog) au-dessus de l'Indonésie. © Nasa

Suivi satellitaire d'un nuage de pollution (smog) au-dessus de l'Indonésie. © Nasa

Le fer est un élément limitant de la production organique dans les océans. Sans fer, le phytoplancton ne peut croître et se multiplier, et donc n'a pas besoin d'absorber de carbone pour produire sa matière organique et ses coquilles calcaires (qui sont composées de calcium et de carbone). Avec, en revanche, il se développe, fixe le carbone et alimente tout l'écosystème car le phytoplancton est à la base de la chaîne alimentaire océanique. Les déchets produits par les organismes et leur cadavre, notamment leur squelette ou leur coquille, tombent sur le fond des océans et sédimentent. A l'échelle des temps géologiques et des océans, cette pluie continuelle représente de gigantesques quantités de carbone qui sont ainsi piégées.

Pollution atmosphérique et smog au-dessus de la baie de Hong-Kong © Havelkip CC-by sa
Pollution atmosphérique et smog au-dessus de la baie de Hong-Kong © Havelkip CC-by sa

L'ensemencement des océans en fer est donc favorable à la lutte contre les émissions de CO2. Des expériences de géoingénierie ont été menées dans ce but pour augmenter artificiellement les quantités de fer et ainsi lutter contre le changement climatique.

Concrètement, le fer des particules atmosphériques, des poussières sahariennes par exemple, est transformé au sein de ces nuages. Des gouttelettes se forment autour de ces particules puis s'évaporent, créant un milieu très acide, favorable aux réactions chimiques. Ce phénomène a été observé aussi bien en laboratoire que dans des échantillons naturels.

Combattre le feu par le feu ?

« Les pollutions anthropiques rejettent des composés acides dans l'atmosphère et pourraient ainsi favoriser la formation de nanoparticules de fer » énonce le Docteur Zongbo Shi de l'Ecole de la Terre et de l'Environnement de l'Université de Leeds. Quel paradoxe, les pollutions des industries lourdes de pays comme la Chine pourraient, en créant les nuages acides, favoriser la lutte contre le changement climatique !

Cette découverte éclaire sous un nouveau jour les mécanismes d'apport en fer des océans. « Ce phénomène se déroule partout sur Terre, mais c'est dans les océans que les conséquences sont les plus intéressantes. Nous avons découvert une source inconnue de fer biodisponible, apporté par les précipitations » déclare le professeur Michael Krom, principal artisan de cette recherche. Cette découverte relancera-t-elle les projets d’injection de soufre pour lutter contre l'effet de serre ou bien servira-t-elle de justification à certaines pollutions ?