De nombreux requins marteaux sont chaque année capturés accidentellement durant des pêches à la palangre. Une scientifique a eu l’idée de remplacer les plombs placés sur les hameçons par des boules de néodyme et de praséodyme. Ces métaux produisent en effet un champ électromagnétique répulsif en présence d’eau. L’idée est excellente mais…

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    Pratique courante, la pêche à la palangre consiste à immerger des cordes, laissées à la dérive ou posées sur le fond, auxquelles sont attachées de multiples lignes de pêche. Cette approche est régulièrement critiquée car les prises accessoires, c'est-à-dire la capture de poissons non souhaités, peuvent être importantes.

    La liste des victimes inclut le requin marteau halicorne Sphyrna lewini. En 20 ans, la pêche à la palangre et le braconnage dont ce squale fait l'objet pour ses ailerons auraient réduit sa population mondiale de 89 %. Selon l'UICNUICN, cette espèce emblématique à la tête aplatie est maintenant « en danger ». Des solutions sont donc cherchées pour inverser la tendance.

    L'une d'entre elles vient d'être proposée par Melanie Hutchinson du Hawaii Institute of Marine Biology. Sachant que les requins sont dotés de récepteurs électrosensibles, les ampoules de Lorenzini, elle a eu l'idée de remplacer les plombsplombs de pêche situés à proximité des hameçons par des boules de lanthanidelanthanide. Ces métauxmétaux, en effet, génèrent un champ électromagnétiquechamp électromagnétique, qui aurait des propriétés répulsives chez les requins marteaux juvéniles. Ces travaux ont été présentés dans la revue Fisheries Research.

    La présence de ce lest en lanthanide permet de réduire de 50 % les captures accidentelles de requins marteaux âgés de moins d'un an. Un problème de coût se pose néanmoins. En 2011, il fallait environ 250 dollars (190 euros) pour acheter 1 kg de néodyme. © Melanie Hutchinson

    La présence de ce lest en lanthanide permet de réduire de 50 % les captures accidentelles de requins marteaux âgés de moins d'un an. Un problème de coût se pose néanmoins. En 2011, il fallait environ 250 dollars (190 euros) pour acheter 1 kg de néodyme. © Melanie Hutchinson

    Vers une pêche à la palangre plus respectueuse des requins ?

    Le plomb a été remplacé par du néodyme (Nd) et du praséodymepraséodyme (Pr). Deux palangres expérimentales de fond ont été posées à l'intérieur, là où vivent de jeunes Sphyrna lewini, et au large de la baie de Kaneohe à Hawaï. Leurs taux de capture ont ensuite été comparés à ceux de palangres conventionnelles immergées sur les mêmes sites. Les lignes pourvues de lanthanide ont emprisonné 2 fois moins de requins marteaux ! Ainsi, leur utilisation permettrait à terme d'obtenir un plus grand nombre d'adultes en âge de se reproduire. 

    La même expérience a été reproduite au large de la Californie et de l'ÉquateurÉquateur, mais cette fois-ci avec des palangres dérivantes. L'objectif était alors de déterminer le pouvoir répulsif du néodymenéodyme et du praséodyme sur des espèces pélagiquespélagiques comme le requin mako (Isurus oxyrinchus) ou le requin bleu (Prionace glaucaPrionace glauca). Aucune différence notable n'a été observée, probablement parce que ces animaux n'utilisent pas l'électroréception pour chasser ou se diriger. En effet, ils ne vivent pas dans des eaux pouvant être troubles ou sombres comme les espèces côtières.  

    Restait à savoir si les palangres expérimentales ont affecté les résultats de la pêche. La réponse est non, le taux de capture des thons, par exemple, est resté inchangé indépendamment du type de métal utilisé pour lester les lignes. La solution proposée par Melanie Hutchinson souffre tout de même de deux inconvénients majeurs. Premièrement, le néodyme et le praséodyme sont des métaux coûteux. Deuxièmement, ils se dissolvent rapidement dans l'eau. Ils doivent donc être remplacés très régulièrement. Le principe a le mérite de fonctionner, mais des améliorations doivent encore être trouvées.