Mettre la science à la portée de tous n’est pas toujours facile. Mais avec l’aide de quelques belles images, c’est parfois un peu plus simple. C’est en tout cas la conviction de la Royal Society et l’objectif affiché par son concours photo, qui récompense, cette année encore, quelques clichés à couper le souffle.

La Royal Society a été créée à Londres (Royaume-Uni) en 1660. Elle est l'équivalent de l'Académie des sciences en France. Parmi les objectifs qu'elle s'est fixés : promouvoir la beauté de la science et la communiquer au mieux au grand public. L'un des outils qu'elle emploie pour y parvenir est un concours photo lancé il y a deux ans. Pour cette édition 2017, plus de 1 .100 clichés étaient présentés dans 5 catégories. Voici les grands vainqueurs...

L'Antarctique comme vous ne l'avez jamais vu

Cette année, le grand gagnant du concours est Peter Convey, un écologiste travaillant notamment pour le British Antarctic Survey. Son cliché -- primé par ailleurs dans la catégorie « Science de la Terre et climatologie » -- date du début de l'année 1995 et a été pris au-dessus du sud de la péninsule antarctique. Il montre, grâce à l'avion qui survole le paysage, l'ampleur des crevasses bidirectionnelles pouvant se former dans la glace.

Photo intitulée <em>Icy Sugar Cubes</em> montrant l'ampleur des crevasses qui peuvent se former dans la glace, en Antarctique. © Peter Convey, <em>British Antarctic Survey</em>

Photo intitulée Icy Sugar Cubes montrant l'ampleur des crevasses qui peuvent se former dans la glace, en Antarctique. © Peter Convey, British Antarctic Survey

Ours polaire près du Groenland

Dans la catégorie « Comportement », c'est Antonia Doncila, professeur à l'université d'Édimbourg (Écosse), qui remporte le premier prix.

« L'océan Arctique se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète. Dans le détroit de Fram, près de la côte est du Groenland, la glace est parsemée et nous avons pu observer des ours qui nageaient désespérément dans l'océan à la recherche d'un bloc de glace pour se reposer dessus. Celui que nous avons photographié a eu plus de chance que d'autres. Son regard plongé dans l'eau nous laisse pensifs quant aux impacts de notre société sur l'environnement », raconte-t-elle.

Photo intitulée <em>Respiro, </em>prise dans le détroit de Fram, près de la côte est du Groenland. © Antonia Doncila, université d’Édimbourg

Photo intitulée Respiro, prise dans le détroit de Fram, près de la côte est du Groenland. © Antonia Doncila, université d’Édimbourg

Colonne lumineuse sous la Lune

Sur la photo gagnante de la catégorie « Astronomie », on découvre, grâce à Daniel Michalik, un jeune astrophysicien allemand, un phénomène optique assez rare généré ici par des cristaux de glace suspendus dans les airs : une colonne lumineuse (également appelée pilier de lumière) sous la Lune. Ce phénomène est favorisé par l'atmosphère froide et sèche qui règne au pôle Sud géographique. Sa beauté étrange est amplifiée par son reflet sur le plateau antarctique gelé.

Photo intitulée <em>Lunar Spotlight</em> montrant un phénomène optique assez rare, une colonne lumineuse, au pôle Sud<em>.</em> © Daniel Michalik

Photo intitulée Lunar Spotlight montrant un phénomène optique assez rare, une colonne lumineuse, au pôle Sud. © Daniel Michalik

Des orques surprennent des manchots empereurs sur l'île Marion

La photo gagnante de la catégorie « Écologie et sciences de l'environnement » montre une scène immortalisée par Nico de Bruyn, professeur en zoologie à l'université de Pretoria (Afrique du Sud). Des orques pénètrent dans une petite baie de l'île Marion, une île subantarctique, et surprennent un groupe de manchots empereurs en plein bain. Leurs compagnons, sur la berge, sont saisis par ce soudain danger.

