Contrairement à ce que les météorologues et climatologues pensaient jusqu'à maintenant, une étude de l'American Meteorological Society explique que les supercellules seront à la fois plus nombreuses et plus violentes ces prochaines années en raison du réchauffement climatique.
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Les supercellules sont la catégorie d'orages la plus puissante au monde. Ces orages extrêmement violents sont capables de se réalimenter pendant plusieurs heures, générant des phénomènes destructeurs : grêle géante, rafales de vent à plus de 120 km/h, précipitations diluviennes, et tornades meurtrières. La plupart des tornades se forment en effet sous les supercellules : aux États-Unis, un orage sur cent en moyenne est une supercellule, et une supercellule sur six en moyenne produit une tornade. D'où l'intérêt de tenter de comprendre comment le réchauffement climatique peut affecter le phénomène. En France, il se produit en moyenne une centaine de supercellules par an, la majorité au printemps et à l'été.
Le réchauffement va impacter la rotation des orages
La Société météorologique américaine (AMSAMS) a donc publié une étude intitulée Le futur des supercellules aux États-Unis : les grands constructeurs, compagnies d'assurances, et décideurs ont besoin d'avoir une idée de l'évolution de ce phénomène qui coûte chaque année des milliards de dollars au pays, et surtout, qui est responsable de plusieurs centaines de décès tous les ans. Les chercheurs ont utilisé des modèles de simulations climatiques à haute résolutionrésolution pour déterminer les changements possibles dans l'intensité et la répartition des supercellules américaines.
Ils ont ainsi pu comparer les caractéristiques des supercellules de la fin du XXe siècle à celles envisagées pour les supercellules de la fin du XXIe siècle. Ils se sont basés sur deux scénarios différents en ce qui concerne le réchauffement climatique : un scénario pessimiste avec des émissionsémissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre toujours élevées et un réchauffement planétaire qui s'accentue fortement ; et un scénario intermédiaire avec des émissions en légère baisse et un réchauffement qui progresse, mais de manière plus modérée. Aucun scénario optimiste n'a été utilisé car un effondrementeffondrement des émissions de gaz à effet de serre n'est même plus jugé possible. Un algorithme a ensuite analysé la formation et les caractéristiques des supercellules dans chacun des deux scénarios et leurs simulations climatiquessimulations climatiques associées.
C'est l'hélicité de l'atmosphèreatmosphère à proximité de la supercellule qui a été jugée déterminante, soit la rotation de l'airair. Or, cette hélicité est accentuée par un fort contrastecontraste de températures, et ce contraste est plus grand si la chaleurchaleur est plus élevée. Dans les bas niveaux de l'atmosphère, cette rotation peut largement décupler la puissance d'un orage. Les supercellules les plus violentes sont justement marquées par un mouvementmouvement de rotation important, visible à l'œilœil nu : une partie du nuagenuage d'orage tourne sur lui-même.
Des supercellules plus puissantes sur des zones de plus en plus habitées
Les résultats de l'étude donnent une nouvelle perspective sur l'évolution envisagée des orages violents : jusqu'à maintenant, les météorologuesmétéorologues s'accordaient tous sur le fait qu'aucun lien n'était encore été prouvé entre l'intensité des orages et le réchauffement climatique. Avec leur simulation, les scientifiques de la Société météorologique américaine estiment que les supercellules seront plus fréquentes et plus intenses d'ici la fin du siècle. Leur répartition géographique ne sera plus la même aux États-Unis : elles seront bien plus nombreuses à l'est du pays, et bien moins nombreuses dans les grandes plaines centrales. Une évolution déjà constatée depuis une trentaine d'années : les orages violents et tornades sont en régression dans la célèbre Tornado Alley (l'allée des tornades) et en augmentation dans la Dixie Alley (au sud-est du pays).
Autre confirmation modélisée par les simulations climatiques : les orages les plus violents ne se produiront plus seulement lors de la « saisonsaison des orages » (de février à juin), mais tout au long de l'année, une tendance déjà visible depuis quelques années. La plus forte augmentation se produira à la fin de l'hiverhiver et au début du printemps, que ce soit avec un scénario climatique modéré ou pessimiste. Cette conclusion rejoint déjà ce qui a été constaté récemment, et notamment en 2023, avec les tornades destructrices du Mississippi, de l'Arkansas et de l'Iowa en mars dernier. Le risque de tornades devrait par contre chuter au cours de l'été et de l'automneautomne ces prochaines années.
La conclusion de l'étude est très pessimiste sur l'évolution des phénomènes météométéo violents, ainsi que sur leur impact. Le fort potentiel pour des tornades importantes, de la grêle et des précipitations extrêmes, combiné à une urbanisation galopante dans les États américains à risque, produira certainement des conséquences désastreuses.