2020 a été, à ce jour, la plus violente saison des ouragans, avec un nombre record de phénomènes cycloniques. 2024 s'annonce très active, mais va-t-elle dépasser le chiffre inégalé de 2020 ? La NOAA livre ses dernières prévisions, et elles sont extrêmement inquiétantes concernant la suite de la saison en cours.   


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    Après le passage de l'ouragan Beryl, l'ouragan de catégorie 5 le plus précoce survenu dans l'Atlantique Nord depuis le début des relevés météométéo, les spécialistes se préparent au pire. La saison cyclonique 2024 vient à peine de commencer et elle démarre déjà avec un phénomène exceptionnel. À ce jour, c'est la saison 2020 qui détient le record du nombre de phénomènes cycloniques avec 31 phénomènes, dont 14 ouragans, mais aucun de catégorie 5.

    La saison 2024 se démarque donc déjà de celle de 2020 qui, rappelons le, avait coûté la vie à plusieurs centaines de personnes et provoqué 43 milliards de dollars de dégâts. L'intensité des ouragans et leur nombre, sont en grande partie déterminée par la chaleurchaleur de l'eau. Or, les températures de l'eau sont records, atteignant un niveau hors norme, dans la zone de développement principal des ouragans : entre 26 et 32 °C, localement plus.

    L'eau est bien plus chaude en 2024 qu'en 2020, et La Niña n'est pas encore arrivée

    La NOAA a comparé le niveau des températures dans la zone de développement, entre fin juin 2024 et fin juin 2020. Et en regardant les cartes publiées, le constat est clair  : les températures de l'eau de 2020 étaient déjà élevées, mais tout de même plus basses que celles de 2024, autour des Caraïbes et dans le golfe du Mexique.

    L'association de ces températures de l'eau anormalement élevées en 2024, avec le retour très probable du phénomène climatique La Niña en fin d'été, risque de donner lieu à une saison cyclonique totalement inédite. Beryl, un ouragan aux caractéristiques sans précédent, s'est formé alors même que La NiñaLa Niña n'était pas encore en place. La fin de l'été et le début de l'automne seront donc une période à risque maximal, à un niveau jamais atteint auparavant, pour toutes les côtes concernées par le risque cyclonique.


    La saison des ouragans s'annonce sans précédent avec deux fois plus de phénomènes !

    Article de Karine DurandKarine Durand, écrit le 30 avril 2024

    La saison des ouragans 2024 dans l'Atlantique Nord s'annonce sans précédent. L'un des plus célèbres climatologuesclimatologues du monde, Michael Mann, annonce la possibilité de connaître jusqu'à 39 phénomènes cycloniques entre juin et novembre : c'est plus du double d'une année classique !

    La saison des ouragans débute à partir du 1er juin dans l'Atlantique Nord, et plusieurs universités américaines viennent de publier leurs pronosticspronostics. En dehors de quelques différences mineures, les différentes prévisions se rejoignent : la saison cyclonique 2024 sera explosive. Michael Mann, éminent climatologue en charge de l'étude des ouragans pour l'université de Pennsylvanie, estime que la saison à venir sera responsable du plus grand nombre de phénomènes cycloniques jamais connu dans l'océan Atlantique Nord ! Il annonce 27 à 39 phénomènes cycloniques entre juin et novembre, avec une moyenne de 33. Du jamais-vu depuis le début des prévisions ! C'est plus du double d'une année classique (14 à 15 en moyenne), et plus que le record de 2020 (30 phénomènes enregistrés).

    Au moins une trentaine de phénomènes dans tous les cas

    Ce nombre prévisionnel sans précédent est calculé à partir des différents paramètres présents dans l'atmosphère et les océans. Et cette année, deux paramètres vont à coup sûr mener à une saison cyclonique historique : la chaleur record de l'océan Atlantique qui persiste depuis un an et demi (voir carte des anomaliesanomalies de températures au 25 avril ci-dessous), et l'arrivée de la phase climatique La Niña à partir du mois de juin justement.

    Si El NiñoEl Niño diminue le risque de développement des ouragans, comme c'était le cas lors de la saison 2023, La Niña a l'effet inverse. Mais à partir de septembre, l'évolution de La Niña reste très incertaine, et si cette phase naturelle se mettait à faiblir, alors les prévisions cycloniques seraient revues à la baisse... mais pas de beaucoup, compte tenu de la chaleur hors norme de l'eau. Dans tous les cas, Michael Mann prévoit tout de même une trentaine de phénomènes. Rappelons que ce sont justement les prévisions de son équipe qui se sont révélées être les plus proches de la réalité en ce qui concerne la saison record de 2020.