La température moyenne de surface des océans ne cesse de monter, preuve de l'inquiétant réchauffement en cours. Mais une petite zone du Pacifique suscite la curiosité des climatologues et pourrait même remettre en question les prévisions des modèles climatiques : une masse d'eau située à proximité de l'Équateur se refroidit d'année en année, dans un océan Pacifique qui évidemment, se réchauffe. Et cela risque d'avoir des conséquences majeures, au niveau météorologique, mais aussi climatique.
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En 30 ans, cette zone de l'océan Pacifique a perdu 0,5 °C, une baisse considérée comme très importante par les spécialistes. L'océan Pacifique est le plus vaste de tous et l'ensemble des mécanismes qui régissent son fonctionnement ne sont pas encore connus. Mais dans un contexte de surchauffe extrême des océans, cette baisse continue interroge. Il ne s'agit pas d'une variation isolée, et temporaire, mais d'une tendance qui se confirme chaque année un peu plus depuis plusieurs décennies. Cette anomalieanomalie climatique est connue sous le nom de « langue froide du Pacifique », et s'étire sur des milliers de kilomètres.
La langue froide a des conséquences sur la météo de plusieurs continents
Ce qui pourrait paraître insignifiant est en fait un phénomène qui a de grosses implications : sur la météométéo tout d'abord, mais aussi sur l'évolution prévue du climat. Certains grands instituts d'étude du climat, comme l'université de Colorado Boulder, considère même qu'il s'agit de « la plus importante question sans réponse de la science du climat ». Rappelons que le phénomène Enso, caractérisé par les phases La NiñaLa Niña et El NiñoEl Niño qui durent un à trois ans, influence directement la météo de plusieurs continents. La « langue froide du Pacifique » se situe à un endroit différent, mais son pouvoir sur les conditions météo pourrait être aussi fort. Si le refroidissement des eaux à proximité de l'Équateur persiste dans le temps, encore plusieurs dizaines d'années, cela aura des conséquences sur la météo en Californie (plus sèche), sur le manque de précipitations dans la Corne de l'Afrique, sur les incendies en Australie, ou encore sur la mousson en Inde, exactement comme le fait le phénomène froid La Niña (qui s'est produit de 2019 à 2022, avant le retour d'El Niño en 2023).
Plus encore, l'influence de la température du Pacifique a un impact sur la température moyenne globale de la Planète : ce phénomène froid mystérieux pourrait donc atténuer en partie la hausse des températures liée au réchauffement climatique, comme l'a fait La Niña ces dernières années. Une masse d'airmasse d'air froid au milieu d'un océan chaud engendre de la condensationcondensation et de la convectionconvection, et donc davantage de nuagesnuages. Plus il y a de nuages, et plus les rayons UVUV sont redirigés vers l'atmosphèreatmosphère, car ils n'arrivent pas à pénétrer. Ce scénario conduit à forcément moins de chaleurchaleur. Et ce phénomène de « langue froide » n'est pour le moment pas pris en compte par les calculs des modèles de prévision climatique, car il est totalement incompris.
Plus le réchauffement s'aggrave, plus cette zone se refroidit
Qu'est-ce qui peut donc bien causer ce refroidissement constant au milieu d'un océan qui se réchauffe ? Les climatologuesclimatologues ont émis plusieurs hypothèses, sans certitude :
- une variabilité naturelle liée à des ventsvents qui ramènent des eaux froides des profondeurs des régions du Nord, pour les faire remonter en surface. C'est le mécanisme d'upwelling qui peut donc persister, ou s'arrêter subitement. Celui-ci peut être tout à fait naturel, ou bien perturbé par le changement climatique ;
- une conséquence inattendue du réchauffement climatique : la fonte des glaces en Antarctique donnerait lieu à un mouvementmouvement d'air froid en direction de l'Équateur. Une hypothèse appuyée par le fait que certaines zones de l'océan Austral près de l'AntarctiqueAntarctique ont aussi des poches d'eau froide.
Quoi qu'il en soit, depuis 30 ans, à mesure que le climat se réchauffe, cette « langue du Pacifique » se refroidit de plus en plus, et ce n'est peut-être pas un hasard. Cependant, comme son origine n'est pas encore connue, il est impossible de prévoir son évolution.