En mesurant la salinité des océans et son évolution en lien avec le réchauffement du climat, une université australienne tente d'améliorer les prévisions sur les pluies dans certaines régions du monde.
au sommaire
Une nouvelle étude australienne de l'Université de Nouvelle-Galles du Sud (UNSW Sydney) publiée dans Nature montre que le cycle de l'eau est bouleversé par la hausse globale des températures liée au changement climatique. Le cycle de l'eau est le parcours naturel entre les grands réservoirs d'eau de notre Planète. Cette eau, présente sous plusieurs formes (liquideliquide, solidesolide ou gazeuse) se déplace entre les océans, l'atmosphère, les glaciers, les nappes souterraines, les cours d'eau et les lacs. C'est l'énergieénergie du SoleilSoleil qui est à l'origine de ce parcours, en favorisant l'évaporation de l'eau et donc son déplacement. Les océans sont le plus grand réservoir d'eau de notre Planète et ils sont à l'origine de 77 à 85 % de l'évaporation globale et des précipitations sur Terre. Ces échanges ont une influence sur la salinitésalinité de l'océan. La salinité des océans est déterminée par l'équilibre entre ce qui entre dans l'océan et ce qui sort de l'océan.
Ce cycle de l'eau, dans lequel de l'eau des océans est transportée vers les terres, rend notre environnement habitable et notre sol fertile. Il est donc indispensable à l'équilibre sur Terre. Mais le réchauffement climatique contribue à renforcer les extrêmes : l'eau des régions sèches se déplace vers les régions déjà humides, empirant les sécheressessécheresses et aggravant les fortes pluies dans les zones humideszones humides.
L'eau douce s'évapore de plus en plus des océans
En utilisant le modèle CMIP6 (Sixth Climate Model Intercomparison Project), l'université australienne a réussi à estimer la quantité d'eau douceeau douce qui s'est déplacée de l'équateuréquateur pour rejoindre les pôles entre 1970 et 2014. L'étude montre qu'il y a entre deux et quatre fois plus d'eau douce que ce que l'on croyait qui a été transportée des océans chauds vers les océans froids. Plutôt que de mesurer la quantité de précipitations tombées sur une zone, comme cela a déjà été fait dans le passé, les chercheurs ont préféré mesurer le degré de salinité de plusieurs régions océaniques. Dans les régions chaudes, l'évaporation laisse s'échapper l'eau douce des océans, rendant donc ces océans plus salés. Le cycle de l'eau emmène ensuite cette eau douce dans les régions les plus froides, où cette eau retombe sous forme de pluies, notamment sur l'océan « froid », le rendant moins salé. Les océans des régions chaudes sont donc bien plus salés que ceux des régions froides, et ce phénomène s'accentue avec le réchauffement du climatclimat. Les scientifiques estiment qu'entre 1970 et 2014, 46.000 à 77.000 kilomètres cubes d'eau douce ont été transportés de l'équateur vers les pôles, au moins deux fois plus que ce qui avait été estimé jusqu'à présent.
Évaluer la salinité des océans permet d'améliorer les prévisions climatiques
Le but à plus long terme de cette étude ? Améliorer la fiabilité des modèles de prévisions climatiques et essayer de déterminer les conséquences sur la biodiversitébiodiversité et l'agriculture des régions concernées : en déterminant plus précisément la quantité d'eau douce qui s'échappe des océans, les scientifiques peuvent mieux évaluer la quantité de pluie qui risque de tomber sur une région. L'équipe australienne estime que d'ici 10 à 20 ans, les données actuelles sur la salinité des océans et le transport d'eau douce pourront permettre de prédire avec plus de précisions l'évolution des pluies et ses conséquences sur Terre.