Photo intitulée <em>Waiting in the Shallows</em> montrant des orques surprenant des manchots empereurs, sur une île subantarctique. © Nico de Bruyn, université de Pretoria

Photo intitulée Waiting in the Shallows montrant des orques surprenant des manchots empereurs, sur une île subantarctique. © Nico de Bruyn, université de Pretoria

Gouttes d'huile d'olive suspendues à un fil

Dans la catégorie « Microphotographie », c'est une photo d'Hervé Elletro, un étudiant de l'université Pierre-et-Marie-Curie (Paris), qui remporte le premier prix. Celle-ci montre des gouttelettes d'huile d’olive suspendues à un fil.

Cette photo a été prise dans le cadre d'une étude menée sur les gouttelettes de colle produites par l'araignée Nephila Madagascariensis pour piéger ses proies et, par la même occasion, renforcer la toile contre les agressions des éléments naturels.

Microphotographie intitulée <em>Olive oil drop famil</em>y montrant des gouttelettes d'huile d'olive suspendues à un fil. © Hervé Elletro, université Pierre-et-Marie-Curie

Microphotographie intitulée Olive oil drop family montrant des gouttelettes d'huile d'olive suspendues à un fil. © Hervé Elletro, université Pierre-et-Marie-Curie

Une coulée de lave fascinante, à Hawaï

Une mention honorable est décernée, dans la catégorie « Science de la Terre et climatologie », à cette photo saisissante d'une coulée de lave sur les flancs du Kilauea, un volcan en activité situé à Hawaï ; c'est l'un des plus grands volcans du monde. Pour immortaliser l'instant, Sabrina Koehler a emprunté un bateau, seule façon de s'en approcher autant. « C'était magnifique », se souvient-elle. Face à ce cliché, nous aurions bien de la peine à la contredire...

Photo intitulée <em>Pele's fire</em> qui montre une coulée de lave sur les flancs du volcan Kilauea, à Hawaï. © Sabrina Koehler, université de Hawaï

Photo intitulée Pele's fire qui montre une coulée de lave sur les flancs du volcan Kilauea, à Hawaï. © Sabrina Koehler, université de Hawaï

Acarien pris dans une toile d'araignée

Enfin, cette photo d'un acarien pris dans une toile d'araignée s'est vue attribuer une mention honorable. 

Photo d’un acarien pris dans une toile d’araignée intitulée<em>Acari trapped in spiderweb.</em> © Bernardo Segura, université du Chili

Photo d’un acarien pris dans une toile d’araignée intitulée Acari trapped in spiderweb. © Bernardo Segura, université du Chili

Toutes ces superbes photos, et plus encore, sont à retrouver sur le site de la Royal Society.


Les plus belles images de science de 2016

Voici notre sélection d'images les plus étonnantes qui ont marqué l'actualité scientifique de 2016. Des images qui interrogent le passé, regardent l'avenir et témoignent de notre exploration du monde.

Article de Xavier Demeersman, paru le 31/12/2016

Le livre de 2016 se referme, rempli de nombreuses découvertes dans tous les domaines scientifiques, que ce soit au plus profond de l'univers ou dans les entrailles de la Terre. Notre espèce déchiffre le monde à la rencontre de son passé, et aussi de celui de sa planète, du Système solaire, etc.

Elle fait la connaissance des autres espèces qui peuplent cette biosphère fragile. Chaque année, il y en a de nouvelles qui sont identifiées et chaque année, malheureusement, la situation s'aggrave pour plusieurs d'entre elles (de toutes les tailles, emblématiques ou non), menacées d'extinction...

Voici 10 images scientifiques qui ont marqué l'actualité de l'année écoulée ou qui, par leur beauté, nous racontent des histoires que l'on n'a pas l'habitude d'entendre.

Proxima b, l’exoplanète la plus proche du Soleil

Impossible de ne pas mentionner Proxima b, l'exoplanète la plus proche de notre Système solaire. Sa découverte a été annoncée cet été. Un peu plus grosse que la Terre, elle gravite autour de l'étoile voisine Proxima du Centaure (la plus petite des trois qui composent le système triple Alpha du Centaure), à seulement 4,2 années-lumière. Cerise sur le gâteau, elle se situe dans la zone habitable de son soleil, une naine rouge. La réalité rejoint la fiction.

