Ne nous laissons pas bercer d’illusions : le plastique est le matériau le moins recyclable et le plus problématique. Pire, les filières que l’on nous présente comme du recyclage ne font qu’entretenir la consommation de matières plastiques. On en parle dans le nouveau numéro des Cahiers de Futura. La solution ? D’abord et toujours : la prévention des déchets, en réduisant notre utilisation de plastique. Il est grand temps d’agir, même si cela doit bouleverser des filières industrielles. Pour la santé des générations futures et notre environnement à tous.
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C’est l’histoire d’un matériau formidable, inventé il y a à peine plus d’un siècle. En 1963, les professeurs Karl Ziegler (institut de Max-Planck, à Mulheim-sur-Ruhr) et Giulio Natta (institut de technologie de Milan) reçoivent le prix Nobel de chimie pour leurs travaux sur la chimie des plastiques – plus précisément, pour avoir découvert une façon économique de produire le plastique de nos emballages actuels. Naît alors le fantasme d’un matériau magique. Rapidement, il devient indispensable. C’est aujourd’hui le troisième matériau le plus fabriqué au monde, après le ciment et l’acier.
Ce que l’on n’avait pas prévu, c’est que ce matériau pollue à ce point. D’autant plus que sa production a explosé, notamment quand le secteur de l’emballage s’en est emparé, souvent pour
des usages éphémères. Résultat : 81 % des plastiques mis en circulation deviennent des déchets au bout d’une année, finissant en décharge, incinérés ou dans la nature.
Toutes applications confondues, la production de plastiques a plus que doublé en 20 ans d’après l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE): elle atteint aujourd’hui près d’un demi-milliard de tonnes par an.
Autre chiffre alarmant : selon l’OCDE, les déchets plastiques présents dans les milieux aquatiques devraient tripler d’ici à 2060. « Les impacts environnementaux et sanitaires de la pollution plastique devraient s’aggraver considérablement », préviennent Angèle Préville et Philippe Bolo, parlementaires, rédacteurs de rapports très instructifs sur la pollution plastique et sur le recyclage des plastiques.
« Les plastiques se dégradent dès leur production et tout au long de leur vie en se fragmentant en micro et nanoplastiques (des particules de respectivement moins de 5 millimètres et un micromètre) qui absorbent quantité de polluants sur leur passage avant de s’accumuler pour des siècles dans les sols, les océans, l’air qu’on respire et jusque dans les organismes vivants », alerte depuis des années Nathalie Gontard, experte en sciences des emballages à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Pionnière de l’emballage alimentaire écologique et spécialiste du recyclage des plastiques, elle est pragmatique sur la portée de ces technologies mais milite pour que, dans chaque secteur, on se passe de tous les plastiques dont l’usage est inutile, comme certains emballages ou textiles bien sûr, mais aussi certains matériaux d’isolation des bâtiments. Si elle s’élève contre le discours trompeur du TOUT-RECYCLAGE, elle a aussi beaucoup contribué à l’autorisation en Europe du recyclage des bouteilles d’eau en PET (polyéthylène téréphtalate) sous forme de nouvelles bouteilles, initialement votée en 2008.
« C’est l’exception, rappelle la chercheuse. Le PET des bouteilles est le seul plastique qui peut être recyclé pour fabriquer une nouvelle bouteille à l’identique (en boucle fermée, ndlr).
Ce qui signifie que l’on peut recycler au grand maximum 2 % de la consommation mondiale de plastique ! » En réalité, ...
Cet article est issu des Cahiers de Futura - n°2 - « Le grand mirage du recyclage ». La nouvelle version du Mag Futura 100% numérique. Débloquez l'accès complet à cette enquête passionnante réalisée par Isabelle Bellin en achetant ce numéro ou en vous abonnant aux Cahiers de Futura. Pour seulement 25 euros par an, recevez 4 numéros des Cahiers de Futura directement dans votre boîte mail.
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