Et si la lutte contre l’antibiorésistance passait par la recherche de bactéries dans des environnements peu hospitaliers ? C’est ce que suggère une nouvelle étude, qui montre que ces actinomycètes découverts dans l’océan Arctique pourraient aider à développer un antibiotique contre E. coli.


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    Alors que la découverte des antibiotiquesantibiotiques a révolutionné la médecine, leur utilisation, parfois de manière injustifiée, a entraîné le développement de résistancerésistance chez de nombreuses bactériesbactéries. Face à cette évolution, une seule échappatoire : découvrir de nouveaux antibiotiques.

    Les actinomycètes, ces micro-usines pharmaceutiques !

    Bien sûr, l'isolement des souches antibiotiques se fait en laboratoire, mais ce que l'on sait moins, c'est que la grande majorité d'entre elles proviennent en fait d'une classe de bactéries que l'on retrouve un peu partout dans la nature : ce sont les actinobactéries, aussi appelées actinomycètes. Se présentant sous la forme de petits filaments, ces bactéries peuplent en effet les sols ou le fond des océans. Elles vivent d'ailleurs souvent en symbiose avec des plantes, champignons, éponges... Elles possèdent surtout un superpouvoir qui leur permet de synthétiser des composés organiques complexes, qui s'avèrent être des antibiotiques contre de nombreux agents pathogènespathogènes. D'où l'intérêt que leur porteporte la recherche pharmaceutique, notamment dans leur lutte contre l’antibiorésistance.

    Les actinomycètes sont très présents dans les sols, notamment dans l'humus. © Thomas, Adobe Stock
    Les actinomycètes sont très présents dans les sols, notamment dans l'humus. © Thomas, Adobe Stock

    Bientôt un nouvel antibiotique pour lutter contre E. coli ?

    Il s'avère en effet qu'il existe une multitude de sortes d'actinomycètes, chacune adaptée à son environnement. Si celles présentes dans les sols sont désormais plutôt bien connues, aller les chercher dans des environnements plus exotiquesexotiques pourrait ainsi s'avérer payant. C'est ce que montrent en tout cas les résultats de cette nouvelle étude publiée dans Frontiers in Microbiology.

    Des chercheurs ont ainsi découvert des composés capables de bloquer la virulence et la croissance de la tant redoutée bactérie Escherichia coli entéropathogène, à l'origine de diarrhéesdiarrhées aiguës dangereuses pour les jeunes enfants. Cette découverte a été réalisée en analysant des actinomycètes prélevés sur des invertébrés lors d'une campagne dans l'océan Arctique !

    C'est lors d'une campagne océanographique dans l'océan Arctique à proximité du Svalbard qu'ont été prélevés les actinomycètes présentant un intérêt pour la lutte contre E. coli. © Yannik Schneider
    C'est lors d'une campagne océanographique dans l'océan Arctique à proximité du Svalbard qu'ont été prélevés les actinomycètes présentant un intérêt pour la lutte contre E. coli. © Yannik Schneider

    Des résultats très prometteurs qui pourraient déboucher sur la production d'un nouvel antibiotique ciblant cette bactérie pathogène.