La sécheresse hivernale a atteint un nouveau palier aujourd'hui : ce mercredi 22 février marque le 32e jour consécutif sans pluies significatives en France, du jamais-vu depuis le début des relevés. En cause, des conditions anticycloniques interminables qui rappellent beaucoup la situation déjà historique de 2022.
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Après avoir battu le record de la plus longue période sans pluie au cours d'un hiver, un nouveau record vient d'être battu : celui de la plus longue période sans véritables pluies tous mois confondus, depuis 1959, début des relevés de Météo France. Les précipitations ont en effet été inférieures à 1 millimètre sur le pays entre le 21 janvier et le 21 février, soit 32 jours. Cette période dépasse celle survenue au printemps 2020, pendant le 1er confinement lié à la Covid-19Covid-19, du 17 mars au 16 avril 2020 (31 jours).
L'anticyclone des Açores semble avoir déménagé en France
Février est le 16e mois déficitaire en pluie depuis août 2021, à l'exception de 3 mois : décembre 2021, juin et septembre 2022. L'année 2023 s'inscrit pour le moment dans la même tendance météométéo que 2022, c'est-à-dire avec une récurrence inhabituelle de périodes anticycloniques.
Des anticyclones plus fréquents, et plus intenses, une conséquence très probable du réchauffement climatique selon de récentes études. Ces dômes de hautes pressionspressions font barrière aux perturbations chargées de pluies, qui sont donc repoussées vers le nord de l'Europe. Sur la moitié sud du pays, l'ensoleillement de février est pour le moment excédentaire de 40 à 80 %, avec un assèchement très important sur l'Aude, le Roussillon et les Pyrénées-Orientales. Mais, contrairement à ce que beaucoup croient, la douceur n'a pas joué un grand rôle dans l'aggravation de la sécheresse.
D'ici là, la longue série sans précipitations se termine ce mercredi avec l'arrivée d'une perturbation, accompagnée de pluie en plaine au sud et de neige en montagne. Ces précipitations restent tout de même très limitées et n'auront pas un grand impact sur les sols et les stocks d'eau. Le mois de février 2023 devrait se terminer avec un déficit pluviométrique de plus de -50 %, et sera peut-être le mois de février le plus sec jamais enregistré, ou l'un des plus secs.
Avoir un printemps pluvieux est le dernier espoir avant l'été
L'état de sécheresse des sols est digne de fin avril, il présente donc deux mois d'avance. Or, la période de recharge en eau la plus importante de l'année est celle de septembre à mars : c'est elle qui fournit l'essentiel de l'eau que nous utiliserons au cours de l'été prochain. Le problème dépasse la simple situation de cette année 2023 : la sécheresse de 2022 avait été tellement grave qu'elle nécessitait absolument un « hiver anormalement pluvieux », comme nous le confiait Météo France au cours de l'automne dernier.
Côté montagne, après les chutes de neige abondantes de janvier, l'enneigement est à nouveau déficitaire sur les Alpes du Nord et du Sud, les Pyrénées, ainsi que sur la Corse. La fontefonte de cette neige au printemps est importante pour ensuite alimenter les rivières et lacs. Cependant, la situation peut encore basculer au printemps : Météo France précise qu'aucune tendance météo fiable ne se dégage à partir de mars. Un printemps fortement pluvieux permettrait de nettement améliorer la situation, en espérant que le scénario de l'année 2022 ne se répète pas.
Sécheresse hivernale : la pluie se fait attendre dans plusieurs régions de France
Avec le temps calme et sec qui s'installe durablement en France, la sécheresse va continuer à s'aggraver au moment où les pluies sont les plus nécessaires pour reconstituer les réserves avant le printemps.
Article de Karine DurandKarine Durand, publié le 7 février 2023
Les vacances scolaires de février s'annoncent superbes, mais ces conditions météo froides et ensoleillées entraînent également une aggravation de la sécheresse superficielle et profonde.
Les niveaux d'humidité sont nettement inférieurs à ceux de l'année dernière
En janvier, douzième mois consécutif au-dessus des moyennes de saisonsaison, « les précipitations ont été très hétérogènes, proches des normales ou excédentaires sur une grande partie de l'Hexagone et en Corse mais très déficitaires sur le Sud-Est » précise le dernier bilan climatique de Météo France. C'est encore une fois dans le sud-est du pays que la situation est la plus préoccupante : « Le déficit a généralement atteint 50 à 90 % du Roussillon à la vallée du Rhône et à la région Paca ainsi que sur l'est des Pyrénées ».
Aucun véritable épisode pluvieux généralisé n'a concerné la France depuis le 21 janvier : même dans les zones qui bénéficiaient d'un très bon niveau d'humidité des sols mi-janvier, comme la Bretagne, avec la persistance d'un temps calme et sec, ces régions vont atteindre des niveaux d'humidité inquiétants, parfois proches des records. En cause, la succession de périodes anticycloniques, avec de plus un ventvent d'est qui assèche les sols ces jours-ci.
Au niveau des nappes phréatiquesnappes phréatiques, plus en profondeur, le BRGM précise le 13 janvier dernier que « la recharge des nappes phréatiques reste peu intense. Plus des trois-quarts des nappes demeurent sous les normales mensuelles ». Les niveaux sont nettement inférieurs à ceux de l'année dernière à la même époque.
La situation n'est pas encore désespérée pour 2023
L'hiver est la période de l'année pendant laquelle les sols sont généralement les plus humides. Or, aucune véritable pluie n'est prévue ces 10 prochains jours, spécialement sur le sud du pays. Février s'annonce donc globalement anticyclonique.
Seul espoir, le printemps qui pourrait changer la donne, en particulier sur la moitié nord, mais avec des prévisions plus pessimistes concernant la moitié sud : comme le précise le BRGMBRGM, autour du Rhône, « la reconstitution des réserves en eau souterraine d'ici le printemps est difficilement envisageable, sauf pluviométrie très excédentaire sur les prochains mois ».
Partout en France, ce sont donc des pluies excédentaires qui sont nécessaires : en d'autres termes, un printemps et un été pluvieux, ce qui reste toujours possible, est clairement à souhaiter. Ces derniers jours, plusieurs incendies de végétation se sont déclarés dans les Bouches du Rhône et les Pyrénées Orientales. Même en plein hiver, la végétation a constitué un véritable combustiblecombustible. Pour d'autres activités, comme l'élevage, la repousse de l'herbe au début du printemps est indispensable pour permettre au bétail de retourner au pré. Météo France tient tout de même à le préciser, « la situation n'est pas désespérée ».
Côté précipitations, tout peut encore basculer d'ici l'été. Il faut juste espérer que la suite de 2023 ne suive pas le même scénario que celui de 2022, car dans ce cas, au vu de la sécheresse hivernale actuelle, les conséquences s'annonceraient encore plus graves.