Jusqu’à présent considéré comme le second trou bleu le plus profond au monde, avec 274 mètres de profondeur, le Taam Ja’, situé dans la baie de Chetumal au Mexique, vient de reprendre la première place du podium. De nouvelles mesures révèlent qu’il serait en effet beaucoup plus profond qu’on ne l’imaginait !
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Lors de sa découverte en 2021, le Taam Ja' avait été catégorisé comme second trou bleu le plus profond du monde. La profondeur de ce gouffre sous-marin situé dans la baie de Chetumal au Mexique avait en effet été estimée à 274 mètres (voir l'article plus bas), le positionnant alors juste derrière le célèbre Dragon Hole découvert en mer de Chine méridionale en 2016.
Un trou de plus de 420 mètres de profondeur au fond de l'eau
Mais suite à une nouvelle mission d'exploration, il semble qu'il faille revoir ce classement. En décembre 2023, une expédition océanographie a en effet plongé une sonde au cœur du Taam Ja' dans le but de mesurer l’évolution de divers paramètres physiques au cours de la descente comme la température, la pressionpression et la conductivitéconductivité électrique. Ces données sont transmises en temps réel à la surface via le câble reliant la sonde CTD au navire océanographique. Or, lorsque la sonde a atteint les -274 mètres sous la surface, les scientifiques se sont vite rendu compte qu'ils étaient encore loin du fond ! Ils ont donc continué à descendre l'appareil de mesure, jusqu'à une profondeur 420 mètres ! Et encore, la sonde a été limitée par sa propre profondeur d'opération, non parce qu'elle avait atteint le fond. De fait, le Taam Ja' est désormais indubitablement le trou bleu le plus profond du monde (et de loin), avec une profondeur maximale encore non connue.
Un trou connecté à un ensemble de galeries sous-marines
Dans l'article publié dans la revue Frontiers in Marine Science, les chercheurs expliquent que la profondeur initiale de ce trou bleu avait été estimée grâce à l'utilisation d'un échosondeur, une technique de mesure qui utilise la vitessevitesse des ondes réfléchies pour calculer la distance du fond. Une technique inappropriée dans ce cas, car trop sensible aux fortes fluctuations de la densité de l'eau que l'on observe dans cet environnement bien spécifique.
Les données acquises lors de cette incroyable descente suggèrent également que le Taam Ja' doit être connecté avec tout un réseau de galeries le reliant à l'océan. En effet, les cénotes de ce type possèdent normalement des conditions de température et de salinité bien distinctes du reste de l'environnement océanique, du fait de l'isolement de cette massemasse d'eau. Or, au-delà de 400 mètres de profondeur dans le Taam Ja', les scientifiques ont noté que ces conditions rejoignaient celles de l'océan, suggérant une connexion avec le domaine océanique ouvert.
Plongée dans les profondeurs du second plus grand « trou bleu » au monde
Découvert en 2021 au large du Mexique, le Taam Ja' s'avère être le second trou bleu le plus profond au monde. Une équipe de scientifiques a passé au crible cet étrange gouffre sous-marin afin de mieux comprendre sa formation et les conditions de vie qu'il présente.
Article de Morgane GillardMorgane Gillard publié le 25 avril 2023
Tout comme les gouffres terrestres, les trous bleus fascinent et intriguent. Ces mystérieuses cavernes sous-marines parfaitement circulaires ressemblent en effet à des bouches géantes s'ouvrant sur un monde inconnu.
Des trous bleus ont été observés dans plusieurs océans ou mers, notamment aux Caraïbes ou aux Bahamas, où les eaux cristallines les rendent facilement repérables depuis le ciel. Mais la plus grande structure de la sorte se trouve en mer de Chine méridionale. Découvert en 2016, le Dragon Hole s'enfonce en effet verticalement sur plus de 300 mètres de profondeur.
Une origine karstique
Ces gouffres sous-marins sont situés sur les plateaux calcairescalcaires peu profonds qui bordent de nombreuses côtes, et c'est bien l’action de l’eau qui a produit ces étranges structures, tout comme les gouffres terrestres. La plupart des trous bleus se sont d'ailleurs formés durant les derniers âges glaciaires, alors que ces plateaux calcaires étaient encore émergés. Petit à petit, l'eau a rongé la roche tendre, formant un réseau karstique et créant des gouffres. La montée du niveau des mers, à la suite de la fonte des glaces, il y a 11 000 ans, a alors submergé ces cavernes, qui gisent désormais à quelques mètres sous la surface.
Des conditions chimiques bien particulières
Les trous bleus restent cependant encore mal connus. Pour mieux comprendre leur formation et les conditions de vie qu'ils présentent, une équipe de scientifiques a plongé au cœur du second plus profond trou bleu au monde. Situé dans la péninsulepéninsule du Yucatan, dans les eaux du Mexique, le Taam Ja' n'a pas grand-chose à envier à son grand frère en mer de Chine. Il est en effet profond de 274 mètres et son ouverture mesure une centaine de mètres de diamètre.
Découvert en 2021, il vient de faire l'objet d'une étude approfondie. Les résultats ont été publiés dans la revue Frontiers in Marine Science. Ils révèlent une composition chimique de l'eau de mer unique, qui résulte de la condition confinée de ce milieu, à l'abri de l'action des vaguesvagues qui mélange habituellement les différentes couches d'eau. L'absence de lumièrelumière entraîne également l'inexistence d'organismes photosynthétiques. Ainsi, avec la profondeur, la température chute et la salinitésalinité augmente, tandis que le taux d'oxygène diminue drastiquement. Les parois de ce trou bleu sont cependant peuplées de nombreuses colonies bactériennes adaptées à cet environnement particulier.
Les trous bleus s'avèrent donc être de formidables endroits pour étudier le développement de la vie dans des conditions hostiles, notamment sur d'autres planètes de notre Système solaireSystème solaire.