Le Royaume-Uni serait l’un des pays les plus dépourvus de nature sauvage au monde. Le maire de Londres vient tout juste d’annoncer qu’un couple de castors sera bientôt réintroduit dans l’ouest de la ville. Mais quelles sont les chances de succès de ce genre d’opérations de rewilding ? Des chercheurs nous apportent quelques réponses.
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Le rewilding. Ça vous dit quelque chose ? En français, on parle plutôt de « réensauvagementréensauvagement ». Une approche de conservation qui consiste à laisser la nature prendre soin d'elle-même. Enfin, presque. Parce que le point de départpoint de départ, c'est quand même une intervention humaine. L'idée : ramener des animaux sauvages dans les régions d'où ils ont disparu -- ou dans celles où ils sont en difficulté, pour qu'à leur rythme, ils permettent aux processus naturels de reprendre le dessus. Et de refaire des habitats perdus, des zones riches en biodiversité. Des animaux sauvages ? Oui, des grands carnivores, en premier lieu parce qu'ils jouent un rôle crucial dans les écosystèmes mais que leur nombre, dans la nature, a chuté, ces dernières décennies.
Différentes opérations de rewilding ont été menées depuis quelques années. Sans pour autant que leur efficacité soit réellement validée. Alors des chercheurs de l’université d’Oxford (Royaume-Uni) ont décidé d'enquêter. Ils ont analysé près de 300 initiatives de réensauvagement entreprises entre 2007 et 2021. Dans 22 pays, répartis sur 5 continents et impliquant 18 espèces de carnivores. Des ours, des hyènes, de grands félins ou des chienschiens sauvages, par exemple.
Globalement, les chercheurs rapportent que les deux tiers des opérations de rewilding -- du moins, la partie réintroduction d'animaux sauvages -- ont été couronnés de succès -- comprenez que les animaux en question ont survécu plus de 6 mois dans la nature. Toutefois, le taux de réussite varie beaucoup selon les espèces. Il est de 100 % pour les ocelotsocelots, mais d'à peine 50 % pour les guépardsguépards ou les loups.
Une réintroduction tout en douceur
Les chercheurs constatent surtout que les chances de succès d'une opération de rewilding sont multipliées par 2,5 lorsque les animaux sont acclimatés à leur nouvel environnement avant d'être complètement libérés. Ce que les scientifiques appellent, une réintroduction « douce ». Les jeunes animaux -- entre un et deux ans -- sont également plus susceptibles de s'adapter à une nouvelle vie sauvage. Les animaux nés en captivité, quant à eux, sont à la peine.
Alors que les habitats naturels sont de plus en plus modifiés par le dérèglement climatique et par les changements d'utilisation des sols et que la Décennie des Nations-Unies pour la restauration des écosystèmes vient de commencer, ces travaux semblent tomber à pic. Ils montrent que le rewilding est possible, mais qu'il reste confronté à des défis. Comme celui posé par le faible taux d'accouplementaccouplement des animaux réintroduits. Ou encore, celui très humain des idées fausses que nous nous faisons sur les grands carnivores et le partage de nos paysages avec eux.
« Au cours des 15 dernières années, nous avons mieux réussi à transférer et à réintroduire de grands carnivores. De quoi être optimistes quant à l'avenir de la reconstruction des écosystèmes endommagés, mais nous devons nous rappeler qu'il est toujours plus important de protéger les populations là où elles se trouvent actuellement avant de les perdre. Le rewilding est utile, mais il ne doit pas être considéré comme un remplacement pour une action de conservation immédiate », conclut Seth Thomas, auteur principal de l'étude, dans un communiqué de l’université d’Oxford.