Une étude réalisée sur des drosophiles exposées à des faibles doses de néonicotinoïdes montrent les troubles neurologiques et métaboliques induits par ces insecticides.

L'imidaclopride est un insecticide de la famille des néonicotinoïdes autorisé en Europe seulement lorsqu'il est utilisé dans des serres permanentes ou en traitement sur des semences destinées à un usage en serre. En France, l'usage de l'imidaclopride et de quatre autres néonicotinoïdes est interdit, même pour des usages sous serre, lesquels sont autorisés par l'Union européenne depuis le 1er septembre 2018. Il est utilisé pour protéger les cultures des insectes ravageurs.

Voir aussi

Enquête : quelles peuvent être les conséquences du retour des néonicotinoïdes ?

L'imidaclopride affecte le système nerveux des insectes en agissant sur les récepteurs nicotiniques de l'acétylcholine (nACHrs). Une étude parue dans PNAS a souligné l'activité de cet insecticide à très faible dose au niveau cellulaire et ses conséquences sur des Drosophila melanogaster au stade larvaire et adulte.

Les résultats d'un électrorétinogramme réalisé sur des drosophiles adultes en présence d'imidaclopride. À partir de 10 jours, l'amplitude du signal diminue en présence de l'insecticide. © Felipe Martelli et al., <em>PNAS </em>
Les résultats d'un électrorétinogramme réalisé sur des drosophiles adultes en présence d'imidaclopride. À partir de 10 jours, l'amplitude du signal diminue en présence de l'insecticide. © Felipe Martelli et al., PNAS

Des effets neurologiques et métaboliques

L'imidaclopride cible donc les récepteurs nicotiniques et provoque un afflux d'ions calcium, sodium ou potassium dans la cellule nerveuse. Cette arrivée massive d'ions active plusieurs mécanismes cellulaires qui augmentent la quantité de ROS (reactive oxygen species), des petites molécules à l'origine du stress oxydatif cytotoxique.

Les scientifiques ont testé l'effet d'une dose faible de 2,5 ppm pendant plusieurs heures sur des larves de drosophiles. Après une heure d'exposition, le taux de ROS augmente dans le cerveau des larves. Au bout de deux heures, les ROS affectent l'intestin moyen. 

Les mitochondries sont aussi affectées. L'aconitase, une enzyme du cycle de Krebs -- un cycle de réaction biochimique qui conduit à la formation d'énergie sous forme d'ATP et de GTP -- perd 30 % de son activité en présence de l’insecticide. La quantité d'ATP disponible à la fin du cycle diminue alors de 20 %.

Chez les drosophiles adultes, l'exposition à 4 ppm d'imidaclopride pendant une durée comprise entre 20 et 25 jours a des effets neurodégénératifs. Grâce à des électrorétinogrammes, les scientifiques ont observé que les mouches devenaient peu à peu aveugles. Après 28 jours d'exposition à l’insecticide, 68 % des individus testés (seulement 5 mouches) ne parvenaient pas à grimper le long d'une fiole transparente. Souvent, l'incapacité des insectes à escalader une paroi est signe d'un trouble neurologique pour les scientifiques.

Évidemment, l'imidaclopride est conçu pour tuer les insectes ravageurs donc tous ces effets néfastes étaient attendus. Malgré tout, les scientifiques soulignent que ces derniers apparaissent à des doses très en-deçà de celles utilisées en agriculture. Des insectes non ravageurs peuvent alors en subir les conséquences, comme les abeilles qui sont très sensibles aux néonicotinoïdes. C'est pour cela que l'usage de ce néonicotinoïde n'est autorisé par l'Union européenne que dans certaines conditions très précises qui limitent leur impact délétère sur les abeilles