Illustration de la surface de Proxima b, planète rocheuse orbitant autour de Proxima du Centaure. © ESO

Illustration de la surface de Proxima b, planète rocheuse orbitant autour de Proxima du Centaure. © ESO

Une étonnante momie tatouée, en Égypte

Une momie de femme datant de 1300 à 1070 avant J.-C., retrouvée dans le village de Deir el-Médineh, en Égypte, a été présentée en avril lors du colloque de l'American Association of Physical Anthropologists avec de remarquables tatouages sur le corps. Sur les 23 examinés, aucun n'est géométrique. Parmi ces dessins, les chercheurs ont vu des babouins assis ou ce qui doit être des signes de protection. Pour eux, la tatouée était probablement une religieuse.

Vingt-trois tatouages ont été examinés sur cette momie découverte en 2014 et à laquelle il manquait les jambes. © Anne Austin

Vingt-trois tatouages ont été examinés sur cette momie découverte en 2014 et à laquelle il manquait les jambes. © Anne Austin

Le solenodon et son ADN fossilisé

Il est adorable n'est-ce pas ? Ce petit solenodon est un proche cousin d'un grand prédateur d'insectes des Caraïbes, du genre Nesophontes (« meurtrier de l'île »), disparu il y a cinq siècles. En étudiant son ADN fossilisé, les scientifiques ont pu remonter le fil de son évolution jusqu'à 70 millions d'années.

Un cousin du « meurtrier de l’île », <em>Nesophontes</em>, grand mangeur d’insectes. Une espèce de mammifères des Caraïbes, éteinte parmi des dizaines d’autres. © Natural History Museum (Londres)

Un cousin du « meurtrier de l’île », Nesophontes, grand mangeur d’insectes. Une espèce de mammifères des Caraïbes, éteinte parmi des dizaines d’autres. © Natural History Museum (Londres)

La magnifique danse nuptiale de l’araignée-paon

Sept nouvelles espèces de la petite araignée-paon se sont ajoutées à celles découvertes en Australie en 2015. D'une très grande beauté, la parade nuptiale des mâles Maratus, dans leurs habits de couleurs est impressionnante à regarder (à voir et revoir ici).

Portrait de <em>Maratus vultus</em>, découverte en Australie occidentale. © Jürgen Otto

Portrait de Maratus vultus, découverte en Australie occidentale. © Jürgen Otto

Une oreille humaine imprimée en 3D

Présentée en février 2016, cette oreille imprimée en 3D se distingue des précédentes tentatives réalisées avec des cellules vivantes. Les innovations du système Itop (Integrated Tissue-Organ Printer) permettent désormais d'imprimer des parties du corps à taille réelle et sans que les cellules ne périssent par manque d'oxygène comme auparavant. Après des essais concluants sur des rats et des souris, les chercheurs attendent l'aval de la Food and Drug Administration pour des implants humains.

À base d’hydrogel gluant compatible avec des cellules vivantes et intégrant des petits canaux, cette oreille imprimée en 3D pourrait se greffer au corps humain. © <em>Wake Forest Institute for Regenerative Medicine</em>

À base d’hydrogel gluant compatible avec des cellules vivantes et intégrant des petits canaux, cette oreille imprimée en 3D pourrait se greffer au corps humain. © Wake Forest Institute for Regenerative Medicine

Des ondes gravitationnelles nées de la fusion de deux trous noirs

La première observation d’ondes gravitationnelles a été annoncée le 11 février. Deux trous noirs stellaires ont fusionné, faisant vibrer l'espace-temps, une vibration suffisamment forte pour être mesurée par les interféromètres de l'observatoire Ligo, en septembre 2015. Un effet prédit par Einstein, un siècle auparavant.

Une <a href="//www.futura-sciences.com/sciences/actualites/ondes-gravitationnelles-ondes-gravitationnelles-deuxieme-detection-fusion-trous-noirs-63170/" title="Ondes gravitationnelles : deuxième détection d&#039;une fusion de trous noirs !">deuxième détection d’ondes gravitationnelles</a> a été annoncée en juin 2016. Il s’agissait aussi de la fusion de deux trous noirs. © S. Ossokine, A. Buonanno, MPI for gravitational physics, SXS ­project, D. Steinhauser

Une deuxième détection d’ondes gravitationnelles a été annoncée en juin 2016. Il s’agissait aussi de la fusion de deux trous noirs. © S. Ossokine, A. Buonanno, MPI for gravitational physics, SXS ­project, D. Steinhauser

Le magnifique tarse d’un coléoptère plongeur

Cette magnifique composition, véritable œuvre d'art, est un tarse (partie en bas de la jambe d'un insecte) d'un diptyque bordé (Acilius sulcatus) mâle, coléoptère plongeur vivant dans nos régions, ici agrandi 100 fois et photographié au microscope confocal par Igor Siwanowicz.

Les ventouses qui ornent les pattes antérieures de ce scarabée plongeur apparaissent nettement sur cette photo. © Igor Siwanowicz, Howard Hughes Medical Institute

Les ventouses qui ornent les pattes antérieures de ce scarabée plongeur apparaissent nettement sur cette photo. © Igor Siwanowicz, Howard Hughes Medical Institute

Un jeune orang-outan faisant ses courses dans un arbre

Cette très belle photo d'un mâle orang-outan (« jardinier de la forêt ») escaladant un arbre dans la forêt de Bornéo a reçu le Grand prix du jury du prestigieux concours annuel Wildlife Photographer of the Year (voir tous les prix ici). Lewis Blackwell, président du jury, a commenté ce choix : « Une histoire vitale est capturée en une photo remarquable avec cet orang-outan qui grimpe à un arbre émergeant dans son habitat en diminution constante. L'histoire est bien connue, mais nous avons besoin de photographies exceptionnelles comme celles-là pour nous le rappeler de nouveau. Cela touche nos cœurs et nos esprits et peut aider pour mener des actions de soutien afin d'arrêter la destruction ».

Dans la forêt de Bornéo, qui se réduit comme peau de chagrin au profit de l’industrie de l’huile de palme, un jeune mâle orang-outan vient faire ses courses. © Tim Laman, 2016 Wildlife Photographer of the Year

Dans la forêt de Bornéo, qui se réduit comme peau de chagrin au profit de l’industrie de l’huile de palme, un jeune mâle orang-outan vient faire ses courses. © Tim Laman, 2016 Wildlife Photographer of the Year

Décollage du lanceur Soyouz, avec à son bord Thomas Pesquet

Peggy Whitson, Oleg Novitskiy et Thomas Pesquet étaient à bord du lanceur Soyouz, photographié ici à son décollage en exposition longue, le 17 novembre, au cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan. Leur destination : la Station spatiale internationale. Tous trois vont séjourner dans l'espace jusqu'au printemps. Tous les jours, en plus des nombreuses tâches scientifiques qu'il doit accomplir, le Français de la mission Proxima nous envoie des photos magnifiques de notre planète.

Cette colonne de feu est la trace photographiée du décollage du lanceur Soyouz. À son bord, trois voyageurs en route vers l'ISS. © Zuma Press, eyevine

Cette colonne de feu est la trace photographiée du décollage du lanceur Soyouz. À son bord, trois voyageurs en route vers l'ISS. © Zuma Press, eyevine

Une nouvelle espèce de méduses

Sur Terre, il existe encore de nombreux endroits inexplorés, peuplés de créatures étranges jamais rencontrées auparavant, comme cette méduse émettant de la lumière. Cette espèce inconnue d'hydroméduse a croisé le chemin du ROV Deep Discover, à 3.700 m de profondeur dans la fosse des Mariannes (voir la vidéo ici).

Une hydroméduse d’une espèce inconnue croisée au fond de l’océan Pacifique. © NOAA Office of Ocean Exploration and Research, 2016 Deepwater Exploration of the Marianas

Une hydroméduse d’une espèce inconnue croisée au fond de l’océan Pacifique. © NOAA Office of Ocean Exploration and Research, 2016 Deepwater Exploration of the Marianas

Autre vedette des abysses cette année : la seiche des abysses qui ressemble à un Pokémon. Il y a aussi Casper, le poulpe fantôme. Malheureusement, on a appris récemment qu'il était menacé par les prospections minières, à la recherche de métaux rares, qui détruisent ses sites de ponte.